Féminicide de Nathalie Debaillie : le procès de son ex-conjoint s'ouvre aux Assises du Nord

Le 27 mai 2019, Nathalie Debaillie est retrouvée égorgée dans la baignoire de son ex-conjoint, Jérôme Tonneau, à La Madeleine, près de Lille. Cinq ans plus tard, le procès pour cet énième féminicide s'ouvre aux Assises du Nord. Ce 24 juin 2024, l'homme comparaîtra devant le tribunal de Douai avec ses trois complices. Ils encourent la prison à perpétuité.

En 2019, 146 féminicides ont été recensés en France. Parmi eux, celui de Nathalie Debaillie, Lilloise égorgée le 27 mai 2019 par son conjoint, Jérôme Tonneau, dans une affaire d'enlèvement sordide, particulièrement cruelle.

Cinq ans après les faits, Jérôme Tonneau, habitant de La Madeleine, commune située au nord de Lille, est convoqué devant les Assises du Nord ce 24 juin 2024, en compagnie de trois hommes, ses complices dans l'assassinat. Tous les quatre encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Lors de sa garde à vue il y a cinq ans, Jérôme Tonneau, homme de nature sanguine et manipulatrice selon ses proches, était rapidement passé aux aveux, endossant seul la responsabilité du féminicide.

► À lire aussi : Féminicide de Nathalie Debaillie : la famille porte plainte contre la police

Une présence oppressante

Nathalie a 45 ans lorsqu'elle rencontre Jérôme sur une application de rencontres, en 2017. Alors qu'ils entament une relation, la Lilloise confie rapidement à ses proches sa sensation d'être envahie par la présence de Jérôme. Celui-ci ne vit pas chez elle, mais tente de façonner son quotidien, en lançant notamment de grands travaux dans son appartement.

Son conjoint se fait de plus en plus pressant. Nathalie tente de mettre fin à leur relation une première fois, en découvrant notamment que Jérôme est visé par une enquête judiciaire pour escroqueries. Mais son partenaire n'accepte pas la rupture.

Il faudra attendre février 2019 pour que la quadragénaire parvienne à le repousser et mette officiellement un terme à leur histoire... Pour quelque temps seulement.

Harcèlement et menaces de mort 

Entre février et mai 2019, Nathalie Debaillie est victime d'un harcèlement incessant de la part de son ex-conjoint. Celui-ci ne supporte pas leur séparation, lui demande de payer les travaux réalisés sur son appartement et rôde à plusieurs reprises sur son lieu de travail. Il l'inonde de messages, lui envoie une photo de pierre tombale et se targue devant son entourage de vouloir "l’enlever et la tuer".

Quelques jours après leur rupture, Nathalie dépose donc sa première main courante. Cette mère de deux enfants ne se sent plus en sécurité, mais son passage au commissariat n'y change rien. Un matin, Jérôme tente de l'intercepter sur le parking de son lieu de travail, sans succès.

Deux autres mains courantes sont rédigées et, après trois rendez-vous face à une police passive selon ses proches, une plainte est finalement déposée en mai. Mais aucune enquête n'est ouverte pour tenter d'arrêter le futur meurtrier.

Le 27 mai, Nathalie est enlevée par trois hommes dans le parking souterrain de la banque où elle travaille, à Lille. Bâillonnée et jetée dans le coffre d'une fourgonnette, la victime est amenée chez son ex-conjoint, qui promettait aux trois individus une forte rémunération. Jérôme Tonneau l'égorge d'un coup de cutter, la laissant sans vie dans sa baignoire, avant d'utiliser sa carte bancaire pour payer ses ravisseurs. La police ne la découvrira que plusieurs heures plus tard, inanimée.

► À lire aussi : Nathalie Debaillie enlevée et tuée à La Madeleine : elle avait porté plainte contre son ex-compagnon deux mois avant

Un drame qui aurait pu être évité

Une nouvelle fois, le féminicide aurait pu être évité, alors que la victime avait déposé une plainte quelques jours seulement avant sa mort. C'est dans cette optique que, le 31 mars 2021, les proches de Nathalie Debaillie et Me Isabelle Steyer, avocate de la défunte, ont déposé une plainte auprès du ministère de l'Intérieur pour faire constater ce qu'ils estiment être "des infractions déontologiques" de la part des policiers du commissariat de Lille.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par #NousToutes (@noustoutesorg)

Dans une déclaration datant de juin 2019, Me Steyer pointe également la négligence des forces de l'ordre, appelées sur les lieux du drame : "Ils ont été appelés tout de suite par un témoin de la scène de l'enlèvement. Quand ils sont arrivés devant le domicile, ils ont simplement sonné. Il faudra plusieurs heures pour qu'ils se décident à défoncer la porte".

C'est pour ces raisons que le frère et l'ex-mari de Nathalie Debaillie s'en prennent également à l'État français depuis janvier 2024, en l'attaquant en responsabilité pour les multiples manquements qui ont marqué l'enquête sur Jérôme Tonneau. Le procès, qui devait initialement s'ouvrir le 24 mai au tribunal judiciaire de Paris, a finalement été renvoyé au 9 décembre prochain.

Suite à ce drame, la question des féminicides doit malheureusement encore faire beaucoup de chemin en France : à la date du 23 juin 2024, 67 femmes sont mortes des mains de leurs conjoints, selon le décompte du collectif féministe NousToutes.

L'actualité "" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité