L'Opalico : entre fraternité et tensions, récit d'un jeune derby entre Gravelines-Dunkerque et Le Portel

De la communion carnavalesque à l'affaire de la banderole infamante, le derby nordiste s'est forgé une histoire faite de ferveur et d'inimitié, ces six dernières années. La 14ème confrontation entre les deux clubs sera diffusée sur France 3 Nord Pas-de-Calais, à 15h15, dimanche 8 janvier.

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L'Opalico est né dans la fraternité, un soir de janvier 2017. La scène se joue au Sportica, après le coup de sifflet final du match opposant Gravelines-Dunkerque au Portel. Le BCM  vient de l'emporter face à son rival régional, qui vit sa première saison en Pro A. Mais ce n'est pas le score qu'on retiendra de cette rencontre. C'est l'ambiance d'après-match. De celle qui forge des souvenirs pendant des années et donne du corps à un derby tout juste naissant.

Sur le parquet, les Gravelinois célèbrent leur victoire, à coup de tambours et de trompettes. "Puis ils sont venus nous chercher pour jouer ensemble", se souvient Franck Cazier, président du groupe des Musicos, le plus ancien des cops de fans de l'ESSM. Ensemble, maillots verts et maillots orange entonnent le chant à cô Pinard, l'hymne des carnavaleux. "C'était un moment de communion", se rappelle le Portelois. "Ce premier derby restera marqué dans les mémoires, c’est certain", ajoute Geoffrey Bailly, président du cop des Marin's pour le BCM.

Les vidéos tournent encore sur les réseaux sociaux. "Ambiance de folie", "ferveur du Nord", les hyperboles se comptent par dizaine en commentaires. Un moment de liesse aussi rare que précieux dans les derbys sportifs. Christian Monschau, coach du BCM à l'époque (2008-2017), ne s'y trompe pas : "On est très heureux d’avoir remporté ce match dans une ambiance unique, déclare-t-il en conférence de presse. En 30 ans ici, on n’a jamais vu ça selon les anciens."

Après la fête, la banderole de la discorde

"Après, il y a eu des petites histoires...", lâche Franck Cazier. Le fan portelois ne fait pas encore référence à l'affaire de la banderole, en novembre 2021, qui sera pour lui un point de non-retour. Non, il évoque les railleries sur les réseaux sociaux. "Certains discours ont été difficile à digérer, raconte-t-il. Par exemple, qu'on chante des musiques du carnaval, ça les dérange un peu, car pour eux, le carnaval, c'est Dunkerque, pas Le Portel."

Alors que le climat de sympathie entre les deux clubs s'effritent, un match viendra crisper davantage la relation entre les deux publics de Pro A, distant d'une cinquantaine de kilomètres à peine.

Vendredi 5 novembre 2021, le Sportica accueille son rival de la côte d'Opale. Dans les tribunes des locaux, une banderole est déployée à l'adresse des supporters adversaires avec la mention : "Bienvenue aux rats Portelois." Si aucune photo ne circule, celle-ci ne passe pas inaperçu. L'affaire remonte jusqu'à la commission disciplinaire de la Ligue nationale de basket, sanctionnée d'une amende de 1.500 euros et de la fermeture d'une tribune pour un match.

La direction du BCM, notamment par la voix du son manager général Hervé Beddeleem, s'était excusée. "Cette banderole était déplacée et n'avait rien à faire dans nos travées", écrivait-il sur Twitter à destination de l'ESSM.

"Du chambrage"

Aujourd'hui encore, les Marin's, accusés d'avoir écrit cette banderole - mais qu'ils ne revendiquent toujours pas à ce jour - associent ces propos à du "chambrage". "Il ne faut pas oublier les choses qui se passent dans les derbys entre Pau et Limoges, illustre Geoffrey Bailly. Même si en tant que président, je sais qu’il faut mettre des holàs. On ne va pas aller se mettre sur la tronche à la sortie de la salle non plus."

Pourtant, plus d'un an plus tard, le malaise est encore bien palpable dans les rangs portelois. "On ne peut plus communier avec des gens qui nous méprisent, assure Franck Cazier, à la tête d'une fanfare de 50 musiciens. Dimanche, on ira à Gravelines pour voir nos joueurs, et faire notre rôle de sixième homme, c'est tout."

Les Portelois boudent le Sportica

Si les Musicos feront le déplacement, de nombreux supporters bouderont le rendez-vous. Ce sera le cas de Sylvie Grande, soutient des blancs et verts depuis une vingtaine d'années. Elle a récemment monté son propre cop, les Chtis Portelois, composé d'une trentaine de personnes. Mais ne donnera pas de la voix dans les tribunes du Sportica. "Tous ces dérapages ont terni l'ambiance, justifie-t-elle. Puis, quand vous allez la bas et que vous vous retrouvez debout, en haut des tribunes, au niveau des coursives, vous ne voyez pas grand-chose."

"On n'est pas mieux accueilli chez eux, rétorque Geoffrey Bailly, des Marin's. Nous, on nous fait sortir dans la boue par les sorties de secours pour ne pas croiser les supporters du Portel." S'il ne boycotte pas les déplacements au Chaudron, il évoque une certaine inquiétude à l'idée de s'y rendre pour encourager les siens :"quand on va au Portel, on ne sait pas à quoi s’attendre."

"Les choses ne sont plus les mêmes", selon Girard

Cette inimitié grandissante, Eric Girard s'en désole. Dans une interview réalisée par le club, le coach de l'ESSM s'exprime sur le sujet : "Depuis quelques derbys, je ne sais pas pourquoi, il n’y a plus cette ambiance entre les supporters. Cette osmose entre les supporters de Gravelines et les nôtres donnait un vrai esprit de derby et de convivialité. Là, c’est entrain de tourner dans un sens un peu particulier, je ne sais pas a cause de qui c’est du. Mais les choses ne sont plus les mêmes, c’est dommage."

L'enjeu sportif, lui, reste de mise. D'autant plus cette année, alors que les deux équipes se côtoient en bas de tableau (14e pour Gravelines, 16e pour Le Portel). "En tant que coach, c’est un match de championnat comme un autre", explique Laurent Legname, loin de ses ambitions de début de saison. "On n’est pas à la place où on devait être, donc chaque victoire est importante pour pouvoir regarder au dessus, appuie l'ailier Romuald Morency. Et on espère qu’il y aura une bonne ambiance, comme l’année dernière. Ca nous avait permis de dérouler et d'être performant."

Nul doute que le joueur trouvera un public acquis à sa cause, alors que de nombreux Portelois resteront à la maison pour regarder le match à la télévision. La billetterie du club annonce d'ores et déjà que le 14ème Opalico (8 victoires pour le BCM, 5 pour le Portel) se déroulera à guichet fermé.

BCM Gravelines-Dunkerque vs ESSM Le Portel, dimanche 8 janvier, à 15h15, en direct sur France 3 Nord Pas-de-Calais et sur notre site internet.

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