Alors que le Plan Eau du gouvernement se dessine, une communication grand public se prépare à l'Agence de l'Eau Artois - Picardie pour une utilisation "sobre" de cette ressource, "vitale" et "limitée". L'objectif, à terme, serait de réduire de 10% la consommation de l'eau en France. Comment ? Voici 5 pratiques faciles à mettre en place à destination des particuliers.
Le Plan Eau du gouvernement ébauché par le chef de l'Etat le 30 mars dernier doit encore être territorialisé, mais aujourd'hui on sait que quatre points déjà, dessinent les contours de ce Plan Eau : la sobriété (économie d'eau adaptée en fonction des territoires), l'optimisation (limiter les pertes réseaux, favoriser la recharges des nappes phréatiques, réutiliser les eaux usées), la restauration des éco-systèmes (faire en sorte que les territoires soient des éponges qui retiennent l'eau grâce à des sols agricoles vivants, ou dans les zones humides), le temps de crise (à anticiper avec les mesures des préfets).
Néanmoins, avant la territorialisation de ce Plan Eau et l'adaptation des mesures de sobriété à chaque bassin, selon Thierry Vatin, en France, "les objectifs de réduction de consommation d'eau devraient être de 10% à échelle de 4 ou 5 ans", pour les particuliers comme pour les industriels et les agriculteurs. Entretien.
Quelle est la situation en Hauts-de-France au niveau des nappes phréatiques ? Est-elle mauvaise, très mauvaise, comment la qualifiez-vous ?
Thierry Vatin : "La situation a été particulièrement dure en 2022 avec une sécheresse des sols, une canicule intense et des nappes phréatiques basses. Or, dans la période d'octobre 2022 à mars 2023, il n'y a eu que très peu de précipitations. Dans notre bassin les trois quarts des nappes sont en dessous du niveau de 2022. Si l'été 2023 est le même que l'été 2022, le mesures de restriction seront incontournables. Certes, il pleut actuellement, mais tout est pris par la végétation. Cela ne permet pas de recharger les nappes phréatiques qui représentent 95% des ressources en eau de la région. Nous ne sommes pas en montagne avec des glaciers, des barrages et de la neige. La situation est donc tendue".
Comment se répartit la consommation d'eau dans le bassin Artois-Picardie entre particuliers, industriels et agriculteurs ?
Thierry Vatin : "Sur les 530 millions de m3 d'eau disponibles par an (quantité consommée en 2022, dans le bassin Artois Picardie qui ne comporte pas des parts importantes de l'Aisne et l'Oise), 300 millions le sont par les particuliers (57%) ; 150 millions par les industriels (28%) et 80 millions par les agriculteurs (15%)".
Communiquez-vous également auprès des industriels et des agriculteurs pour réduire ces chiffres ?
Thierry Vatin : "Oui, c'est dans le coeur de nos missions, mais nous nous attaquons actuellement à la communication grand public dont les contours précis seront définis fin mai, début juin".
Que leur dîtes-vous ? Pourriez-vous nous donner 5 exemples pratiques à mettre en place chez soi ?
Thierry Vatin : "En moyenne, une personne consomme en Hauts-de-France 150 litres d'eau par jour. Une douche, c'est 80 litres, mais si vous la réduisez à moins de 4 minutes vous faîtes une économie de 30 ou 40 litres. L'utilisation de mousseurs installés à chaque robinet permet aussi sa consommation de 30% à 50%. Laver sa voiture sans eau, à la main, avec des produits 3 en 1, permet d'économiser 100 litres. Arroser le soir, avec de l'eau de pluie, son jardin. Enfin sélectionner la touche éco en permanence de son électroménager (lave-linge, lave-vaisselle ou WC). Avec ces 5 conseils, on économise sa consommation d'eau de 30%. L'objectif serait donc atteint, s'il est massivement partagé."
Si le coût de l'eau était majoré (comme le signale cet article de France Bleu Nord), les économies seraient davantage mises en place ?
Thierry Vatin : "Si le prix de l'eau était plus élevé, on gaspillerait moins, effectivement."