La Barjo, un habitat partagé pour séniors à vocation sociale au cœur d'une école d'art à Onnaing

Redonner vie à des bâtiments en ruine, témoins de l'histoire d'une commune. Le tout avec un projet culturel et d'insertion. C'est ce que réalise La Barjo, habitat partagé à vocation sociale pour séniors implanté au cœur d'une toute nouvelle école d'art, tiers lieu à Onnaing (Nord), près de Valenciennes.

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Il fallait être un peu fou pour se lancer dans une telle aventure. Mais les coups de cœur ne se commandent pas.

Quand Vincent et Pierre ont décidé d'investir l'ancienne brasserie Mochez à Onnaing, ils savaient ce qu'ils allaient en faire. 2 000 mètres carrés de bâtiments à rénover ne leur faisait pas peur. Bien entourés, ils ont retroussé leurs manches.

Watt'home, habitat partagé pour séniors à faibles revenus

Dans cette immense maison de maître, Vincent Dupret-Delauney a poursuivi l'aventure Watt'home. ll y a quelques années, après avoir été directeur d'EHPAD, il a ouvert une première "colocation pour séniors",  à Valenciennes. Manquait l'aspect social. Ce sera donc à Onnaing. Là, sept personnes âgées se sont trouvé un nouveau logis, partagé. À côté de la maison de maître, la grange rénovée est devenue un habitat à loyer modéré.

Emile, Claudette, Thérèse, Annick ou Christiane touchent le minimum vieillesse ou sont juste au-dessus. Des résidents accompagnés dans les gestes quotidiens par des "maîtresses de maisons" qui se relaient 24 heures sur 24 pour la préparation des repas, le repassage ou l'entretien des locaux. Tous les après-midi, ce sont des animatrices-coordinatrices qui proposent des activités ou font le lien avec les familles. Un modèle de vie partagée où chacun peut se sentir chez soi. Une vie de famille sans les contraintes domestiques. Alors, les résidents, âgés de 72 à 89 ans n'hésitent pas à mettre la main à la pâte lors des événements organisés à La Barjo.

Un site exceptionnel

C'est le deuxième aspect de ce projet : créer un tiers lieu culturel et d'insertion. Une idée de Pierre, professeur d'arts plastiques. Lui, il y a vu aussi dans cette aventure l'occasion de sauver ce site exceptionnel, à l'abandon depuis une quinzaine d'années. "C'est le lieu qui nous a inspirés" lâche-t-il. Les premiers bâtiments datent du XVIIIe siècle. Une ferme et des étables. Le tout dans un état de ruine... 

Ce qui a passionné Pierre c'est que ces bâtiments sont restés la propriété de la même famille au fil des décennies, la famille Mochez. Et donc le site a été grandement préservé. "On y retrouve les évolutions historiques, de l'époque rurale à l'industrialisation. C'est un témoignage industriel, culturel et patrimonial. On y décèle l'ascension sociale des occupants jusqu'à la décadence dans les années 1970-80". Par exemple, au début du XXe siècle, les propriétaires font construire des écuries pour des chevaux de course. "Il y a de la magnifique faïence d'Onnaing sur les murs" commente Pierre Dupret-Delauney. C'est aujourd'hui la salle de spectacle de la Barjo.

On l'a sauvé des ruines. On lui donne une nouvelle activité et en plus, on crée de l'emploi !

Pierre Dupret-Delauney

Tous les travaux sont financés et en grande partie réalisés par les deux hommes. "Le plus gros, on le fait nous-même" commente Vincent, "pour des raisons évidentes de coûts. Nous sommes sur une activité économique faiblement rentable..."

Leur motivation ? "Voir le lieu reprendre vie. On l'a sauvé des ruines. On lui donne une nouvelle activité et en plus, on crée de l'emploi !". À terme, une vingtaine de personnes devraient travailler sur le site.

La Barjo, la brasserie des arts joyeux !

L'ancienne propriété de la famille Mochez, brasseurs jusque dans les années 40, accueille à nouveau des visiteurs. Elle héberge désormais l'association d'arts plastiques de Pierre Dupret-Delauney, l’atelier de l’oncle Zig Zag, d'où le nom donné à ce tiers lieu culturel et d'insertion : la Brasserie des Arts joyeux, comprenez "La Barjo".

Y sont proposés des cours de chant, de théâtre, de dessin, de modèle vivant, de couture, d'enluminure, de taï-chi... Plus d'une centaine d'élèves y sont attendus toutes les semaines par leurs professeurs.

Différentes associations y posent déjà leurs bagages. Et puis, une à deux fois par mois, des spectacles y sont proposés : comédie, concerts, théâtre... Pierre souhaite "encourager la pratique artistique amateur et l'accompagner vers la professionnalisation" quand les artistes en ont le désir. "Le lieu motive les gens" explique-t-il.

Comme les bâtiments s'organisent autour d'un joli jardin qui favorise les échanges, les résidents de la maison pour séniors se promènent au milieu de cet univers. "Assistant à certains événements, faisant des sandwichs à la buvette ou orientant les spectateurs lors des spectacles", rigole Vincent. Avec eux, tout est histoire de partage et de respect. 

Des projets en cours et des emplois à venir

Un lieu inspirant qui devrait, au printemps 2025, accueillir un estaminet. C'est dans l'ancienne malterie que l'association Handélice, bien connue à Valenciennes, ouvrira un nouvel établissement. L'association d'insertion de personnes handicapées, qui a fondé la Cantine de Joséphine, devrait y créer 7 à 8 emplois. Un estaminet qui sera accompagné d'une ressourcerie.

Et puis, logiquement, Pierre et Vincent se verraient bien produire à nouveau de la bière sur ce site incroyable. Alors, ils ont lancé ce projet avec l'association des centres sociaux de Valenciennes pour ouvrir une microbrasserie, probablement pour Noël 2025.

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