"Gravelines" fait partie des titres du nouvel album groupe bordelais Eiffel, sorti dans les bacs la semaine dernière. La chanson imagine, de façon poétique et imagée, une catastrophe nucléaire survenant à la centrale de Gravelines dans le Nord.
Henri Salvador a chanté "Hénin-Liétard", Indochine "Dunkerque", Fançoiz Breut "Loon-Plage" et Julien Doré "Roubaix, mon amour"... aujourd'hui, c'est au tour d'une nouvelle ville nordiste d'être portée en chanson : Gravelines.
"Gravelines" est en effet le 11e des 13 titres de "Stupor Machine", le tout nouvel album du groupe rock bordelais Eiffel, compagnon de route de Noir Désir et de Bertrand Cantat.
Dans cette chanson, il n'est pas question de la citadelle, encore moins du club de basket du BCM, mais de la centrale nucléaire de Gravelines, la plus importante d'Europe de l'ouest avec ses six réacteurs refroidis par les eaux de la Mer du Nord. Il est surtout question d'une catastophe nucléaire qui surviendrait dans cette centrale... Pas forcément la meilleure pub pour la cité cotière.
"Tango, le dernier / Amours hiroshimés / Enfants terribles irradiés / Que daubent les cheminées", chante ainsi Romain Humeau, leader et parolier d'Eiffel, sur un mélodie inspiré par Lou Reed et son célèbre morceau doux-amer "Perfect Day".
"Je n’avais pas connaissance du nom Gravelines mais j’étais persuadé que ça existait en anglais", a confié le musicien dans une interview donnée à Desinvolt.fr. "Après j’ai cherché et j’ai vu qu’il y avait un Gravelines en France et puis que c’était une centrale nucléaire".
"Je me suis dit que j’allais faire une sorte de Tristan et Iseult, de Roméo et Juliette, blés en herbe, c’est-à-dire deux amoureux de 15 ans qui s’embrassent", explique Romain Humeau dans ce même entretien. "Ils vont mourir, ils sont devant le reste d’une cheminée de Gravelines".
Le chanteur d'Eiffel a voulu "y mettre une forme de beauté, en anglais, par la description". "Donc il y a des renards bleus, des corbeaux rouges qui hurlent ou qui chantent à la mort", décrit-il. "Il y a une salamandre ébahie sur une tombe nouvelle qui est là, qui ne comprend pas ce qui lui est arrivée… tout le monde est mort, c’est catastrophique. Et ces deux amoureux qui s’adorent se donnent un dernier baiser. C’est un romantisme cucul-la-praline, j’aime beaucoup ça".
Eiffel est actuellement en tournée, avec plusieurs dates programmées en Belgique ce mois-ci ainsi que pendant l'été. Le groupe bordelais passera également par les Hauts-de-France à l'automne et cet hiver, avec des concerts prévus au Théâtre d'Anzin (28 novembre 2019), à L'Ouvre-Boîte de Beauvais (30 novembre) ainsi qu'à l'Espace culturel Grossemy à Bruay-la-Buissière (1er février 2020).
"Gravelines" : le texte de Romain Humeau
Black rain in GravelinesTwo lovers mind in mind
Melting their kisses
With the grave's Night
Last waltz in Gravelines
Blood's brooks are rushing dry
And red rooks are singing
To the end Of time
Coeurs collés serrés
Idylle atomisée
Tristan, Iseult irradiés
À la cime des cheminées
Black rain in Gravelines
Two lovers mind in mind
Smelting their passions
Within doom's Shrine
Crossbones in Gravelines
Strange fruits are floating high
Blue foxes are baying
At the moon's Child
Coeurs collés serrés
Amants atomisés
Au blé en herbe irradié
Ricanent les cheminées
As-tu senti la pluie fine
Battre sur Gravelines ?
Vols d'éperviers mutants
Cygnes aux becs tranchants
Et de bûchers en décombres
Sur l'air des vanités
Les hardcores effaçaient
Petits monarques d'une dernière ombre
Black rain in Gravelines
Two lovers minds entwined
And dazed salamander
On the tomb
Lie
Tango, le dernier
Amours hiroshimés
Enfants terribles irradiés
Que daubent les cheminées
Et à l'infini crachinent
Aux abords Gravelines
Les hardcores en épine
De la Stupor Machine
Que les coraux d'amertume
Dans les mers émincées
Dégueulent en poissons lunes
Ventres ouverts aux vents troués
Black rain in Gravelines
Two lovers mind in mind
Smelting their kisses
With the end Of time