Les J.O. de Paris ont-ils permis de changer les perceptions ? Les femmes continuent d'avoir des difficultés à trouver leur place dans les sports dits "masculins". Dans notre région, seulement un tiers des licenciés sont des filles, toutes disciplines confondues.
En 1987, Marc Madiot face à Jeannie Longueau, tous deux cyclistes professionnels, expliquait dans une émission de télévision : "Voir une femme danser, c’est très joli, voir une femme faire du foot, c’est moche, voir une femme sur un vélo, c’est moche ! C’est mon opinion, cela n’engage que moi."
"Je me suis heurtée à des faits sexistes"
Est-ce que le sexisme est moins présent dans les sports considérés comme masculins trente-cinq ans plus tard ? Rien n'est moins sûr si l'on en croit le témoignage de sportives de haut niveau comme celui de Prescillia Bavoil, championne de force athlétique 2021 et originaire de l'Aisne : "C'est vraiment en découvrant l'univers de la force athlétique que je me suis rendue compte que c'était très masculin. Je me suis heurtée à des faits sexistes. Il y a des hommes qui tentent de me décrédibiliser alors que je fais de meilleures performances qu'eux. Je suis devenue la porte-parole des femmes dans ce sport pour les défendre et les encourager. Il y a des sportives qui ont peur d'être trop musclées, qui ont peur que cela ne plaise pas. Je leur dis qu'il faut avant tout qu'elles fassent ce qu'elles aiment avant de chercher à plaire à x ou à y."
Il y a des progrès, mais la féminisation des sports comme le rugby, le foot, le hockey sur glace et l’haltérophilie prend du temps. Selon le Cros Hauts-de-France, comité régional olympique et sportif, le football compte 9% de licenciées et le hockey, 11%. Tous sports confondus dans la région, le taux de licenciées est de 33%. Les sports comme le handball, le basket et la force athlétique sont autour de la moyenne régionale. Cependant, il faut relativiser ces chiffres en fonction du nombre de licenciés. Il y a beaucoup plus de licenciées en foot qu’en force athlétique... 85 femmes en force athlétique pour 250 hommes et en foot 18 588 femmes et 187 580 hommes.
"Ils disent que je suis une fille et que c'est nul"
Dans ces sports masculins, les petites filles sont souvent en grande minorité dans des équipes mixtes par tranche d'âge. Au club de hockey-sur-glace des Gothiques à Amiens, les filles qui ont chaussé les patins ont quelques griefs contre leurs camarades masculins. "On a l'impression qu'ils jouent seuls et qu'ils ne font pas beaucoup de passes." ou encore : "Moi, je suis dans le groupe des plus de 11 ans et je suis toute seule avec des garçons. Il y en a qui disent que je suis une fille et que c'est nul."
Certaines hockeyeuses vont se décourager et d'autres vont s'accrocher jusqu'à intégrer l'équipe féminine à partir de 16 ans comme Maylis Colas. L'adolescente veut rassurer les familles : "Souvent, les parents ont peur de laisser leur fille par peur qu'elle se blesse alors que le contact n'est pas autorisé pour les filles. Elles sont donc toujours protégées." La direction organise des portes-ouvertes régulièrement, spécialement pour les filles depuis un an. Le but est d'avoir des équipes mixtes plus homogènes et pourquoi pas un jour avoir plusieurs équipes féminines.
Une présidente à la tête du Comité national olympique et sportif
Du côté du Cros Hauts-de-France, association représentant le Comité national olympique et sportif français dans la région, les efforts sont enclenchés. François Coquillat, président explique mettre en place des formations de management pour les collaboratrices avec le programme Les Elles du sport. "L'idée est qu'elles se sentent légitimes à des postes de direction. Elles ont les compétences, mais il faut souvent qu'elles prennent confiance en elles." et de préciser : "Pour la première fois, le Comité national olympique et sportif français a une présidente à sa tête : Brigitte Henriques, ancienne joueuse internationale de football. Elle fait de la féminisation des sports, une priorité."
Cet article a été publié une première fois le 13/03/2023 sur notre site
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