Verdict dans la journée pour Redoine Faïd, médiatique braqueur évadé de prison

La cour d'assises du Nord rend mardi son verdict concernant la spectaculaire évasion de la prison de Sequedin de Redoine Faïd, clôturant un procès de sept jours marqué
par le traumatisme des gardiens et le récit passionné du médiatique braqueur.

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Lundi, l'avocat général Eric Bedos a livré un réquisitoire sans concession, demandant de 12 à 14 ans de prison pour Faïd et de trois à sept années pour ses quatre présumés complices. Les jurés se sont retirés pour délibérer mardi, peu après 11h, à l'issue de la plaidoirie de l'avocat de Faïd, Me Christian Saint-Palais. Le verdict n'est pas attendu avant la fin d'après-midi, car pas moins de 103 questions sont soumises au jugement de la Cour.

"Je réitère mes regrets concernant toute cette histoire, surtout concernant le personnel pénitientiaire (traumatisé, ndlr). Si c'était à refaire, je ne le referais pas", a assuré l'accusé lors de sa dernière prise de parole, minerve au cou après un accident mineur ayant impliqué la veille son fourgon pénitentiaire. Le 13 avril 2013, Faïd s'était évadé en moins d'une demi-heure, prenant quatre surveillants en otages, utilisés ensuite comme boucliers humains, et faisant exploser cinq portes au plastic avant d'être récupéré en voiture par un complice.

L'avocat général a motivé lundi ses lourdes réquisitions par le caractère récidiviste du truand, qui avait déjà comparu pour trois prises d'otages lors de braquages, dont deux fois aux assises au début des années 2000. "Dans son récit, Redoine Faïd a dit "J'ai bréché la porte" avec un explosif, mais il a aussi ébréché des personnes, des surveillants qui disent aujourd'hui "On est toujours vivants, mais quelque chose s'est cassé"", a dénoncé l'avocat général, Éric Bedos.

"Garder raison"

Durant le procès, Redoine Faïd avait assumé son "appel de la liberté", tout en motivant son évasion par le désir de revoir son père mourant et le sentiment d'injustice de devoir être jugé pour un crime qu'il dit n'avoir pas commis. Il était détenu à Sequedin pour le meurtre de la policière Aurélie Fouquet en 2010 et, bien qu'acquitté pour ce chef d'accusation, sera condamné à 18 ans de réclusion en 2016 pour avoir préparé le funeste braquage.

A propos du traumatisme subi par les surveillants de Sequedin, Eric Bedos s'est emporté: "Essayez d'imaginer ce que ça peut être, le fracas de chacune des explosions, un coup de feu rapidement tiré au début de l'évasion dans une pièce fermée, d'être à genoux, les mains jointes, tenus par le col, de sentir l'arme à proximité!" L'avocat de Faïd a tenu à éclairer les raisons d'un renvoi aux assises, qui traduisent la nécessité pour les jurés de "garder raison" et de ne pas franchir la barre des 10 ans de prison comme les y enjoint l'avocat général : "Le crime n'est pas l'évasion elle-même, mais l'explosion des portes. Détruire une partie d'un établissement public est passible de 10 ans d'emprisonnement. La bande organisée fait passer l'encours à 20 ans puis, avec les précédentes prises d'otages (de la fin des années 90, ndlr), la notion de récidive le fait passer à la perpétuité".

Or, souligne-t-il, "aucun de ses coaccusés n'est poursuivi pour appartenir à la bande organisée de l'explosion des portes"; il n'existe aucune preuve matérielle que Faïd a fait entrer les explosifs dans une prison où les trafics sont monnaie courante; et Faïd "s'est préoccupé à chaque explosion des risques pour les surveillants" en les mettant à l'abri.

Enfin, l'avocat a fait valoir que l'évasion bien plus violente, en commando armé de kalachnikovs, d'Antonio Ferrara en 2003 de la prison de Fresnes, n'avait valu au truand que 12 ans de prison.
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