L'expert psychiatre intervenant devant les assises du Nord à Douai vendredi pour analyser la personnalité de Redoine Faïd, jugé pour son évasion spectaculaire de la prison de Sequedin en avril 2013, a qualifié le médiatique braqueur "d'histrion à la recherche de sensations fortes".
Entendu au cinquième jour de ce procès qui doit se terminer mercredi, cet expert a affirmé que Redoine Faïd, 44 ans, ne pouvait être considéré comme un antisocial ou un psychopathe. "Sur une échelle de 40, il se trouve dans la zone limite entre 20 et 27, au-delà de laquelle on est considéré comme psychopathe", a-t-il dit. Le 13 avril 2013, prenant quatre surveillants en otage et faisant sauter à l'explosif plusieurs portes le séparant de la liberté, Redoine Faïd s'était évadé en moins d'une demi-heure de la prison où il était incarcéré avant la tenue future de son procès pour le meurtre de la policière Aurélie Fouquet en 2010, à l'issue duquel il sera condamné à 18 ans de réclusion en 2016.
"Il a une personnalité séductrice, sympathique, chaleureuse et néanmoins intelligente, très sensible à l'image qu'il donne de lui", a indiqué l'expert, précisant que le QI du braqueur était de 122. "Il ne nous est pas apparu comme manipulateur, il n'y a pas de dimension machiavélique chez lui. Mais il sait s'attirer les bonnes grâces, optimiser ses relations pour que les choses évoluent dans le sens qu'il souhaite, convaincre son interlocuteur et peut avoir du ressentiment envers ceux qui résistent", a déroulé le psychiatre.
"Narcissique"
Celui-ci a ensuite décrit un homme aux "traits obsessionnels, organisé, anticipant bien des choses, précis même dans son comportement délinquantiel", corroborant la minutie de la préparation de Faïd notamment pour son évasion. Faïd est "un +sensation seeker+, type de personne qui recherche les sensations fortes, le saut à l'élastique, les sports à haut risque ou dans le cas de Faïd le plaisir et la montée d'adrénaline" dus aux braquages. Ces traits sont complémentaires à son profil d'"histrion" et de "narcissique" appréciant la célébrité."Pour les braquages il nous a expliqué longuement l'attention particulière qu'il mettait pour protéger les convoyeurs de fonds, éviter des dégâts humains", a souligné le psychiatre. "Oui mais il prend des surveillants en otage et s'en sert comme boucliers humains, c'est contradictoire", a répondu la président de la Cour.
Les plaidoiries des parties civiles devraient commencer lundi tandis que le réquisitoire sera vraisemblablement prononcé mardi matin. Le verdict sera donné le lendemain.
