Viol et meurtre d'Angélique : la réclusion criminelle à perpétuité requise contre David Ramault

A l'issue de son réquisitoire, l'avocate générale a demandé aux jurés de prononcer la réclusion criminelle à perpétuité dans l'affaire David Ramault, et de l'assortir d'une période de sûreté de 30 ans.

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"Angélique c’est un petit soleil, une merveilleuse petite fille. Joyeuse, généreuse. Ils me l’ont raconté je ne sais pas combien de fois : quand il y avait un anniversaire en classe, elle était la seule à ne pas ouvrir son paquet de bonbons pour pouvoir le partager avec Anaïs et ses parents. C’était une petite fille câline, encore très enfantine, qui avait grandi un peu moins vite." C'est par ces mots qu'Audrey Jankielewicz, l'avocate de la famille Six, a commencé sa plaidoirie.

"Il se lève, et il part enlever notre petit soleil"

A l'issue de la troisième journée du procès de David Ramault pour le viol et le meurtre de la jeune Angélique Six, 12 ans, la magistrate n'est pas revenue sur les détails sordides, ni même énormément sur David Ramault lui-même. Elle a surtout voulu parler d'une famille unie dans la douleur, celle qui se serre toute la journée sur le banc des parties civiles. Une famille où la petite Angélique avait été ardemment désirée, puis adorée. 

"Le 25 avril, notre petit soleil va au parc. C’est un peu son jardin, ils habitent en appartement et on le voit de la fenêtre de la cuisine. Elle rentre toutes les heures : c’est la règle qu’on lui a imposé. Il est 16h, elle rentre, prend un dernier goûter, laisse un dernier petit mot. Elle va jouer une dernière fois dans son parc. La ville de Wambrechies l’a renommé parc Angélique, c’est son parc pour toujours. Au même moment, David Ramault, qui s’est levé, prend deux comprimés pour bander, un peu de bière, et il part enlever notre petit soleil."

Au cours du procès, les experts mais aussi les avocats des parties civiles ont souligné le risque de récidive que présente David Ramault. Construit autour d'une personnalité perverse, l'empathie lui fait défaut. Cette nouvelle affaire en est la preuve, après sa condamnation en 1996. "J’aimerai qu’ils aillent un peu mieux, a terminé Me Jankielewicz en désignant les proches d'Angélique, et je sais que vous pouvez les aider. Je vous demande de prendre la mesure de l’horreur, de l’atrocité, d’une douleur perpétuelle. Vous ne ramenerez pas Angélique, ils le savent, on ne les a pas entendus crier vengeance. Mais ils veulent qu’Angélique soit la cinquième et dernière victime de Daniel Ramault. Le 25 avril prochain, sur la tombe d’Angélique, il pourront lui dire que c’est terminé."

"Pulsion" ou "grande maturité criminelle" ?

Ce matin du 19 novembre, le réquisitoire de l'avocate générale a largement remis en doute le scénario de pulsion destructrice auquel s'accroche David Ramault, parlant à l'inverse de "mode opératoire". Elle estime qu'Angélique a été ciblée, David Ramault ayant remarqué dans de précédents auditions qu'elle était "souvent sans ses parents" dans ce parc de Wambrechies.

Le portrait d'Angélique, que portait Corinne Gilliers, la mère d'Angélique, repose sur le bureau de l'avocate générale pour ce dernier jour de procès. "Il a franchi une ligne difficile à imaginer, qui n'aurait été selon lui qu'une pulsion qui s'est imposé à lui, mais pourtant il a fait un choix posé et réfléchi. (...) Il a toujours eu conscience de la gravité de l'acte qu'il allait commettre, en préparant le scénario de captation de sa victime, en la conduisant chez lui."

Carole Etienne a aussi pointé une autre incohérence dans le discours de David Ramault. "Si son interpellation était un soulagement, pourquoi s’est il soucié de faire disparaitre les preuves ? Pourquoi a-t-il organisé si minutieusement la disparition du corps ? (...) La vérité est insoutenable, plus insoutenable que ce qu'a dit Mr Ramault. Et il envisageait de vivre avec, d'oublier, de se taire. Il est dans une posture, une manipulation, une partition de lui-même. (...) Son principal souci après son crime a été de reprendre une vie normale."

