"Gaëlle, nous finirons par travailler ensemble" : Nagui cosigne le livre d'or du concert des 30 ans de Taratata avec une photographe de Maubeuge

Elle est la photographe exclusive de l’émission spéciale 30 ans de Taratata. Gaëlle Ghesquière, née à Maubeuge, cosigne avec Nagui le livre d’or du concert qui sortira le 21 novembre 2024 et qui dévoile les coulisses de l'événement. Rencontre.

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Johnny Hallyday, Jean-Jacques Goldman, mais aussi Lady Gaga ou David Bowie... Avec 30 ans d'existence et presque 600 shows, Taratata est le rendez-vous incontournable des grands talents de la musique. Le 21 novembre 2024 sera publié le livre du concert événement des 30 ans, cosigné par Nagui et la nordiste Gaëlle Ghesquière, photographe exclusive de l'événement. 

Parfois, une rencontre suffit pour changer notre vie. Pour Gaëlle Ghesquière, ce sont plusieurs rencontres qui ont changé sa vie. Le destin a toujours été bienveillant et surprenant à son égard. Comment le hasard a fait qu’aujourd’hui elle cosigne le livre d’or de Taratata avec Nagui ?

Tout est parti d’une exposition des photos de Gaëlle. Nagui découvre par hasard, lors de l'enregistrement d’une émission, une invitation pour cette exposition et décide de s’y rendre. Il flashe sur une photo de Bruce Springsteen monté sur scène rejoindre Mick Jagger et les Rolling Stones, lors d’un concert à Lisbonne en 2014, et l'achète. Gaëlle va lui livrer et Nagui lui envoie ensuite un SMS : "Gaëlle, nous finirons par travailler ensemble".  C’est chose faite, puisqu’il l’a choisie pour être la photographe exclusive de l’émission spéciale 30 ans de Taratata.

Notre petit bout de femme est la seule photographe de l’émission. "Grosse pression pour moi ! Avec toujours la peur que quelque chose ne fonctionne pas, que les photos soient ratées, qu’il y ait un problème technique. Trois jours où j’ai peu dormi, 84 artistes, les répétitions, le sentiment de prendre la place de quelqu’un. Je me retrouve à être la photographe exclusive grâce à Nagui qui l’a voulu. J’évolue entre les câbles, les caméras, à essayer d’être la plus discrète possible pour immortaliser ce moment unique de cette émission, unique elle aussi ".

Nagui a refusé d’avoir son nom en premier, il a dit : "Les femmes d’abord !"

Gaëlle Ghesquière, photographe

De l’émission au livre

S'ensuit un long travail commun pour la conception du livre d’or (à paraître aux Éditions Michel Lafon). Les photos des coulisses, les live de chaque artiste, sont illustrées par des anecdotes de Nagui. Tous les artistes présents pour l’émission ont fait un petit mot, un dessin. Gaëlle, pour faire plaisir à Nagui, a même pris contact avec Jean-Jacques Goldman, qui a brisé son silence pour écrire un message personnel. Gaëlle se souvient que pendant la conception du livre au début de l’été, Nagui était exténué : "Je lui ai ramené des fraises de mon gardin de ch’Nord, il a dit :  "Je vais aller mieux maintenant que j’ai des fraises du Nord"." (Rires)

Un duo tellement fort, qu’il met toujours Gaëlle en avant dans chacune des interviews qu’il accorde, mais aussi sur la couverture : "Il a refusé d’avoir son nom en premier, il a dit : "Les femmes d’abord !", pourtant je suis nettement moins connue que lui !"

Gaëlle et Nagui seront réunis le 12 novembre prochain à 19 heures, à la librairie Gallimard à Paris. Une première pour Nagui qui a tenu à ce que tous les droits soient reversés à la recherche contre le cancer avec la Fondation pour la Recherche Médicale

D’étudiante en lettres à photographe

Gaëlle Ghesquière est née à Maubeuge, dans le Nord. Elle grandit à Amiens (80), Compiègne (60) et part à Paris pour suivre ses études en Hypokhâgne. Nous sommes au milieu des années 90, et la jeune étudiante prépare une maîtrise "en parler wallon picard, je suis bilingue ch’ti" (elle est titulaire d’un DEA en lettres modernes). Cette acharnée du travail s’ennuie malgré tout à la fac. Une amie lui fait une proposition : "Si tu veux, passe-moi ton CV, mon cousin travaille au Figaro, tu pourrais peut-être y faire un stage pour passer le temps."

