Lors de ses voeux à la presse, hier, à l'hôtel de Ville, l'occasion était toute trouvée pour évoquer l'avenir politique de Martine Aubry à la tête de la mairie de Lille, à deux ans du prochain scrutin municipal.
Deux ans, le compte à rebours est lancé. Et cette fois, Martine Aubry devrait prendre sa retraite politique, définitivement, "au plus tard à la fin de mon mandat", c’est-à-dire en 2026, date de la prochaine élection municipale. "Au plus tard", de quoi insinuer qu'elle pourrait quitter le poste de maire de Lille plus rapidement que prévu. Et pour cause, à 73 ans et après 23 années passées à la tête de la quatrième ville de France, Martine Aubry affiche une certaine sérénité devant les caméras. Celle des vieux sages qui dressent le bilan plutôt qu'ils ne se lancent dans de nouvelles batailles. Celle de ceux qui préparent leur succession. Le sujet s'impose naturellement. Qui pour remplacer l'emblématique maire de Lille ?
Audrey Linkenheld ? La fidèle première adjointe pendant plus de trois ans, forte d'expériences nationales : un mandat de député jusqu'en 2017 et un poste de sénatrice PS depuis octobre dernier. Un CV solide, à moins que les mandats nationaux ne soient plus attrayants que la mairie de Lille.
Roger Vicot est également pressenti car il est un solide partenaire de Martine Aubry, depuis le début des années 2000. En tant que maire de Lomme, pendant dix ans. Mais surtout en tant qu'adjoint à la sécurité de la mairie de Lille et de la métropole, pendant plus de 20 ans. Il dispose donc d'une fine connaissance des institutions locales, puisque conseiller général puis départemental du Nord, jusqu'en 2022. Depuis, il a démissionné de ses mandats locaux car lui aussi est en pleine aventure nationale, élu député du Nord aux dernières législatives.
Arnaud Deslandes dispose également d'arguments solides. C'est lui qui a remplacé Audrey Linkehld à son départ vers le palais du Luxembourg. Une preuve de la confiance accordée. Jeune et très investi sur les questions de transition écologique, il a été en charge de la solidarité et de la cohésion des territoires à la mairie. Des sujets prioritaires aux yeux de Martine Aubry.
Elle tranchera, mais pas seule : "je joue toujours collectif, c'est donc collectivement que le ou la meilleur.e successeur.e sera désigné.e pour faire changer cette ville et défendre ce à quoi nous croyons. Les militants vont voter mais je pense qu'ils suivront ce que nous aurons décidé" affirme l'édile avant de glisser : "oui, le ou la successeur.e fait partie de l'équipe municipale actuelle." Mystère et suspens.
La question nationale
Des accents nationaux pour celle qui fut candidate à la primaire socialiste, en 2011. Pour autant, hors de question d'entrer dans une nouvelle bataille en vue de la présidentielle 2027. "La question est même un peu ridicule" sourit-elle, toujours tranchante. Tout de même, elle dresse un constat “triste”, se dit “inquiète” voir “pessimiste” à trois ans du prochain scrutin présidentiel et fustige “les divisions à gauche.”
Toute en distance donc, la maire de Lille a le regard tourné vers l'avenir. Mais ce sera un avenir sans mandat. "Je continuerai à faire de la politique, à être militante mais je n'aurais plus de fonction" assure-t-elle, "je militerai autrement. J'ai toujours milité dans des syndicats, des associations ou des partis. Je continuerai car ce n'est pas parce que je n'aurais plus de fonction officielle que je vais brutalement lâcher tous les combats de ma vie." Et pour l'avenir des Lillois, elle se veut rassurante : “il y a une formidable équipe derrière moi, qui se bat tous les jours pour nos valeurs, qui ne sont pas seulement celle de la gauche mais celle de la République. Je partirai en me disant qu’on pourra continuer à défendre ce à quoi nous croyons.” Peu à peu, Martine Aubry se prépare donc à dire "au revoir".