Il est le nouveau visage de la franc-maçonnerie française. Nicolas Penin, 48 ans, a été élu Grand Maître du Grand Orient de France (GODF) par les Conseillers de l'Ordre réunis à Lille. Spécialiste des questions d'éducation, ce natif de Béthune était jusque-là secrétaire régional de l'Unsa-Éducation Hauts-de-France.
Environ deux mille francs-maçons sont réunis à Lille en cette fin août pour l’Assemblée générale du Grand Orient de France (GODF). C’est dans ce cadre que Nicolas Penin, jusqu’alors secrétaire régional du syndicat Unsa-Éducation dans les Hauts-de-France, a été élu Grand Maître du GODF. “C’est une responsabilité de présider une organisation de 54000 hommes et femmes. Et quelle histoire ! L’année dernière, nous avons fêté les 250 ans de notre appellation Grand Orient de France”, explique Nicolas Penin. “Je serai le visage, l'exécutant de ce que le GODF souhaite porter, lorsqu’on le sollicite et qu’on lui demande d’être une vigie et une sentinelle pour la République. Je serai celui qui portera la voix claire publique et politique de l’organisation.”
Avec ses 1395 loges, le Grand Orient de France, d'une sensibilité généralement classée à gauche, est la plus grande obédience maçonnique française. Son activité principale consiste en l'organisation de débats internes sur des sujets de société, tels que la laïcité, l'environnement, les questions sociales ou éthiques. Son Grand Maître est l'une des rares personnalités visibles de cette organisation dont les membres ne sont pas censés révéler leur appartenance.
"Protéger et consolider l'école laïque"
Diplômé en histoire à l'université d'Artois à Arras, le nouveau patron du GODF a fait carrière au sein de l'Éducation nationale en tant que conseiller principal d'éducation. Père de trois enfants, Nicolas Penin entend faire de l'école de la République un enjeu majeur de son mandat : “L’éducation est un combat particulier pour le GODF, car nous sommes très attachés à la transmission. Nous devons protéger et consolider l’école laïque et publique, pour qu’elle devienne un outil républicain qui réinstaure le fait d'accepter de vivre ensemble malgré nos différences, en paix et en sérénité.”
Quelques semaines après la dissolution de l’Assemblée nationale et les élections législatives, Nicolas Penin dresse le portrait d’une société française qui “traverse une crise de démocratie, une crise de sens : les hommes et les femmes de ce pays ont envie de savoir où ils vont dans un monde incertain. Nous prenons nos responsabilités en disant que la haine, l’antisémitisme et la xénophobie sont une mauvaise réponse pour la France, pour la République, et pour nos idéaux car c’est l’opposé de ce que nous sommes.”
Nicolas Penin succède à Guillaume Trichard, qui avait pris ses fonctions il y a un an. Ayant déjà effectué deux ans au Conseil de l'Ordre, organe de direction du Grand Orient, Nicolas Penin restera également un an au poste de Grand Maître. Au cours de son mandat, il portera notamment les célébrations du centième anniversaire du transfert des cendres de Jean Jaurès au Panthéon, ou encore les 120 ans de la loi de séparation des Églises et de l’État.