Elle est longuement revenue sur une multitude de détails du calvaire infligée à Angélique, qui montrent selon elle que l'accusé a maintenu un piège autour de sa victime, sans jamais varier de son but. Et les constatations du médecin légiste, qui suggèrent que David Ramault n'a peut-être pas tout dit du martyre de la jeune fille. "Hier, il nous a donné une minute de vérité : oui, il l'a regardée. Il voulait l'avoir face à lui. C'est lui qui l'a retournée. Et il a repris sa besogne, sans remord." 

La réclusion criminelle à perpétuité requise

"Comment ne pas voir dans tous ces éléments une grande maturité criminelle ?" interroge l'avocate générale, qui estime que David Ramault reste un individu "dangereux", relevant des similitudes troublantes entre les faits jugés par la cour d'Assises et le viol sur mineur qui lui a valu sa première condamnation en 1996. Les pratiques imposées sont les mêmes, le scénario de la pulsion aussi. 

"Mr Ramault n'a pas de maladie mental, il n'a pas de pathologie psychiatrique. Mais il présente des troubles psycho-sexuels graves (...) et aujourd'hui, il n'a rien réglé. Il nous offre une façade de regrets sans remords" a finalement déclaré Carole Etienne, qui a demandé aux jurés de le déclarer coupable, "pour la famille de Lilique". L'avocate générale a avoué qu'elle n'avait pas d'espoir concernant le cas David Ramault, et a donc demandé la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'un temps d'incarcération incompressible pendant lequel aucune mesure d'aménagement de la peine ne sera possible.

"Je vous demande donc, par décision spéciale, de porter la période de sûreté à 30 ans". Au vu de la probabilité de récidive et des troubles présentés par David Ramault, Carole Etienne a demandé aux jurés de prévoir un rééxamen prélable par la commission disiclinaire des mesures de sûreté avant tout mesure éventuelle.

"Quoiqu'on en dise, Ramault est notre sembable" : la défense plaide l'humanité

Acculé par l'horreur du crime, l'avocat de la défense, Me Demey, n'a pas contesté la réquisition concernant la réclusion criminelle à perpétuité, mais a demandé une période de sûreté réduite. "Je n’ai pas dormi, j’ai cherché encore ce que j’allais dire, et j’ai pensé à Angélique. Dans mon dossier, il y a des photos qui sont terribles, celles de son petit corps sans vie à la morgue, je me suis demandé ce que je faisais là. Est-ce que Mr Ramault a vraiment droit à une défense ?" s'est souvenu l'avocat, qui a été commis d'office.

"Je sais que certains veulent le supprimer, le pensent, le disent. D’autres simplement le pensent. Mais dans ce penchant pervers, ils appartiennent toujours au genre humain. Quoiqu’on en dise, Ramault est notre semblable. (…) La cruauté attire seulement la cruauté, la haine amène seulement la haine" a poursuivi Me Demey.

Le magistrat a rappelé les profonds troubles de l'accusé. ? "Le crime est atroce, le criminel n’est pas fou. Mais sans l’ombre d’un doute, l’accusé est malade, malade psychiquement, avec une pathologie sévère de la personnalité (…) Il vit une souffrance que l’on n’a pas envie d’entendre, parce qu’elle n’est rien comparée à la souffrance qu’il a fait subir à sa victime." Il a également attiré l'attention des jurés sur la coopération dont à fait preuve David Ramault dès son interpellation, alors qu'aucune preuve n'avait encore été compulsée. 

"Mon seul espoir, si la voix de la défense a un tout petit peu de sens, c’est qu’au nom de l’engagement à se soigner, vous laissiez au bout du tunnel de l’enfermement une petite lumière." Le verdict devrait être rendu aux environ de 15 heures ce 19 novembre. 

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