Longtemps réfractaire à l’idée d’instaurer la vaccination obligatoire dans son pays, le Premier ministre belge Alexander De Croo a annoncé que la question "ne peut plus être évitée" et qu’il envisage même d’y avoir recours.
Il l’a annoncé dans une interview fleuve accordée au journal flamand De Zondag ce dimanche 26 décembre, jour même où de nouvelles restrictions ont été instaurées dans le pays.
Longtemps opposé à cette option, Alexander De Croo a indiqué qu’il était prêt à revoir sa position. Le Premier ministre pointe du doigt la responsabilité des non-vaccinés, bien plus nombreux dans les services de soins intensifs que les Belges vaccinés.
"L’objectif est clair : il faut vacciner tout le monde"
Au début du mois de septembre, le Premier ministre expliquait à nos confrères du journal le Soir que la vaccination obligatoire était selon lui impossible dans la pratique. "Comment vous allez faire dans la pratique ? Vous allez installer des points de contrôle dans la rue ? Et quoi, si les gens refusent de se vacciner, vous allez les mettre en taule ?", questionnait-il alors. Mi-novembre, il rappelait également devant les députés que convaincre étant quand même plus efficace qu’obliger.
Mais aujourd’hui, il l’assume : il a changé d’avis, et l’explique sans hésitation : "un groupe relativement petit (les personnes non-vaccinées, ndlr) a trop d’impact sur nos soins. Nous ne pouvons l’admettre, a-t-il expliqué dans l’interview accordée à De Zondag. En fait, c’est une leçon importante de cette crise : restez ouvert d’esprit et osez reconsidérer votre point de vue. Nous avons vraiment besoin de repenser tout notre raisonnement". Car il l’affirme : "il faut vacciner tout le monde".
Les non-vaccinés visés
À ce jour, 76,30% des Belges sont totalement vaccinés. Un taux un peu plus élevé qu’en France où 73% de la population a un schéma vaccinal complet. "Vous vous faites vacciner pour votre propre santé, mais aussi pour celle des autres, a rappelé Alexander De Croo. Je crois davantage en la persuasion qu’en l’obligation, mais quand on voit qu’il y a cinq fois plus de non vaccinés en réanimation, on ne peut plus éviter cette question".
Si la voie de la vaccination obligatoire peut aider, alors j’aimerais l’envisager.
Alexander De CrooPremier ministre belge
Avant d’ajouter : "si la voie de la vaccination obligatoire peut aider, alors j’aimerais l’envisager". La Chambre débattra de cette question à la mi-janvier, après que le commissaire à la lutte contre le coronavirus Pedro Facon ait remis son rapport sur la question au comité de concertation. En Europe, seule l’Autriche a pour l’heure instauré la vaccination obligatoire pour tous les habitants du pays compter du 1er février 2022.
Une annonce dans un contexte tendu
Le même comité de concertation qui, mercredi 22 décembre dernier, a décidé d’imposer de nouvelles restrictions pour tenter de contenir l’explosion du variant Omicron, alors que les contaminations sont en baisse depuis près d’un mois.
Le secteur de la culture a été particulièrement visé puisque cinémas, théâtres et salles de concert ont dû de nouveau baisser le rideau dimanche 26 décembre. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés à Bruxelles pour dénoncer ces décisions, tandis que le gouvernement avance la prudence à 15 jours de la rentrée scolaire.