Covid-19 : après Dunkerque, le variant britannique va-t-il devenir prédominant dans le Nord et le Pas-de-Calais ?

Alors que le nombre de contaminations s'envole dans le dunkerquois, où près de 80% des tests positifs sont attribués au variant britannique, on vous dresse la situation sanitaire dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais.

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De l’aveu même du maire, tout est allé vite. Très vite. À Dunkerque, le variant britannique - plus contagieux - s’est imposé en moins d’une dizaine de jours comme dominant, ayant quasiment remplacé la souche originelle du Covid. Patrice Vergriete affirme qu’il représente désormais plus de 80% des contaminations.

En parallèle, le taux d’incidence – c’est-à-dire le nombre de cas positifs pour 100 000 habitants – a explosé dans l’agglomération dunkerquoise, pour atteindre 658. À titre de comparaison, il s’élève à 229 dans le département du Nord, et 189 à l’échelle de la France métropolitaine.

Alors qu’une campagne "exceptionnelle" de dépistage est organisée dans l’agglomération de Dunkerque jeudi 18 et vendredi 19 février, avec pour objectif premier d’"identifier le plus précocement possible chaque patient contaminé par une variante virale", comment le virus – et notamment le variant britannique - circule-t-il ailleurs dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais ? On fait le point.

Le variant britannique remplace progressivement la souche initiale du Covid

Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé au CHU de Lille, explique que les nouveaux variants – britanniques et sud-africains – sont en train de remplacer progressivement la souche initiale du Covid. Sur France Bleu Nord, il affirme que nous sommes en train d’entrer dans une nouvelle phase épidémique.

"Il se trouve que, malheureusement comme lors de la première vague, on voit que l'Est et que le Nord commencent à être touchés, déplore-t-il. La situation n'est pas homogène dans les Hauts-de-France. Cette vague touche plutôt la zone côtière. Lille est pour l'instant relativement épargnée." Pour l’instant, puisque la présence des variants dans les tests positifs révélée par le séquençage ne cesse d’augmenter ces derniers jours.

"(Les variants britanniques et sud-africain) sont à la fois plus contagieux mais surtout, ils entrainent un taux d’hospitalisation et même une mortalité 30% plus importante. On peut se réjouir qu’il n’y ait pas une explosion du nombre de nouveaux cas en France, mais ça ne veut pas dire que dans 15 jours ou 3 semaines, on n’aura pas une augmentation importante du nombre de personnes très malades qu’on devra hospitaliser."

Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille, endocrinologue et généticien

Des données confirmées par les premiers résultats sortis de la plateforme de séquençage située dans les locaux du CHU de Lille. Parmi les tests s’étant révélés positifs et étant passés par la phase séquençage ces trois derniers jours, plus du quart ont révélé la présence d’un variant, dont 6% attribués au variant sud-africain. 

Plus d’un test positif sur deux attribué au variant britannique dans le Calaisis

Pour savoir comment le variant britannique circule et en quelles proportions, il faut se tourner vers les laboratoires qui effectuent les tests et le séquençage. Le laboratoire Biopath réalise chaque jour 12 000 tests, soit plus d’un tiers des tests PCR réalisés quotidiennement dans la région. Et les chiffres sont parlants. "Quand on regarde le dunkerquois et les villes adjacentes, on s’aperçoit qu’il s’implante très vite. C’est exactement ce qui est en train de se passer à Saint-Omer ou Boulogne", résume Hugues Leroy, biologiste et directeur technique du laboratoire Biopath.

Dans le gravelinois par exemple, plus de 50% des tests réalisés les samedi 5 et dimanche 6 février et s’étant révélés positifs étaient attribués au variant britannique. Le week-end suivant, la proportion de variant britannique dans les cas positifs atteint quasiment 9 tests sur 10.

Même augmentation dans le boulonnais. Sur le weekend du samedi 5 au dimanche 6 février, 6% des tests effectués étaient positifs, un quart d’entre eux étant affiliés au variant britannique. Lors du week-end suivant – samedi 13 et dimanche 14 février - 9,3% des tests étaient positifs, pout une part du variant dépassant les 40%.

Dernier exemple : la métropole lilloise. Le variant britannique, descellé dans 30% des tests positifs les 5 et 6 février, a été découvert dans plus de 40% des tests positifs le weekend suivant.

Explosion du taux d’incidence dans les communes autour de Dunkerque

Autour de Dunkerque, les contaminations - variant britannique ou non - s’accélèrent dans les intercommunalités limitrophes. Ainsi, la communauté de commune des Hauts de Flandre a également vu exploser son taux d’incidence, dépassant aujourd’hui 600.

Pour rappel, le seuil d’alerte maximal a été fixé à 250 par les autorités. Non loin de là, l'agglomération de Saint-Omer enregistre un taux d'incidence avoisinant les 400.

Un scénario logique pour Patrice Vergriete. Mardi 16 février, il affirmait sur BFM TV qu’il ne fallait pas se faire d’illusions. "Les territoires avoisinant le Dunkerquois sont en train de monter également (…). L’Audomarois a passé la barre des 50% de variant britannique, ce sera bientôt le cas dans le Calaisis et ça touchera bientôt l’agglomération lilloise".

Augmentation soudaine des contaminations dans le Pas-de-Calais

Contrairement à la grande majorité des départements de France métropolitaine, le Nord et particulièrement le Pas-de-Calais enregistrent une hausse du nombre de cas sur ces 7 derniers jours.

Alors que le taux de positivité des tests diminue à l’échelle nationale, il est passé de 6 à 7,3% des tests réalisés dans le département du Pas-de-Calais depuis le début du mois de février.

Le préfet vient d’ailleurs de renforcer l’obligation du port du masque dans les zones les plus urbanisées du département, dans un contexte où "le variant anglais se déporte dans toute la région des Hauts-de-France", précise la préfecture.

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