C'est une pièce unique, un rescapé de l'histoire. Ce monstre de métal est aussi une bête éventrée, touchée à mort, un mémorial qui renferme encore l'ADN de ses occupants. Ce char britannique est l'un des 476 chars engagés dans la première bataille de Cambrai dans le Nord de la France, première bataille mécanique de la Grande Guerre.
20 novembre 1917 à Flesquières. Ce char Mark IV, baptisé Deborah arrive sur les hauteurs de ce village du Cambraisis. Mais cet engin redoutable de 28 tonnes est vulnérable. La machine est lente, à peine 6 kilomètres heure. Dans son espace confiné et sombre, 8 hommes d'équipage. Le bruit du moteur et des chenilles est infernal. L'habitacle est enfumé, le blindage insuffisant.
Quand une balle de fusil frappe la tôle, la déformation du métal projette des particules incandescentes. La seule protection, c'est un masque de fer et de cuir complété d'une cote de maille. L'obus qui a frappé Deborah a percé le blindage avant d'exploser à l'intérieur. Quatre de ses occupants sont tués, un cinquième est porté disparu.
Deborah restera sur place jusqu'à la fin du conflit. En 1920, on lui offre en quelque sorte une sépulture , on l'enterre dans un champ sous 2 mètres de terre. Près de 80 ans plus tard, un passionné de la Grande Guerre retrouve le char, l'exhume et l'expose dans une ancienne grange. Ce char, classé monument historique est aujourd'hui la pièce maîtresse du tout nouveau centre d'interprétation de la bataille de Cambrai.
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