Les jeunes générations, c'est l'avenir du carnaval ! Alors pour que ce dernier perdure, mieux vaut bien enseigner le pourquoi et le comment de cet événement qui dure quasiment tout l'hiver à Dunkerque. Que signifie-t-il ? Pourquoi faut-il le préserver ? Quels sont les dangers qui le guettent ? Reportage à Dunkerque, où on s'attache dès le plus jeune âge à préserver ce patrimoine.
"J'aime bien le carnaval, car il y a une ambiance, on doit se déguiser, se maquiller [...] J'ai commencé le carnaval l'année dernière, avant, il y avait les bals enfantins donc cela fait plusieurs années que je le fais [...] Je trouve cela important de connaître l'histoire de sa ville". Fille ou garçon, ils sont collégiens et apprennent à mieux connaître le carnaval dunkerquois, ses traditions, ses chansons, son histoire, mais aussi ses valeurs.
À Petite-Synthe, Cô Boont'che, le tambour-major de la bande de Dunkerque rappelle pourquoi les musiciens sont vêtus d’un ciré jaune : en hommage aux pêcheurs de la cité portuaire. Ici, on rappelle aussi ce qu'est le rigodon, cette danse en tournant autour de la stature de Jean Bart, le corsaire de Louis XIV.
Les collégiens de la cité de Jean Bart sont convoqués par les services de la mairie pour être bien initiés à cette tradition majeure de leur patrimoine."On leur explique que c'est ni un festival, ni un spectacle et qu'il y a une tradition derrière, et on estime ainsi que c'est important qu'il perdure, car ce sont ces enfants qui sont l'avenir du carnaval", estime Pascal Bonne, tambour-major de la bande de Dunkerque.
"Faire la fête, mais pas n'importe quoi..."
Le carnaval a ses propres codes, ses règles et ses excès aussi parfois, comme l'alcool, par exemple. Pour ces carnavaleux en herbe, il s’agit de ne pas faire n’importe quoi, quand on s’invite dans la bande…
Mateo, élève de 3e au collège Jean Zay de Petite-Synthe, estime qu'on peut "faire la fête, mais pas n'importe quoi... Il ne faut pas faire la folie non plus."
Marjorie Eloy, adjointe au maire de Dunkerque en charge de l'animation et du tourisme, a remarqué que "pas mal de 13-14 ans venaient dans les bandes". Par ailleurs, la crise sanitaire a empêché un peu le fait que les parents sensibilisent leurs enfants au carnaval, d'où le bien-fondé de telles opérations.
Une tradition vieille de plus de trois siècles
Le carnaval de Dunkerque est une tradition vieille de plus de trois siècles, où à l’origine les marins faisaient la fête avant de partir des mois au large pêcher le hareng islandais. Tradition qui, au fil du temps, s’est étendue à l’ensemble de la ville.
Les festivités locales durent aujourd’hui presque tout l’hiver, et se sont exportées, ces dernières années, jusqu’à l’Olympia de Paris : une fantaisie des Prouts qui tiennent plus que tout à ce que Carnaval reste bien dunkerquois.
"Le risque, c'est qu'il n'y ait plus de place pour les chansons par exemple. Au-delà du rire, du déguisement, la chanson est importante dans le carnaval", estime Christophe Paulino, leader des Prouts et chansonnier depuis une quarantaine d’années, qui a participé au renouvellement du traditionnel répertoire du carnaval.
"C'est ça l'objectif finalement : de nourrir ce patrimoine qui s'était un peu sclérosé. Ça reste quelque chose de vivant. Il y a aujourd'hui d'autres groupes que les Prouts qui se fendent de chansons de carnaval et qui viennent nourrir la dynamique et c'est bien", précise le chanteur.
Et la relève est là… La transmission de ce patrimoine, à Dunkerque, se réalise systématiquement, de génération en génération, depuis 350 ans.
Avec Thomas Millot et Flavien Bellouti / France Télévisions