Avec environ 16 000 contaminations par jour dans le Nord et 8 000 dans le Pas-de-Calais, l’épidémie flambe. Une déferlante qui force à la vigilance pour protéger les hôpitaux. Mais, selon l’épidémiologiste Philippe Amouyel, la vague Omicron pourrait marquer un tournant dans la pandémie.
La vague Omicron déferle dans le Nord de la France. Dans le Pas-de-Calais le nombre de contaminations par jour en moyenne avoisine les 8 000 cas : c’est deux fois plus qu’il y a 15 jours selon la caisse primaire d’assurance-maladie de l’Artois. Dans le Nord, depuis la semaine dernière, il tutoie les 16 000 par jour. Alors qu’ailleurs dans l’hexagone, comme à Paris ou en Corse, l’épidémie marque le pas.
"Jusqu’à présent, le Nord et le Pas-de-Calais étaient un peu en retard sur la moyenne nationale", explique Philippe Amouyel, épidémiologiste. Là, on vient de rattraper la moyenne pour le Pas-de-Calais. En revanche, on l’a dépassée avec le Nord. Le Nord et la communauté urbaine de Lille à comparer plutôt avec Paris pour la densité de population. On avait un retard et on l’a rattrapé, c’est la première hypothèse.
Deuxième hypothèse : est-ce que ce regain épidémique serait dû uniquement au variant omicron dans son format B-A-1 ou est-ce qu’on n'a pas encore détecté le B-A-2 (un variant d’Omicron détecté pour la première fois au Danemark et plus contagieux encore que son aîné) qui est en train de monter ? On peut légitimement se poser la question.
Certains épidémiologistes optimistes
Conséquence : les taux d’incidence s’envolent et battent des records : 3 851 pour le Pas-de-Calais, 4 313 pour le Nord. Les hôpitaux ne sont pas saturés, mais la vigilance est de mise.
"On reste à des seuils d’hospitalisation relativement bas", note Philippe Amouyel, "parce que la population est vaccinée et parce qu’Omicron semble moins grave que les autres variants connus jusqu’à présent. Mais il faut rester vigilant. Même moins grave, un nombre de cas si important pourrait numériquement, à un moment ou un autre, venir saturer nos services de réanimation".
L’épidémiologiste note cependant que la vaccination des moins de 11 ans ne décolle pas. Or, c’est dans cette population que le virus circule plus. Selon le rectorat de Lille, depuis vendredi 21 janvier, ce sont 26 385 cas positifs chez les élèves qui ont été décelés.
Pourtant, malgré cette flambée des cas, certains épidémiologistes restent optimistes et aperçoivent une sortie de crise. "On sent aujourd’hui que l’évolution de l’épidémie est en train de prendre un nouveau tournant", analyse Philippe Amouyel. "Pour freiner l’arrivée d’un virus, il faut qu’un maximum de personnes l’aient rencontré ou soient vaccinés. Ces espèces de couches immunitaires qui s’appliquent sur la population font que tout nouveau variant va devoir se confronter à cette immunité. Dans quelques mois, on peut espérer que le prochain variant intervienne à un niveau beaucoup plus bas. Comme on pourrait l’imaginer avec d’autres maladies comme les rhumes ou la grippe. Peut-être même se transformera-t-il, comme beaucoup de coronavirus, en un simple rhume".
Le gouvernement a annoncé un calendrier de levée des restrictions sanitaires : à partir du 2 février 2022, le masque ne sera plus obligatoire en extérieur, et les jauges instaurées dans certains lieux recevant du public, seront levées.