Dans son rapport publié ce mardi 20 juin 2023, l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) indique qu'un nombre "très important" d'événements significatifs a été enregistré à la centrale nucléaire de Gravelines en 2022.
Avec ses 6 réacteurs, elle est la plus grosse centrale nucléaire d’Europe de l’Ouest. Exploitée par EDF, la centrale nucléaire de Gravelines a été passée au peigne fin par les 19 agents de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, l’autorité administrative indépendante chargée des contrôles de l’activité nucléaire civile en France.
Maintenance des réacteurs, mesures mises en place pour protéger l’environnement, sûreté nucléaire… Un rapport détaillé qui pointe une tendance principale pour l’année 2022 : les performances de la centrale nucléaire de Gravelines sont en retrait en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection "par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF". Détails.
1. Un nombre "très important" d'événements significatifs
Premier critère pris en compte par l’ASN : le nombre d’événements significatifs recensés dans la centrale nucléaire. Ils sont classés sur l’échelle INES, l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, allant de 1 à 7. À Gravelines, un "nombre très important" d’événements significatifs a été relevé en 2022, indique l’ASN. La grande majorité d’entre eux étaient classés au niveau 0 – comprendre de simples écarts – mais 12 événements ont été classés au niveau 1, dont 3 en matière de radioprotection.
L’année a été marquée par un nombre d’événements significatifs déclarés à l’ASN plus important que celui des années précédentes et supérieur à la moyenne des réacteurs d’EDF, même si le nombre d’événements classés au niveau 1 reste stable.
Rapport de l’ASN sur la centrale nucléaire de Gravelines
À titre de comparaison, une centaine d’événements sont classés chaque année au niveau 1 par l’ASN en France. Il peut s’agir d’anomalies, d’utilisation anormale de sources radioactives ou encore d’erreurs humaines. Ainsi, en matière de radioprotection, l’ASN considère que "la situation (à la centrale nucléaire de Gravelines) reste dégradée et que le site ne parvient toujours pas à rétablir un niveau satisfaisant".
Des efforts doivent ainsi "être développés", notamment en matière de radioprotection des personnes qui travaillent sur le site.
2. Pas une semaine sans qu'un réacteur ne soit à l'arrêt en 2022
L’autre aspect abordé par le rapport de l’ASN concerne les périodes de maintenance et les durées d’arrêt de réacteurs plus importantes que les prévisions. Un chiffre pour illustrer ces propos : sur l’année 2022, 405 jours d’arrêts étaient prévus en additionnant les périodes d’arrêt des 6 réacteurs. Au total, 841 jours d’arrêt ont été comptabilisés, soit plus du double des prévisions.
En cause notamment, les visites décennales qui s’enchaînent pour les réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines. Ainsi, en 2022, il n’y a pas eu une semaine sans qu’un réacteur ne soit à l’arrêt. Durant l’été 2022, 3 des 6 réacteurs étaient même à l’arrêt en même temps.
3. La protection de l'environnement améliorée
Point positif souligné par l’ASN, la centrale nucléaire de Gravelines a amélioré sa réponse, en matière de maintenance, face aux enjeux de protection de l’environnement. Néanmoins, des efforts restent à fournir notamment en contrôlant mieux le rejet des émissions de gaz à effet de serre.
15 inspecteurs de l’Autorité de Sûreté Nucléaire sont actuellement sur le site de la centrale pour mettre en œuvre des réponses concrètes pour diminuer les émissions.
4. Les accidents du travail toujours élevés
En matière d’inspection du travail, un plan a été mis en place en 2018 par l’ancienne direction du site pour tenter de faire diminuer le nombre d’accidents du travail. Mais force est de constater que 5 années plus tard, ce nombre demeure "à un niveau élevé", indique l’ASN.
Cela s’explique à la fois par des comportements individuels mais également par une organisation du travail qui présente encore des lacunes. Ainsi, l’ASN assure que "la moitié des événements auraient pu être évités si les agents avaient appliqué les procédures, les fondamentaux".
Un point qui sera particulièrement observé par les agents de l’ASN lors des prochains contrôles prévus cette année.