L'automne est arrivé, les radiateurs commencent à tourner à plein régime. Victime d'un diagnostic de performance énergétique (DPE) supérieur à E sur 41,5 % de son parc immobilier, la région Hauts-de-France se place parmi les régions les plus touchées par les logements énergivores.
Humidité, courants d'air, c'est sûrement à ça que vous êtes confrontés au quotidien si votre logement est classé E,F ou G par le diagnostic énergétique (DPE). En 2022, près d'un million de résidences principales sur les 2,5 millions que comptent les Hauts-de-France étaient dans ce cas, soit 41,5 % du parc immobilier.
La région se positionne troisième parmi celles les plus concernées par les logements énergivores. Quand la moyenne nationale est de 35% selon l'Insee, seuls Bourgogne-Franche-Comté (43,7%) et Normandie (43,1%) plafonnent au-dessus des données des Hauts-de-France.
Des logements vétustes dans la région, c'est affaire courante du côté des agences immobilières. À Lille, Esteban Pasquer de Faelens immobilier explique que "les clients se renseignent systématiquement sur la classification énergétique des biens sur le marché."
"Je trouve que mon logement est fort humide"
Sur le marché immobilier, les plus précaires comme les étudiants font souvent les frais de logements insalubres. Le déshumidificateur, par exemple, semble le meilleur allié d'Anne-Sophie, en première année d'arts appliqués, à Lille. Dans son studio de 20 m², l'isolation des murs n'est pas idéale. "Je trouve que mon logement est fort humide malgré la fenêtre et la VMC, rapporte-t-elle. En restant statique devant mon bureau, en ce moment, j'ai un peu froid."
Depuis quatre ans, je vis dans un logement avec de la moisissure. Un matin, je me suis réveillé et en bas de ma fenêtre il y avait une flaque d'eau.
Samuel, étudiant en SES
Samuel, 23 ans, en dernière année pour passer l'agrégation de SES, est moins chanceux. "Depuis quatre ans, je vis dans un logement avec de la moisissure. Un matin, je me suis réveillé et en bas de ma fenêtre il y avait une flaque d'eau. L'eau s'était infiltrée et avait ruisselé." Le logement du jeune homme étant classé au titre des Bâtiments de France, réaliser des travaux paraît une tâche ardue.
On parle ainsi de logement énergivore ou de "passoire énergétique". C'est le cas lorsque la consommation d'un bien est excessive. Chauffe-eau vétuste, mauvaise isolation ou radiateurs "grille-pain" peuvent en être la cause.
En France, depuis 2006, il existe une classification énergétique comprise entre A et G. Au sein de ces habitations comprises entre E, F ou G, la facture d'électricité ou de gaz peut souvent piquer et un rhume peut pointer le bout de son nez.
Quid d'une "passoire énergétique" ?
La raison de cette insalubrité ? La moitié des logements de la région sont anciens et ont été construits avant 1975. La plupart des logements classés E, F ou G sont équipés d'un chauffage électrique, au fioul ou au gaz. Ces modes de chauffage sont fréquemment peu respectueux de l'environnement. Le besoin de rénovation énergétique apparaît nécessaire.
Ce sont près de 700 000 logements qui ont été rénovés en 2023, selon l'agence nationale de l'habitat (Anah). MaPrimeRénov', aide financière de l'État, aide les propriétaires de ces habitations à améliorer l'efficacité énergétique de leurs biens. De plus, dans la région, on constate que le revenu médian de ces bailleurs est plus faible que la moyenne nationale, constituant ainsi un obstacle supplémentaire à la rénovation.
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Dans les zones rurales, la classification DPE comprise entre E et G atteint parfois les 55%, comme dans la communauté de communes du Caudrésis et du Catésis. Dans certains secteurs des Hauts-de-France comme le nord de l'Aisne ou l'est de la Somme jusqu'à 70% des logements sont classés comme énergivores. À l'inverse, la Métropole lilloise, le bassin minier et le littoral constituent des zones moins concernées.
Le logement locatif se place en champion des habitations énergivores dans les Hauts-de-France. 30% des logements sociaux sont classés E, F ou G tandis que la moitié des logements privés sont concernés. La loi Climat et Résilience précise que parmi ces résidences, celles classées G+ se verront interdites à la location dès 2025. L'échéance est fixée à 2028 pour les logements F et G (soit 16% des logements) puis 2034 pour les E (soit 26 % des logements). Cela comprend tous les biens, appartements ou maisons individuelles confondues. Cependant, l'étude de l'Insee indique que plus la taille d'un logement est importante, plus il y a de risque de faire face à une "passoire énergétique".
Si la performance énergétique (DPE) est particulièrement scrutée, il existe aussi un classement semblable qui mesure l'émission de gaz à effet de serre des habitations. Il s'agit d'une étiquette violette qui permet de quantifier l'impact d'un logement sur l'environnement.