Depuis quelques années, les petits commerces de la ville de Douai mettent tour à tour la clé sous la porte. Un phénomène qui s'étend désormais dans toute la France. En cause : le prix des loyers, la vétusté des locaux, l'écrasante concurrence des zones commerciales et les changements des attentes des consommateurs. Aidée par l'État, la mairie de Douai s'investit pour redonner de l'attractivité au centre-ville.
Des pancartes "à louer", "à vendre" recouvrent les vitrines des magasins de la principale rue commerçante de Douai. Ces dernières années, de nombreux marchands ont baissé définitivement le rideau. Ces fermetures retentissent sur l'ambiance générale de la ville, "il y a beaucoup de boutiques vides, ça ne donne pas envie", réagit une habitante. Les commerçants doivent supporter un loyer élevé, pour des locaux qui ne sont pas toujours en bon état. "Les immeubles sont souvent gérés par des personnes qui ne connaissent pas la ville, des parisiens, ils affichent des prix de loyer totalement déconnectés de la vie d'ici", analyse l'une d'entre eux.
"Ce phénomène n'est pas propre à Douai, il s'observe dans les villes moyennes de toute la France"
Sylvie Debreyne, présidente de l'Union des commerçants et artisans douaisiens
Concurrence directe de la zone commerciale de Noyelles-Godault
En plus du montant élevé des loyers, les petits commerçants doivent faire face à la redoutable concurrence des zones commerciales, installées à proximité directe des villes. Sylvie Debreyne, présidente de l'Union des commerçants et artisans douaisiens, explique : "on est entouré d'un donut de zones commerciales qu'on a laissé s'implanter depuis 30 ans, et on se rend compte maintenant que ça a aspiré l'activité du centre-ville." La zone de Noyelles-Godault, à proximité directe de Douai, regroupe par exemple plus d'une centaine d'enseignes. Dans ces endroits faciles d'accès, les visiteurs rencontrent également moins de problèmes pour se garer qu'en centre-ville.
Et puis, les habitudes de consommation ont changé, les commerces indépendants ont du mal à s'affirmer face au commerce en ligne. Résultat, "une boutique sur deux ferme. À une époque, il fallait attendre son tour pour emprunter la rue de Bellain. Aujourd'hui, ça se bouscule beaucoup moins", résume un passant.
La ville passe à l'offensive
Le maire cherche tant bien que mal à redonner de l'attractivité au centre de Douai. La ville bénéficie du plan gouvernemental Action Coeur de ville, qui vise à redynamiser les centres des villes moyennes. "Ce phénomène n'est pas propre à Douai, il s'observe dans toute la France", observe Sylvie Debreyne. La mairie a déjà reçu par ce biais 40 millions d'euros depuis 2018, mais les transformations tardent à arriver. "Il faut le temps de la négociation avec le propriétaire, la vente ne se fait pas tout de suite. Il faut réussir à acheter et ensuite faire des études pour voir l'état des bâtiments et engager des travaux", indique Frédéric Chéreau, le maire de Douai. Douze commerces ont déjà été préemptés grâce à Action Coeur de Ville. À cette aide s'ajoute une enveloppe de la municipalité pour aider les petits commerçants, d'environ 15 000 € par an.
Les premiers résultats de cette politique commencent à arriver, un ancien supermarché à l'abandon depuis deux ans rouvrira ses portes pour devenir une ressourcerie.
Avec François Wasson et Frédérik Giltay / FTV