Au palais de justice de Dunkerque, récit haletant de l'arrestation d'un passeur chevronné

Un repaire bien caché, des armes dégainées, des gaz lacrymogènes maniés avec dextérité et des coups pour se débattre: des policiers ont livré lundi devant le tribunal correctionnel de Dunkerque le récit de l'arrestation à hauts risques en mai d'un passeur chevronné.

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"Assouat" - surnom de ce passeur kurde bien connu des autorités - a écopé de la peine maximale pour des violences aggravées sur des policiers, cinq ans de prison ferme, avec maintien en détention. Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur de la République de Dunkerque, Sébastien Piève.

Deux épisodes ont été abordés lundi. Le 21 septembre 2017, deux policiers tentent une première fois d'arrêter ce passeur qui sévit dans la région depuis une dizaines d'années et a été condamné de multiples fois pour des faits de passeurs et des violences avec armes. Les fonctionnaires doivent alors tirer des coups de feu alors qu'"Assouat" pointe une arme sur eux lors de sa fuite, réussie.

Le 15 mai 2018, en revanche, l'opération policière, d'une ampleur inédite, aboutit à l'arrestation du suspect. Le téléphone d'"Assouat" est localisé au camp de migrants du Puythouck, à Grande-Synthe près de Dunkerque. Une battue est organisée, lors de laquelle est repérée de la végétation écrasée formant un chemin vers une tente installée dans une zone de ronces. Un repaire depuis lequel il voit la police arriver sur l'autoroute proche.




"C'est un sketch!"


Un policier relate à la barre: "On se retrouve sur une petite pente. On repère deux personnes sous des ronces, bien cachées. L'un d'eux se relève et cache ses mains et son visage. Je finis par reconnaître Assouat et je crie. Il me menace alors avec un pistolet et au moment où je fais feu, il lance une grenade lacrymogène et je tombe dans un buisson de ronces."

"Assouat" est touché au pied mais rampe pour continuer de fuir. Une policière tient le suspect en joue, au niveau de la  poitrine, mais décide de ne pas tirer. "Assouat" lancera une autre série de grenades lacrymogènes et se débattra avec force lors de son interpellation, blessant un fonctionnaire à l'épaule.

Le récit est corroboré par un compagnon du suspect, également arrêté. Petit homme sec, le passeur nie vigoureusement dans son box via un traducteur, et dénonce une machination: "Personne n'a jamais été interpellé avec moi! Les policiers m'ont confronté à des témoins que je ne connais pas! C'est un film, un sketch...

Un pistolet 9 mm, une centaine de cartouches retrouvés dans ses affaires, des gaz lacrymogènes: "Ce n'est pas le bagage du migrant lambda", ironise Me Charles Thomas, avocat de deux policiers. "Il raconte des choses qui pourraient prêter à sourire mais au vu des faits, on n'a pas envie de sourire".



L'avocat en défense, Me Henry-François Cattoir, a pourtant relevé: "Il y un nombre astronomiques de situations différentes de migrants. Pourtant la réponse de la justice est souvent la même : très peu repartent libre". "Il faut souligner les violences réelles que les policiers ont encourues", a souligné pour sa part le procureur Sébastien Piève.

Le prévenu "est un exploiteur professionnel des êtres humains, (...) son champ d'action est celui de la criminalité organisée, transnationale, qu'il accomplit sans vergogne".


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