Finances du LOSC : ce que révèlent les derniers chiffres publiés par la DNCG

Selon les chiffres publiés mercredi par la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG), le LOSC affichait une perte et un endettement records à l'issue de la saison 2017-2018, compensés depuis par la récente recapitalisation du club. 

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A l'hiver 2018, le LOSC s'est retrouvé interdit de recrutement et menacé d'une rétrogradation en Ligue 2 à titre conservatoire par la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG). Puis l'été dernier, le "gendarme financier" a lâché du lest, autorisant le club nordiste à signer de nouveaux joueurs, moyennant un encadrement des indemnités de transferts et de la masse salariale. Une mesure maintenue lors du mercato d'hiver.

A ceux qui s'interrogeaient sur une telle sévérité, le rapport financier publié mercredi par la DNCG apporte désormais des réponses, puisque que le LOSC affichait effectivement à l'issue de la saison 2017-2018 une perte abyssale d'environ 142 millions d'euros et une dette financière record de 242 millions, qui ont nécessité une importante recapitalisation effectuée en janvier dernier
 

Perte abyssale


Le LOSC a bouclé la saison dernière sur un énorme déficit de 141,898 millions d'euros, le plus important de toute la Ligue 1.
 


A cela, plusieurs explications. Tout d'abord, le club nordiste a pâti d'une baisse de ses recettes commerciales (ou produits d'exploitation), hors ventes de joueurs. Celles-ci sont passées en dessous des 55 millions d'euros, du jamais vu depuis la saison 2008-2009.
 


Si la billetterie et le sponsoring ont légèrement progressé, les droits TV perçus, eux, ont chuté de 22%, passant de 35,5 millions d'euros en 2016/2017 à 27,7 millions la saison dernière. La faute aux mauvaises performances sportives de l'équipe et à la 17e place obtenue au classement final du championnat. 
 



Ensuite, si les recettes commerciales ont diminué, les dépenses, elles, ont beaucoup progressé. Après la cure d'austérité imposée par Michel Seydoux lors de ses dernières années de présidence, les charges d'exploitation sont reparties à la hausse depuis le rachat du club par Gerard Lopez, qui a opté pour une politique volontariste d'investissement.

La saison dernière, pour la première fois dans l'histoire du club, les charges ont franchi la barre des 150 millions d'euros. La masse salariale (ou "rémunération du personnel chargée") a quasiment augmenté de 10 millions d'euros pour dépasser légèrement les 68 millions. Son plus haut niveau depuis la saison 2011-2012 qui avait suivi le doublé coupe/championnat.  
 


La nouvelle direction ayant renouvelé une grande partie de l'équipe lors du mercato d'été 2017, les charges liées aux indemnités de transfert (ou coût des mutations) ont naturellement grimpé, même si ces dépenses ne sont pas "chargées" intégralement, d'un seul coup, mais donnent lieu à un amortissement qui permet de répartir le coût d'un transfert sur plusieurs années.

On voit aussi que les "autres charges" ont augmenté, sans doute les conséquences des ruptures de contrat des anciens joueurs placés dans le "loft" à l'été 2017. Des joueurs dont le club ne voulaient plus mais qui touchaient d'importants salaires.  Il a donc bien fallu les indemniser.
 

"On a finalisé tous les contrats du loft d'un seul coup", a expliqué Gerard Lopez, la semaine dernière, dans une interview à L'Equipe. "C'est 30 millions d'euros en termes de pertes. Mais on a du cash pour payer les gens. Et sur certains transferts, on a pris la charge intégralement, en raison de la concurrence." Ce fut le cas notamment pour Thiago Maia, recrue la plus chère de l'histoire LOSC, dont le transfert a été réglé d'une seule traite de 14 millions d'euros début août 2017, comme nous l'avons révélé récemment avec nos confrères de Mediacités et Mediapart.  
 
Avec des dépenses en fortes hausses et des recettes en berne, les Dogues présentaient donc, à l'issue de la dernière saison, une perte d'exploitation record de 103 millions d'euros, hors ventes de joueurs. Un déficit alourdi par un résultat financier fortement négatif de 82,7 millions d'euros, qui tient compte des charges liées à la dette (intérêts d'emprunt), des dotations et des provisions financières. 

