Dunkerque : la justice autorise la "Nuit des Noirs", les associations dénoncent un "racisme d'État"

Le tribunal administratif de Lille vient de rejeter la demande d'associations antiracistes d'annuler la Nuit des Noirs, qui se tiendra à Dunkerque samedi soir. Les associations dénoncent un "racisme d'État" et prévoient de mener une action durant l'événement. 

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L'audience se tenait aujourd'hui à Lille, suite à la demande du CRAN et de l'ANC, deux associations anti-racistes, d'annuler la Nuit des Noirs. La justice a décidé de rejeter cette demande, estimant qu'il "n’y pas d’illégalité manifeste portant atteinte à une liberté fondamentale à ne pas interdire cette soirée dès lors qu’elle s’inscrit dans le contexte burlesque général des festivités du carnaval de Dunkerque". 

Le bal, qui fête ses 50 ans cette année, aura donc bien lieu samedi, au Kursaal de Dunkerque. Mais les associations requérantes n'ont pas l'intention d'en rester là, estimant que cette décision de justice relève du "racisme d'État". 

"C'est un déni de justice mais on a gagné la bataille des images; ces images hideuses ont fait le tour du monde", souffle Louis Georges Tin, président du CRAN. Pour lui, la tenue de ce bal et en particulier le soutien du maire de Dunkerque à l'association des Noirs n'est pas acceptable. "Le rôle du maire est un rôle immonde. Quand on est dans la dérision des Africains de cette époque on est dans l'indignité", poursuit le militant. "Je sais que tous les Dunkerquois ne partagent pas ces idées. Mais le maire de Dunkerque a voulu donner cette image monstrueuse à sa ville", renchérit-il. 


Une action pendant le bal


Malgré la décision de justice, lui et d'autres militants venus d'autres régions prévoient de manifester leur mécontentement aux portes du Kursaal, samedi soir. "Il y aura des lectures d'Aimé Césaire pour rappeler que Dunkerque était une ville négrière, criminelle, qui ne fait pas son devoir de mémoire", poursuit Louis Georges Tin. "Car ici on encourage une forme de négationnisme local, avec des gens qui nous disent qu'ils n'ont pas de lieu avec l'esclavage, qu'il n'y a pas eu d'esclavage à Dunkerque."

Contacté plus tôt dans la journée, le président des Noirs Bernard Vandenbroucque avait indiqué ne pas vouloir commenter la polémique. Le Maire de Dunkerque Patrice Vergriete s'en tient quant à lui à la tribune qu'il avait publiée dans Le Monde le 11 février dernier. "Pendant le carnaval, j'ose le dire, Dunkerque est une capitale de la liberté. Tout ou presque y est permis. Le déguisement est au coeur de la fête et il est le moteur de la transgression", expliquait-il alors.


"Dans ce contexte, les quelques procureurs, heureusement sans beaucoup d'écho, qui, de leurs bureaux parisiens, instruisent contre notre ville un procès en racisme, sont dans le meilleur des cas à côté de la plaque et dans le pire, qui n'est pas à exclure, d'une crasse mauvaise foi", concluait le maire de la cité portuaire. 



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