L'Université de Lille fonctionnera comme pour un jour férié ce mardi 3 décembre. Bibliothèque fermée, cours annulés, administration à l'arrêt... Les couloirs de la faculté seront désertés pour cette "journée université morte", organisée afin d'alerter sur la situation financière "intenable" des universités françaises.
Une journée aux allures d'enterrement. De Loos à Villeneuve-d'Ascq, contrairement à d'habitude, les campus de l'Université de Lille ne foisonneront pas de vie ce mardi 3 décembre. À Pont de Bois, Cité scientifique ou à Moulins, les longs couloirs de la faculté aux 80 000 étudiants et étudiantes vont être vidés lors d'une "journée université morte".
Un signal d'alarme organisé par le comité de direction lillois, suivant un mouvement national, pour attirer l'attention sur les conditions financières et d'enseignement de l'université en France.
Cette action symbolique est la première à être organisée au sein de l'Université de Lille l'unification des trois facultés. D'autres actions de ce type avaient pu être pensées individuellement, lorsque les trois campus fonctionnaient de manière individuelle.
Comment fonctionnera la faculté ce mardi ?
La journée du 3 décembre palpitera au même rythme qu'un jour férié : personnel administratif réduit au minimum, bâtiments fermés... Selon la direction de l'Université, aucun appel ne sera reçu, et aucun mail ne sera envoyé. Un temps de pause pour la faculté qui souligne que le campus sera accessible, mais totalement vide de monde.
Aucun cours ne sera d'ailleurs dispensé : les enseignements seront suspendus, même si certaines soutenances et quelques examens pourront être maintenus. Tout est fait au cas par cas et les étudiants et étudiantes concernés seront évidemment tenus au courant.
Les étudiants pourront-ils venir travailler ?
Oui... Et non. L'Université de Lille explique que les campus seront évidemment accessibles, mais que les bâtiments seront clos. Les différentes BU (bibliothèques universitaires) seront donc fermées comme le reste des locaux de la faculté. Toute personne souhaitant se rendre physiquement à l'université pourra donc le faire, mais devra se préparer à trouver des centres de documentation grille baissée.
Un avant-goût de ce à quoi le territoire ressemblerait si les universités publiques venaient à ne plus pouvoir fonctionner normalement, faute de financements adéquats.
Dans quelle situation financière se trouve l'Université de Lille ?
"L’Université de Lille fait partie des universités qui sont historiquement sous-dotées avec une subvention pour charge de service public inférieure à la moyenne nationale", relate la faculté dans un communiqué. Malgré un plan de retour à l'équilibre engagé en 2022 pour contrer les déficits liés à l'inflation, l'Université de Lille explique que les mesures récemment prises par le gouvernement mettent à mal ses finances.
Relèvement du point d'indice, relèvement du taux de contribution au CAS Pension... Des décisions qui "viennent miner (leurs) efforts" en appuyant sur la partie la plus douloureuse pour l'université publique : le porte-monnaie, et qui auront évidemment une incidence sur le fonctionnement des établissements en 2025. Nombre de places à l'université, offre de formation, services (BU...), rénovation des bâtiments, salaire du personnel... Une flopée de conséquences qui risquent de détériorer la qualité de formation des étudiants.
"Tous les jours on se dit 'comment on va finir le mois' ?", souligne Régis Bordet, président de l'Université de Lille lors d'une interview accordée au média Thotis. "On ne fait pas l'aumône on demande juste les moyens pour travailler."
Malgré tout, le comité de direction précise avoir décidé de proposer un budget initial très déficitaire pour l'année prochaine, afin de maintenir la grande majorité de ses projets.