Voici donc Gaëlle en stage au Figaro ! Elle rencontre Franz-Olivier Giesbert qui lui propose d’aller prendre les photos du concert des Red Hot Chili Peppers : "Je rêvais d’aller à ce concert, le premier de ma vie, car c’était le groupe que j’écoutais en boucle. Je n’ai jamais eu la passion de la musique, du rock, de la photo, mais comme tout le monde, j’écoutais sans arrêt l’artiste du moment qui me plaisait. Plus jeune, je pratiquais la danse classique ; de plus, ma mère étant enseignante, j’ai reçu les valeurs du travail et de la rigueur."

À la question : « As-tu un appareil photo ? », Gaëlle répond oui et fonce acheter des jetables à la supérette du coin ! On l’envoie chercher un pass-photo à l’étage du dessous, elle se trompe de porte, atterrit au service photos de France-Soir et repart avec son accréditation.

Sur un malentendu, son destin bascule

Nous sommes en octobre 1995, au Zénith de Paris. Gaëlle se retrouve dans l’espace réservé aux photographes. La règle est ainsi faite : trois titres pour prendre les artistes en photo (parfois deux), après, en fonction des desiderata des artistes et de la production, soit les photographes professionnels sont priés de partir, soit ils peuvent assister au concert depuis la salle.

C’est ce que fait notre jeune photographe en herbe, elle est venue pour voir le concert. C’est alors qu’une personne de la maison de disques du groupe vient vers elle : "Vous êtes photographe ? Parce qu’après le concert, les Red Hot vont recevoir un disque d’or et on a besoin d’un photographe pour immortaliser ce moment. Rendez-vous à côté du rideau noir tout à l’heure".

Voilà Gaëlle propulsée photographe coulisses ! On ne va pas vous mentir, elle n’en mène pas large ! Mais elle ne se dégonfle pas et se retrouve seule, face au groupe qu’elle admire, pour réaliser cette photo officielle. Complicité avec nos artistes installés en rang "comme une photo de classe" et lorsqu’ils voient son appareil photo et que l’un des membres du groupe l’interpelle (Anthony Kiedis, le chanteur principal), Gaëlle dira en souriant : "New technology."

 

Et l’histoire ne s'arrête pas là...

Elle raconte alors ses aventures à la secrétaire de France-Soir qui a la bonne idée d’appeler Philippe Manœuvre (rédacteur en chef de Rock and Folk) et de tout lui expliquer. "À l’époque, nous avions des répondeurs à cassettes à la maison. J'ai gardé celle-là précieusement, car recevoir un appel de Philippe Manœuvre qui a flashé sur mes photos live du concert des Red Hot, et qui souhaite me rencontrer…"

À la suite de cette fabuleuse rencontre, tout s’accélère. Gaëlle achète un appareil photo (même si au début, elle prend encore les photos de concerts avec des Instamatic) et part dès le lendemain photographier Tina Turner.

Gaëlle est une travailleuse acharnée, elle achète des livres sur l’art de la photographie pour apprendre les techniques indispensables, les réglages… Elle s’entraîne directement en prenant les photos des artistes qui lui ont été demandées. "Aux Etats-Unis, je me suis perfectionnée dans mes bidouilles photographiques en faisant les portraits d’Ozzy Osbourne et de Lou Reed !" Elle est aujourd’hui une spécialiste des portraits d’artistes.

Il faut avoir un minimum de psychologie pour faire ce métier, ne pas déranger, ne pas gêner l’artiste et bien sûr, le respecter.

Gaëlle Ghesquière, photographe

Une carrière incroyable

Gaëlle possède un instinct qu’elle ignorait pour prendre des photos. C’est cela qu’a décelé Philippe Manœuvre, mais pas seulement. Il voulait aussi féminiser la rédaction de Rock and Folk. Et avouons qu’il a bien fait ! Car trente années plus tard, la carrière de Gaëlle est immense. Elle garde pourtant les pieds sur terre, n’a pas attrapé la grosse tête, voit les choses avec beaucoup de recul, relativise et a bien compris la chance qu’elle a. Combien auraient aimé être à sa place et vivre ce qu’elle vit ?