De belles ventes de joueurs


Seules les ventes de joueurs (ou opérations de mutation) ont permis d'alléger quelque peu la note. Malgré une saison ratée sur le plan sportif, le LOSC est quand même parvenu à réaliser un gain de 43,5 millions en cédant sept joueurs entre le 1er août 2017 et le 31 juillet 2018 (Nicolas de Préville, Martin Terrier, Naïm Sliti, Ibrahim Amadou, Eder, Stoppila Sunzu et Yves Bissouma), ainsi que les 20% qu'il lui restait sur Benjamin Pavard. Le tout sans affaiblir son effectif.
 

Ce chiffre de 43,5 millions ne correspond pas à la valeur brut des ventes réalisées, mais à leur valeur net, après déduction des charges d'amortissement qu'il restait encore sur certains joueurs vendus. Il s'agit du meilleur résultat obtenu par les Dogues depuis la saison 2011/2012 (53,6 millions d'euros) marquée par la cession d'Eden Hazard à Chelsea pour 35 millions d'euros.

Il place également le LOSC au 4e rang des meilleurs clubs vendeurs de la Ligue 1, derrière Monaco (315,5 millions d'euros), le PSG (145 millions) et l'Olympique Lyonnais (87 millions).
 


Une dette record en voie de résorption


Pour couvrir cette perte abyssale, le LOSC a dû avoir recours à l'emprunt, affichant, à l'issue de la saison 2017-2018, une dette financière record de 249 millions d'euros, selon le rapport publié par la DNCG. 
 


C'était de loin la dette financière la plus importante de toute la Ligue 1, devant celle de l'Olympique Lyonnais, essentiellement liée au financement de son nouveau stade.

La dette contractée par le LOSC lui a permis non seulement de financer ses pertes mais aussi d'afficher en fin de saison dernière une trésorerie très nettement positive (69,5 millions de disponibilités). Le club a pu ainsi assurer le paiement des salaires et de ses factures, sans risque de dépôt de bilan.
 


Mais le LOSC affichait à l'issue du dernier exercice une situation nette (ou capitaux propres) négative de -141,87 millions d'euros. Cela signifiait en clair que les dettes du club étaient très largement supérieures à son actif, c'est-à-dire l'ensemble de la richesse qu'il possède. De quoi nourrir quelques inquiétudes sur sa capacité à rembourser une telle dette.

La DNCG a donc exigé de la direction du club qu'elle rétablisse les capitaux propres. C'est ce qui a été fait le 28 janvier dernier : le LOSC a été recapitalisé à hauteur de 142 millions d'euros, grâce à un abandon de dettes consenti par deux créanciers du club : le fonds spéculatif américain Elliott à hauteur de 117 millions et Gerard Lopez lui-même à hauteur de 25 millions.
 
"On s’en satisfait d’autant plus que c’était un engagement pris par le LOSC", a commenté Jean-Marc Mickeler, le président de la DNCG, dans La Voix du Nord. "D’autres engagements ont été pris pour le futur et, comme pour tous les autres clubs, nous veillerons à ce qu’ils soient respectés".

Si la situation nette est désormais légèrement positive, le LOSC n'a pas soldé pour autant l'intégralité de sa dette financière lors de cette opération. Si on déduit le montant de la recapitalisation (142 millions d'euros) du montant de la dette globale au 31 juillet 2018 (249 millions), on obtient encore un dette financière de 107 millions d'euros. Mais il est possible que des remboursements aient été effectués depuis pour ramener la dette en-dessous des 100 millions d'euros. 
 

"Le club est endetté par un emprunt obligataire", a indiqué Gerard Lopez la semaine dernière à L'Equipe. "Il ne reste encore que JP Morgan (la banque américaine qui racheté une partie de la dette à Elliott l'été dernier NDR) avec entre 50 et 60 millions d'euros, avec des amortissements qui sont de l'ordre de 10 à 15 millions d'euros par an. Ce n'est pas du tout un truc qui va tuer le club".
 
Lors de cet entretien, le président et actionnaire majoritaire du LOSC a par ailleurs confirmé qu'Elliott et lui-même n'avaient pas renoncé à récupérer les 142 millions d'euros "abandonnés" pour équilibrer les comptes. Mais cela passera désormais par le versement de dividendes sur les futurs bénéfices générés par le club, sans échéance fixe. "On n'est plus pressé par le temps", a assuré l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois. 
 

