L'histoire du petit poney Caramel, en attente d'une prothèse pour remplacer sa jambe, amputée après de mauvais traitements

Il y a un an, l'association Terre Animale a recueilli Caramel, jeune Shetland de 15 ans. Blessé à la jambe avant, l'état du petit poney s'est rapidement détérioré, jusqu'à devoir l'amputer pour éviter l'euthanasie. Ses nouveaux propriétaires lancent une cagnotte pour pouvoir payer la prothèse de ce poney "à la résilience sans faille."

Tout commence dans un verger de Mons-en-Pévèle, commune de quelque 2 000 âmes au sud de Lille (Nord), il y a un an. Les membres de l'association Terre Animale, qui recueille et soigne des animaux en attendant de leur trouver une nouvelle famille, avaient l'habitude de passer près de la prairie où le petit poney Caramel avait élu domicile. "Nous sommes basés sur la même commune, on le voyait à l'abandon dans sa pâture, il se déplaçait difficilement...", se remémore Justine, présidente de l'association. "Un jour on s'est arrêtés, on a vu les propriétaires qui nous l'ont donné sans broncher."

Cette défenseure du bien-être animal explique que le couple de propriétaires avait déjà souhaité faire euthanasier leur bête deux ans auparavant. Faute de temps pour s'en occuper ? Problèmes de santé ? Pas de nouvelle famille dans le viseur ? Les raisons de cette demande sont inconnues mais en tout cas, le vétérinaire avait refusé de passer à l'acte. "Pour notre plus grand plaisir", souligne Justine en précisant que les poneys peuvent vivre jusqu'à 40 ans. Or le jeune Caramel n'en a que 15 aujourd'hui.

Des signes de mauvais traitement

C'est donc une nouvelle vie qui commence pour le Shetland, sauvé de justesse, mais pas sans séquelles. Très vite, l'association note que Caramel n'est pas au mieux de sa forme : le jeune poney souffre de fourbures (inflammations du pied), liées à une alimentation trop riche pour lui. Laissé à proximité d'arbres fruitiers, d'une herbe à haute teneur en sucre et sans suivi de la part de ses anciens propriétaires, le petit poney a développé un caillot sanguin au niveau du pied.

"Ses phalanges ont basculé et ses membres ont commencé à se déformer... À son arrivée à l'association, il marchait sur son boulet antérieur droit mais se débrouillait plutôt bien avec son handicap", relève Terre Animale. Mais en trois jours seulement, des escarres (lésions cutanées liées à un mauvais flux sanguin) apparaissent, laissant entrevoir l'un des tendons de l'animal, en souffrance. Une vue insupportable pour ses nouveaux propriétaires qui mettent tout en œuvre pour soulager le poney. 

Une amputation vitale

La consultation prise d'urgence chez le vétérinaire est peu réjouissante. Le médecin parle tout d'abord d'euthanasie. "Hors de question" pour les membres de l'association, qui se sont attachés à leur petit poney au caractère bien trempé, résilient et "plein d'amour à donner." Sa vie ne pouvait pas s'arrêter là.

Une seconde option est avancée par le spécialiste des équidés : une opération coûteuse, longue, réalisée de façon anodine aux États-Unis, mais presque jamais recommandée en France. Contrairement à nos voisins outre-Atlantique, notre pays est très en retard sur les opérations et les technologies médicales qui touchent aux animaux.

C'est pour cela que l'association, qui décide de tenter l'opération, est orientée vers le cabinet vétérinaire Équitom, basé à Namur en Belgique. Là-bas, Caramel passe une série d'examens qui sont catégoriques : la plaie a atteint l'os, s'est infectée... Il va falloir amputer.

Poney 2.0

Opéré le 18 novembre dernier, Caramel va aujourd'hui beaucoup mieux. Deux broches et une greffe plus tard, le petit poney a retrouvé son énergie habituelle.

"Un vrai courageux", lance la présidente de l'association. "C'est d'ailleurs pour ça qu'on a engagé cette opération. Caramel est très amical, il ne refuse aucun soin. Avec des chevaux plus réticents on n'aurait pas pu aller au bout. On savait que Caramel allait s'en sortir."

Le jeune poney peut de nouveau gambader... Une jambe avant en moins. Pour pallier cette perte, une prothèse lui a été installée. "Il doit apprendre à marcher avec et s'habituer à se redresser, puisqu'avec sa plaie, son corps s'était affaissé d'un côté. Mais douze heures après son opération, il était déjà debout dessus."

8 500 euros de frais

La prothèse actuelle est temporaire. Une autre jambe mécanique doit être délivrée à l'association, articulée cette fois-ci, pour permettre à Caramel de se déplacer plus facilement. Forcément, le coût d'une telle technologie et de l'opération sont exorbitants : 8 500 euros de devis provisoire, qui risque d'augmenter en raison de la pension versée au cabinet vétérinaire, en attendant de recevoir la prothèse que le poney conservera toute sa vie.

"Malgré nos économies, on ne peut pas assumer cette somme. Je ne suis pas partisane des appels aux dons, mais cette fois-ci, nous en avons vraiment besoin", assure Justine, qui explique avoir lancé une cagnotte en ligne. En plus des frais vétérinaires, l'association justifie cette demande de dons par la continuité des soins dont aura besoin leur poney pour se rétablir totalement, et du matériel qui devra être installé dans les écuries pour faciliter ses déplacements. Car contrairement aux autres animaux de la ferme, Caramel ne changera plus de famille : "Il a déjà vécu trop de traumatismes, on a mis du temps à percer sa carapace. Et puis tout le monde l'aime ici, on a hâte de le retrouver."