Le logement social se développe en milieu rural : "On n’a pas tous les moyens de se faire bâtir un pavillon"

Dans les Hauts-de-France, depuis 2020, entre 650 et 750 logements locatifs sociaux sont situés chaque année dans des petites communes (moins de 1 500 habitants). Selon l'Union régionale de l'habitat, c'est deux fois plus qu'en 2016 par exemple. Illustrations dans la Somme.

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Depuis début octobre, la population de Vauchelle-Lès-Quesnois, village de 900 habitants situé à proximité d'Abbeville (Somme), s'est agrandie grâce à une nouvelle résidence "Les Charmilles", dotée de six logements sociaux.

"Ça fait pas HLM. Ce sont des beaux petits logements, on s’y sent bien. Les voisins sont sympas", sourit Lysiane Godet qui vivait jusqu’à présent dans un appartement à Abbeville et qui se dit ravie de retrouver "la tranquillité et la verdure".

On n’a pas tous les moyens de se faire bâtir un pavillon. C’est important pour des gens comme nous de pouvoir obtenir un logement social à la campagne !

Lysiane Godet

Nouvelle habitante

Objectifs : augmenter la population et préserver l'école

Le projet a été décidé en 2015 par le conseil municipal, dans l’espoir d’attirer de nouveaux habitants ainsi qu'une ressource financière. Régis Patte, maire (sans-étiquette) de Vauchelle-Lès-Quesnois, ne s'en cache pas : "C’est très important surtout que les dotations baissent de plus en plus, d’années en années […] Si la taxe d’habitation a été supprimée, on a la taxe foncière."

Autre objectif : sauver l’école. "C'était notre premier critère […] Lorsque l’on n’a plus d’école sur une petite commune, ça devient une cité-dortoir", précise-t-il. Grâce à ces nouveaux logements, huit enfants supplémentaires sont arrivés dans l’école qui compte 62 élèves, répartis dans sept classes.

Tous les ans, en CM2, environ entre 15 et 20 enfants partent au collège, il faut compenser. Si on ne le fait pas, on va avoir des fermetures de classe. Alors l’arrivée de ces nouveaux enfants est très importante !

Régis Patte

Maire (SE) de Vauchelle-Lès-Quesnois

Que dit la loi ?

D’après la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU), les communes de plus de 3 500 habitants sont tenues de disposer de 25% de logement social. Toutefois, les bailleurs développent une autre stratégie : "À Abbeville, nous avons 35% de logements sociaux, donc la ville est déjà conséquemment dotée. Aujourd’hui, on a vocation à développer un peu de logements en secteur plus rural, autour d’Abbeville voire jusqu’à la côte", explique Cécile Ferdjani, directrice du développement et patrimoine chez Baie de Somme habitat.

Pour ce bailleur, il est important de casser "l'image négative" qui peut être accolée aux habitations à loyer modéré : "On fait toujours des HLM mais qui n’ont plus la même forme que ceux des années 60. En milieu rural, on s’adapte, on fait des petits logements, individuels ou des petits groupes collectifs qui s’intègrent dans le paysage. Ça fait déjà quelques années qu’on ne fait plus de grandes tours et des longues barres avec beaucoup de logements."

Une politique qui ne fait pas l'unanimité

Si des communes rurales prennent conscience de l'intérêt, certains habitants s'y opposent. À Saveuse, près d'Amiens, 31 maisons individuelles de 60 m² chacune sont en cours de construction. Un nouveau lotissement longe le jardin d'Yveline Hellouin, fermement opposée : "Perte d’intimité, perte d’ensoleillement, ça vient changer notre vie tout simplement", résume-t-elle. 

Cette habitante affirme avoir lancé une procédure judiciaire et réclame des indemnités au promoteur Novalys. Ce dernier ayant acquis un terrain constructible qui appartenait à un particulier, la municipalité a simplement eu un droit de regard. Jean-Baptiste Brougère, adjoint (sans-étiquette) à la mairie de Saveuse, affirme qu'il s'agit de "logements haut de gamme" et qu'il "faut pouvoir mêler deux populations différentes". 

Si une hausse des logements sociaux s'observe dans certaines petites communes, il est impossible de généraliser ce constat à l'ensemble de la région : "Par exemple, dans l’Aisne, 22% de la programmation de logements locatifs sociaux de 2022 se trouve dans ces communes. Contre 2% dans le Nord", constate l'Union Régionale pour l'habitat Hauts-de-France.

Avec Christelle Juteau / FTV

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