Quelles perspectives pour la suite ?


Effectivement, si la saison 2017-2018 a été sportivement et financièrement désastreuse, les perspectives semblent bien meilleures cette année. La recapitalisation effectuée en janvier va forcément remettre les comptes du LOSC dans le vert. Mais ce n'est pas tout.

Le club nordiste ayant une masse salariale encadrée et ayant très peu dépensé en achats de joueurs l'été dernier (à peine 10 millions d'euros), les charges d'exploitation devraient diminuer, même s'il faudra encore comptabiliser les indemnités de rupture du dernier "lofteur", Vincent Enyeama, et celles de plusieurs membres du staff dirigeant (dont Jean-Michel Vandamme, l'ex-directeur général du club).
 

Les recettes commerciales, quant à elles, devraient remonter en flèche, notamment les droits TV puisque le LOSC est solidement installé à la deuxième place du classement à dix journées de la fin du championnat. Les Dogues pourraient ainsi empocher autour de 40 millions d'euros, soit 13 millions de plus que la saison dernière. 

Le déficit d'exploitation du LOSC - hors vente de joueurs - devrait donc repasser en-dessous des 100 millions d'euros, dans une fourchette qu'on peut estimer, de façon large, entre 40 et 60 millions d'euros.
 

Le LOSC a déjà réalisé également 34 millions d'euros de ventes de joueurs, hors bonus, depuis le 1er août (Kevin Malcuit, Hamza Mendyl, Lebo Mothiba et Fodé Ballo-Touré). Et Gerard Lopez a annoncé qu'il comptait bien vendre pour 100 millions d'euros supplémentaires au prochain mercato d'été. Une somme qui pourrait inclure - en fonction des offres reçues et acceptées -  les cessions de trois à cinq joueurs, dont Nicolas Pépé, Thiago Mendes et Adama Soumaoro

De quoi renouer très largement avec les bénéfices et satisfaire les créanciers. D'autant que si le LOSC décroche la 2e place du championnat de Ligue 1, il obtiendra du même coup un billet direct pour la phase de groupes de la très lucrative Ligue des Champions. Ce qui signifie au minimum une prime de participation de 15,25 millions d'euros versée par l'UEFA avant même d'avoir disputé le moindre match. Si on ajoute la billetterie pour minimum trois rencontres à domicile et diverses gratifications, les montants peuvent atteindre le double, sans même avoir à remporter la moindre victoire. 

A plus long terme, le LOSC bénéficiera également de la revalorisation des droits TV de la Ligue 1 à compter de la saison 2020/2021. Les montants perçus par chaque club pourraient ainsi doubler.


 
Vers un fair-play financier à la française ?
La Ligue de football professionnel (LFP) réfléchit à la création d'un dispositif "préventif" pour limiter l'endettement ou la masse salariale des clubs français, à la manière du fair-play financier de l'UEFA. Avec un chiffre d'affaires et des plus-values record en matière de transferts, les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 sont "au sommet d'une vague (mais) il faut préparer un futur qui pourrait être plus compliqué", a lancé Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG.

Or, "dans le système de contrôle de l'UEFA, il y a de très bonnes choses", notamment "l'utilisation de ratios préventifs" a dit le "gendarme financier" du foot français, lors d'une conférence de presse mercredi au siège de la Ligue. Mis en place au début des années 2010, le fair-play financier interdit aux clubs engagés en compétitions européennes de dépenser plus qu'ils ne gagnent par leurs propres moyens, dans la limite de 30 millions d'euros de déficit sur trois saisons.

Il faut peut-être aussi créer en France "un système plus contraignant pour les clubs", afin d'avoir "plus de discipline et de cohérence" et "définir des règles du jeu claires pour (...) des nouveaux investisseurs qui arriveront demain dans le football français", a développé M. Mickeler.

Deux pistes sont à l'étude: un ratio "masse salariale totale d'un club par rapport aux revenus générés par ce club, hors transfert", ou un ratio "dettes sur fonds propres".

"Ceci va donner lieu à un groupe de travail piloté par la DNCG, avec les clubs, pour réfléchir à la définition et l'évolution de ses ratios", a précisé Didier Quillot, directeur général de la LFP. Les conclusions sont attendues dans la seconde moitié de 2019, "pour une mise en application pour la saison 2020/2021", a-t-il affirmé.

(Avec AFP)
 
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