Convoqué au tribunal, le collectif féministe La Brigade du respect lance une cagnotte pour "surmonter cette épreuve" financière

Trois personnes affiliées au collectif féministe La Brigade du respect, qui diffuse des messages d'empouvoirement (développement de l'estime de soi) sur le sol de la métropole lilloise à l'aide de pochoirs, ont été convoquées au tribunal judiciaire ce lundi 2 décembre 2024. La mairie de Tourcoing a déposé plainte pour "dégradation de biens publics en réunion", lors d'une action menée en juin dernier sur la commune.

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1370 euros. Une note salée pour tout organisme bénévole. Mais c'est aujourd'hui l'addition dont doit répondre La Brigade du respect, un collectif féministe qui œuvre dans la Métropole européenne de Lille (MEL) en diffusant des messages d'empouvoirement grâce au street-art.

Vous avez sûrement déjà aperçu ces phrases courtes, choc, lors de vos promenades lilloises. "Girl, la rue t'appartient", "Liberté, égalité, adelphité", "Ni ta panthère, ni ta gazelle, ni ta geisha". Des messages peints en violet sur le sol afin de donner un sentiment de sécurité aux femmes et aux minorités dans l'espace public. Une initiative qui fleurit dans un nombre incalculable de villes françaises depuis quelques années.

Mais ces slogans, imprimés au pochoir par le collectif lillois, sont désormais au cœur d'une controverse dans la ville de Tourcoing. En octobre dernier, la Ville a déposé une plainte contre trois personnes affiliées à la Brigade du respect pour "dégradation de biens publics en réunion", lors d'une opération de "pochage" (fait d'utiliser des pochoirs) en juin 2024, au sein de la commune du Nord.

Une amende de 770 euros

Salomé est militante au sein de la Brigade. Elle raconte le déroulé des évènements. "Lors de la dissolution de l'Assemblée nationale en juin, nous avons choisi de mener une grande action politique dans toute la métropole pour inciter les habitants à voter." Deux membres du collectif, accompagnés d'une troisième personne affiliée au groupe, se sont donc rendus à Tourcoing pour pocher sept messages, devant l'IUT et la mairie notamment.

C'est justement devant l'Hôtel de Ville que l'histoire commence. "Trois policiers débarquent à moto dans les 20 minutes et emmènent les militants au poste", fait savoir Salomé. "Ils passent une audition libre et signent le procès-verbal en reconnaissent avoir apposé leur pochoir sur le sol." Les personnes sont ensuite raccompagnées chez elles, pensant que l'affaire s'arrêterait là.

Mais début juillet, les activistes reçoivent un courrier de la mairie de Tourcoing : une amende de 770 euros pour préjudice communal. "100 euros par "tag", comme ils décrivent nos pochoirs dans leurs documents, et 70 euros de frais de dossier."

Surpris, le collectif adresse un courrier à l'édile de la Ville, Doriane Bécue (RE), pour expliquer leur travail militant et demander une remise gracieuse de la lourde amende. "Le temps passe sans que l'on ne reçoive de réponse. On met ça sur le dos de l'été, les délais sont plus longs... Mais en octobre les militants reçoivent un coup de fil de la police leur demandant de venir récupérer une convocation au tribunal." Au commissariat, les personnes sont prises en photos et leurs empreintes digitales sont relevées. "Comme s'ils étaient de grands criminels", commente Salomé, abasourdie.

Maxime Cabaye, adjoint au maire en charge des questions de propreté, signalait chez nos confrères de La Voix du Nord : "À partir du moment où on utilise nos machines pour effacer, on facture." Justifiant ainsi la note reçue par l'association.

Une convocation surprise

Après plusieurs mois de péripéties, les membres du collectif se disent toujours sous le choc et dans l'incompréhension face à l'ampleur qu'ont pris les évènements. Les personnes visées par la plainte ont finalement été convoquées pour une audience devant le tribunal judiciaire de Lille ce lundi 2 décembre 2024.

Une décision, qu'elles et ils sont bien décidés à dénoncer. "Nous ne sommes pas des vandales, nous 'pochons', ce ne sont pas des tags. Et ce sont encore moins des actes visant à dégrader l'espace. Nous ne ciblons pas les murs, ni la signalétique de circulation... On fait même attention à l'aspect patrimonial des rues ciblées", justifie Salomé, en expliquant que leurs pochoirs ont une durée vie de six mois maximum, souvent beaucoup moins en raison du drainage de la pluie et du passage des piétons. La jeune femme souligne également qu'en cinq ans d'existence, la Brigade n'avait jamais rencontré de problème avec les forces de l'ordre.

À chaque fois que la police se déplaçait, on expliquait notre action, et aucune sanction n'était appliquée.

Salomé, militante du collectif La Brigade du respect

D'ailleurs, les membres du collectif travaillent étroitement avec certaines mairies, notamment celles de Lomme et de Lille, pour diffuser leur street-art. Une collaboration avec Ilévia, réseau de transports en commun de la MEL, en 2023 avait parachevé la notoriété de leurs actions.

"Elles auraient dû demander. On travaille par ailleurs avec des artistes de street-art et on a également un réseau d’un panneau d’expression libre", expliquait Maxime Cabaye auprès de La Voix du Nord. La Brigade dénonce, elle, un manque de communication de la part de la mairie, qui n'a pas accepté de régler cette affaire "à l'amiable" avant de déclencher la procédure judiciaire.

Appel à la mobilisation

Pour être accompagnés, les membres de la Brigade du respect ont fait appel à un avocat militant, Me Chaudey. Des frais supplémentaires estimés à 600 euros, cumulés à l'amende de 770 euros adjointe par la Ville de Tourcoing. Pour subvenir à ces dépenses, le groupe de bénévole lance un appel aux dons et une cagnotte en ligne.

Nous appelons aujourd'hui à nous aider à surmonter cette épreuve en participant comme vous le pouvez à cette cagnotte solidaire, afin d’éviter les procédures judiciaires onéreuses.

La Brigade du respect

Si l'objectif de 1350 euros est dépassé, les militants affirment que les dons seront utilisés pour financer leur matériel pour continuer leurs actions au sein de la ville de Lille.

Nouvelle convocation

Sur les 3 personnes convoquées ce lundi 2 décembre 2024 devant le tribunal judiciaire de Lille, deux font réellement partie du collectif, la troisième est une amie. Cette dernière a décidé d'accepter la sanction, le paiement des 770 euros de préjudice communal assorti de 10 heures de travail d'intérêt général.

Les deux membres du Collectif ont eux décidé de refuser la sanction. Elles seront donc convoquées dans les mois qui viennent. Leur avocat demandera la relaxe et les militants préparent leur défense : leur travail reconnu par certaines municipalités et la liberté d'expression.

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