Des carnavaleux dunkerquois indépendants s'élèvent contre les grandes fêtes organisées depuis quelques années sur la plage pendant la bande de Malo. Selon eux, les valeurs ancestrales du carnaval de Dunkerque ne sont pas respectées lors de ces rassemblements.
"Carna, c'est pas Ibiza !". C'est ainsi que se nomme un petit collectif de puristes du carnaval de Dunkerque, qui n'apprécie que très peu le spectacle offert depuis quelques années sur plage, le jour de la bande de Malo, l'un des rassemblements phares de la saison. La digue prend parfois des allures de grande discothèque à ciel ouvert, avec des musiques diffusées à haut volume par des Dj's faisant danser une foule déguisée. "Ce n'est pas ça le carnaval", dénonce simplement Pascal Caulier, du collectif "Carna c'est pas Ibiza !".
"Le carnaval c'est une culture, des valeurs bien précises avec des codes", poursuit-il, dénonçant "une forme de débordements. D'une part parce qu'on a des gens qui arrivent de toute la France, sans connaître les us et coutumes, et qui viennent simplement pour faire une grosse fête", selon M. Caulier.
"Un son de ouf"
Depuis trois ans et l'instauration à l'époque de l'état d'urgence, la bande de Malo ne passe plus officiellement par la digue. Une modification de parcours qui a peut-être encouragé les cafetiers de la plage à prendre davantage possession des lieux pour y organiser de grandes animations festives, aujourd'hui contestées par les puristes. "Pour cette nouvelle édition de la BANDE DE MALO 2018, Le Curaçao s'associe avec La Scala, Le Loft, et L'Iguane pour vous proposer un événement XXXXXL. Depuis maintenant 4 ans, cette bande prend de l'ampleur, et le Curaçao est devenu le lieu incontournable de la fête ! Les vidéos le prouvent !!!! Un son de ouf, une ambiance incroyable, des surprises toute la journée" : c'est ainsi qu'était annoncé l'un de ces événements sur Facebook."Cela fait déjà trois-quatre ans, même quand la bande passait", rétorque un patron de bar de la plage de Dunkerque. "En tant que commerçants et en tant que Dunkerquois, quand la bande passait, on arrêtait la musique", assure-t-il.
Mais ce chef d'établissement assure que la tradition est respectée et que les principales chansons historiques du carnaval de Dunkerque sont diffusées dans les importantes sonos déployées sur la digue, au milieu de plus vastes sessions de musique festive : "Dans tous les bals et dans toutes les chapelles, il n'y a pas que des chansons de carnaval". Et c'est vrai.
Mais l'ampleur qu'a pris le phénomène depuis trois ans "gêne" le collectif "Carna, c'est pas Ibiza !", qui pousse un "cri d'alarme". "Il y a tous les indépendants qui organisent une contre-bande de 16h30 à 17h30 (sur la digue de Malo, ndlr). Et en passant, on entendait plus les -boums-boums- que la musique du carnaval. Ça s'amplifie", déplore Pascal Caulier qui en appelle au maire de la ville Patrice Vergriete, qui est selon lui le garant des valeurs du carnaval.
Le collectif souhaiterait que des arrêtés municipaux soient pris pour faire cesser ou limiter ce type d'événements. "Pas envie d'être le vieux con moralisateur, mais il faut attirer l'attention sur ce problème. Les politiques ont des responsabilités. J'ai interpellé le maire là-dessus mais le lobbying des commerçants est tellement fort que la municipalité n'ose pas bouger", conclut M. Caulier.
Sollicitée, "la Ville de Dunkerque ne souhaite pas réagir sur ce sujet qui ne concerne pas ses prérogatives".