Incendie du camp de Grande-Synthe : le gouvernement propose des hébergements d'urgence

Les autorités sont parvenues mardi soir à trouver un hébergement d'urgence pour un millier des quelque 1.400 migrants tombés dans le dénuement après l'incendie survenu la nuit précédente de leur camp de Grande-Synthe.

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Seuls environ 70 chalets en bois ont réchappé au sinistre, sur les 300 que comptait le site, ouvert en mars 2016 et qui se voulait une réalisation "exemplaire", selon son promoteur, le maire écologiste de Grande-Synthe, Damien Carême. De l'aveu de ce dernier, "la surpopulation" du camp depuis le démantèlement de la "Jungle" de Calais fin octobre, "a créé des difficultés" à l'origine du drame.



"Il n'y aura pas de reconstruction de nouveau campement ici", a déclaré le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, venu sur les lieux avec sa collègue au Logement, Emmanuel Cosse. "Il faudra, avec les élus et les associations, trouver les bonnes solutions", a-t-il ajouté. Emmanuelle Cosse a annoncé l'ouverture mardi soir d'un quatrième gymnase, à Dunkerque, s'ajoutant aux trois autres déjà ouverts à Grande-Synthe. En tout, ce sont "1.000 personnes" qui seront à l'abri pour la nuit, a déclaré la ministre.



"Nous travaillons à la mise à l'abri de 150 migrants afghans supplémentaires, repérés hors de la ville", a-t-elle précisé. L'objectif est que le séjour en gymnase soit "le plus court" possible, a déclaré Mme Cosse. Selon la ministre, "à partir de demain" mercredi auront lieu des départs vers des centres d'accueil et d'orientation (CAO) établis un peu partout sur le territoire, initialement pour accueillir les migrants de Calais après le démantèlement de la "Jungle". Ces départs connaîtront "une accélération d'ici la fin de la semaine pour les publics vulnérables" (femmes enceintes, familles avec de jeunes enfants...)

La totalité du camp avait été évacuée dans la nuit de lundi à mardi mais près des deux tiers des migrants de Grande-Synthe s'étaient "évaporés dans la nature", dormant sans doute dehors, d'après Christian Salomé, président de l'association L'Auberge des migrants. Le maire a appelé ses confrères à "la solidarité et à ouvrir des centres d'accueil" dans leur commune. "Là où des migrants ont été accueillis, cela s'est bien passé", a-t-il affirmé.

La priorité : mettre les migrants à l'abri


Selon le préfet du Nord Michel Lalande et le récit de migrants, les multiples feux allumés dans le camp lundi - qui ont fini par embraser les chalets de bois, dont certains étaient très proches les uns des autres -, ont eu pour origine de violentes bagarres entre Kurdes d'Irak et Afghans, malgré d'importants renforts policiers. Treize personnes ont été blessées, selon le procureur de Dunkerque, dont quatre par arme blanche. L'un d'eux a dû être opéré à l'abdomen.

Pour le préfet Lalande, la priorité des autorités était de "mettre à l'abri les migrants qui errent sur les grands axes routiers" de la région et de "consolider un accueil d'urgence". "Mais il faut ensuite qu'il y ait une volonté très claire de les prendre en charge, et ce n'est pas vraiment le cas aujourd'hui", a déclaré Corinne Torre, chef de mission France MSF. La Cimade a réitéré "plus que jamais la nécessité de créer des lieux d'accueil humanitaire sur le littoral" pour "permettre aux personnes migrantes de sortir de l'errance et des graves dangers auxquels elles sont exposées".

Christian Salomé a demandé au gouvernement d'ouvrir "un corridor humanitaire pour que les mineurs puissent rejoindre la Grande-Bretagne". Une position partagée par le directeur général de France terre d'asile, Pierre Henry, qui a demandé "la réouverture des voies d'immigration légales" avec ce pays et l'application "des règlements européens qui permettent le rapprochement familial".



A moins de deux semaines de la présidentielle, l'incendie de Grande-Synthe a aussi fait réagir les candidats à l'Elysée ou leurs proches. Marine Le Pen a vu dans le drame "le signe du grand chaos migratoire" dans le pays, François Fillon la preuve "que la construction de camps n'est pas la solution". "On ne fait pas de "politicaillerie" sur des faits divers qui auraient pu tourner très tragiquement", a répliqué un proche d'Emmanuel Macron, Richard Ferrand.
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