Suivant un mouvement national, l'Université de Lille n'accueillera pas d'étudiants ce mardi 3 décembre. Les différents campus sont fermés au public pour cette "journée université morte", qui vise à alerter sur le système défaillant des facultés publiques en France. Le président de l'Université et l'UNEF, syndicat étudiant, réagissent.
Dans les campus de l'Université de Lille, le silence est saisissant. Un calme anormal ce mardi 3 décembre 2024, un mardi tout à fait ordinaire, lorsque l'on sait que 80 000 étudiants foulent habituellement le sol de la faculté lilloise.
Mais en ce début de semaine, administration, personnel enseignant et étudiants en formation sont absents. Grilles baissées, comme pour un jour férié, l'université de la capitale des Flandres est dépeuplée. Une "journée université morte", mouvement national lancé pour symboliser l'agonie des facultés publiques en France.
Des mesures gouvernementales pointées du doigt
Si cette journée de fermeture n'était pas au goût de tous les étudiants, agacés de ne pas pouvoir se rendre à la bibliothèque ou dans une salle de cours, la plupart s'accommodent de l'initiative. "C'est une bonne chose que la fac réalise à quel point nos conditions de travail sont difficiles, j'espère que ça incitera les élèves à se bouger", fait savoir Justine, étudiante en sociologie.
Historiquement, l'Université de Lille fait partie des établissements sous-dotés en subventions de l'État. Sur cette base financière déjà fragile, l'arrivée de l'inflation en 2022 et de nouvelles mesures gouvernementales pressurisantes pour le budget ont achevé de mettre à mal l'équilibre financier de la fac. Le relèvement du point d'indice et du taux de contribution au CAS Pension en particulier sont des points de tension que les universités dénoncent aujourd'hui.
Forcément, baisse budgétaire signifie baisse de salaires, baisse du nombre de places dans les filières, baisse du nombre d'activités pédagogiques, culturelles et éducatives dans les établissements publics... Et finalement un cursus dégradé pour les étudiantes et les étudiants.
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La vie de l'université mise en péril
"On nous dit qu'il y a un magot à récupérer dans les universités, alors que les versements qui nous sont faits anticipent des dépenses à venir", réagit le président de l'Université de Lille, Régis Bordet, ce mardi. Le doyen prend l'exemple de la rénovation de la bibliothèque universitaire du campus Sciences humaines et sociales, ou des amphithéâtres de la Cité scientifique, des chantiers que la faculté doit repousser depuis des années, faute de budget.
On nous rajoute de nouvelles mesures qui nous empêchent d'avoir une visibilité et de nous en sortir.
Régis Bordet, président de l'Université de Lille
Malgré tout, le président de l'Université explique avoir présenté un budget initial très déficitaire au Rectorat pour 2025, afin de conserver la majeure partie des projets culturels d'ores et déjà lancés cette année, ainsi que le nombre de places dans chaque filière.
"C'est notre cœur de mission avec la recherche, on essaie de se maintenir. Mais on risque de tout arrêter, alors que ces projets sont un vecteur d'émancipation pour les étudiantes et les étudiants. La vie de l'université impacte la société, et aujourd'hui on se demande si on va pouvoir continuer."
La responsabilité de la fac mise en cause par les syndicats
Une situation que dénoncent également les syndicats étudiants comme l'Unef, pointant du doigt les conséquences de ces baisses budgétaires sur le cadre de vie étudiant. "C'est inquiétant, on en vient à se poser la question de fermer encore plus de places, de fermer des formations. L'Université de Lille n'a pas encore fait d'annonces en ce sens, mais c'est une possibilité", alerte Anaïs Gourgand, présidente de l'Unef, tout en précisant qu'une baisse de 530 places en licence 1 était déjà dans le viseur de la faculté.
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Le syndicat étudiant salue l'initiative présentée ce mardi. Toutefois, Anaïs Gourgand tient à rappeler que l'engagement de l'Université de Lille n'est pas sans faille. Pour elle : "les présidences d'université ont été le relais des politiques du gouvernement successifs depuis des années qui ont entraîné cette situation."
Que la présidence se mobilise aujourd'hui, soit, mais elle est en partie responsables de son propre sort.
Unef Lille, syndicat étudiant
Une affirmation dont se défend Régis Bordet. Le président de l'université fait savoir que ces diminutions de places entrent dans le cadre de discussions avec rectorat et ne concernent que les filières en tension "pour ouvrir des formations dans d’autres secteurs".