Elle, on la remarque lorsqu’elle arrive quelque part pour prendre ses clichés. Gaëlle mesure 1m60, "ce n’est pas très grand, alors je monte sur ma mallette pour travailler", une jolie chevelure fauve, un look qui n’est pas celui du milieu de la photo. Dès qu’elle a terminé ses clichés, elle fonce les développer, pour qu'ils soient sur le bureau du rédacteur en chef à la première heure.

Certaines phrases l’ont marquée et l’inspirent encore aujourd’hui. Comme celle de Sylvia Monfort, comédienne française et directrice de théâtre, qui l’avait repérée lors d’une pièce jouée avec sa classe à Compiègne : "Quoique tu fasses dans ta vie, fais-le en bon amateur, mais jamais en professionnel". Elle avait proposé aux parents de Gaëlle de lui faire suivre une école de théâtre à Paris "mais j’étais jeune et provinciale, alors ça ne s’est pas fait…".

Elle enchaîne les concerts, en couvre parfois deux, voire trois dans la soirée. Gaëlle m’explique le fonctionnement des photographes, pour résumer le voici :

Premier niveau : celui de ses débuts, où avec son accréditation presse, elle dispose de quelques minutes pour prendre les photos qui seront publiées dans le magazine ou le journal pour lequel elle travaille. Puis vient le statut de photographe officiel, à la demande de l’artiste (comme Madonna qui l’a choisie en 2000 pour la séance photos de promotion de l’album Music) et enfin le "All Access" où le photographe va où il veut. "Il faut avoir un minimum de psychologie pour faire ce métier, ne pas déranger, ne pas gêner l’artiste et bien sûr, le respecter".

Le temps des livres

All Access, c’est justement le titre du premier livre de Gaëlle. Paru en octobre 2003, il vous emmène, grâce à ses photos et textes, de la scène aux coulisses pop rock.

Bien sûr, tous les artistes la touchent, résonnent en elle, et les photos qu’elle partage avec nous sont des moments immortels de ces artistes. Elle évoque NTM That’s My People, livre paru en 2019 dans le cadre de la dernière tournée du groupe. Gaëlle les suit depuis un moment, un vrai lien s’est tissé avec eux et en particulier avec Joey Starr : "Joey est coauteur avec moi, il a été très ému en découvrant les mots que sa maman m’avait confiés."

En 2022, à l’occasion des 60 ans des Rolling Stones, Gaëlle a voulu leur rendre hommage, elle qui les suit depuis de nombreuses années. Elle a ouvert ses archives avec l’aval du groupe. Des témoignages, des anecdotes, des photos exclusives et un SMS de Keith Richards qui lui confie s’être marré en lisant le livre. Le graal, non ? (The Rolling Stones paru aux éditions Plon en 2022).

durée de la vidéo : 00h13mn00s
Originaire du Nord, Gaëlle Ghesquière une photographe de stars ©France Télévisions

>>>Voir ou revoir l'émission avec Gaëlle Ghesquière en cliquant sur l'image

Officier de l'ordre des Arts et des Lettres

Y a-t-il des artistes qu’elle regrette de ne pas avoir photographiés ? Gaëlle répond : "Je n’étais pas encore entrée dans ce milieu car il est décédé en 1994, c’est Kurt Cobain du groupe Nirvana. Il y a un autre artiste aussi, mais là c’est parce que tout simplement je n’étais pas née, Jimmy Hendrix". Et que dirait-elle à la petite fille qu’elle était si elle en avait l’occasion ? "Mais que s’est-il passé dans ta vie ? Tu as eu raison de bosser comme une dingue, d’être carrée, exigeante, car tu vas être très heureuse plus tard".

Gaëlle Ghesquière a été nommée Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en juin 2022 : "J’ai pris cela comme un nouveau bac, c’était une surprise totale quand j’ai découvert la lettre de la ministre de la Culture, Roseline Bachelot, dans ma boîte aux lettres". Et cet été, le 2 juillet 2024, elle a été élevée au grade d'Officier de l'ordre des Arts et des Lettres par Rachida Dati. Elle attend la date précise où, avec Philippe Manœuvre, ils seront décorés. Une juste récompense de son travail de partage et de transmission.

 

Pour découvrir le travail de Gaëlle Ghesquière, rendez-vous sur les réseaux ou son site internet en cliquant ici.

Article déjà paru sous une autre forme le 30 mars 2024

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