Une amende de 280.000 euros a été requise mardi à l'encontre de Total, en procès à Dunkerque avec deux autres protagonistes pour l'explosion ayant coûté la vie à un salarié à la raffinerie de Mardyck en 2009.
Le procureur de Dunkerque Sébastien Piève a également réclamé une amende de 160.000 euros contre Ortec, société de nettoyage industriel sous-traitante, pour les mêmes faits d'homicide et blessures involontaires et "infractions sur l'hygiène et la sécurité", ainsi que deux ans de prison avec sursis à l'encontre d'un salarié d'Ortec, unique prévenu personne physique.
"Il n'y a pas de fatalité", a d'emblée martelé M. Piève. Il a expliqué que si les "trois prévenus étaient poursuivis comme co-auteurs", il a voulu distinguer un salarié "pris entre deux tenailles", lui-même blessé lors du drame et partie civile, et "deux grands groupes aux revenus importants" ayant "le devoir d'assumer la sécurité de leurs employés".
Le 29 janvier 2009, une terrible explosion avait retenti dans un hangar de la raffinerie classée Seveso II appartenant à Total. Dans la déflagration, un salarié d'Ortec, âgé de 32 ans, avait été mortellement brûlé. Cinq personnes, travaillant pour Endel, furent également grièvement blessés. A l'origine de l'incident : l'inflammation d'un nuage de gaz autour d'un camion de pompage d'Ortec, chargée de pomper des boues résiduelles dans un hangar.
Des règles de sécurité insuffisantes
"Total, c'est le maître des lieux. Quand on est chez quelqu'un, on se soumet aux règles qu'il assigne. Or, Total aurait dû prévoir des consignes de sécurité complètes", a estimé M. Piève, s'appuyant sur plusieurs expertises. Il accuse la multinationale de ne pas avoir mis à disposition un "plan de prévention unique" listant tous les risques encourus sur un tel site.
"Non seulement le matériel mis à disposition n'était pas conforme, mais en plus l'endroit où le véhicule se trouvait, trop exigu, n'était pas suffisamment équipé en normes de sécurité", a-t-il dénoncé. Il a également reproché aux deux entreprises de ne pas avoir formé suffisamment les salariés du site, notamment les deux directement concernés par le drame : la victime décédée dans d'atroces souffrances, et le chauffeur du camion.
A ce dernier, M. Piève rappelle "l'accumulation de ses erreurs", mais s'attarde peu sur son cas, préférant répéter au tribunal que Total et Ortec auraient dû "éviter les causes amenant à ce gâchis humain". Le procès se terminera en fin de journée, avec une probable mise en délibéré de la décision.