La méthode Montessori appliquée aux personnes âgées : "l'objectif, c'est de les responsabiliser pour les rendre plus acteurs de leur quotidien"

Dès la rentrée, les salariés de l'association Aid'Aisne seront formés à la méthode Montessori pour les personnes âgées dont ils s'occupent. Le projet, lancé il y a six mois, devrait permettre aux bénéficiaires de reprendre en main leur quotidien et gagner en autonomie.

C'est à l'origine une méthode d'apprentissage créée pour les enfants en situation de handicap. Elle consiste à adapter la pédagogie aux besoins et au rythme de la personne. Si aujourd'hui, la méthode Montessori est largement répandue dans les écoles, on sait moins qu'elle peut être appliquée aux adultes.

Les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ont été les premières à en bénéficier. Désormais et pour la première fois selon lui, le fondateur de l'association Aid'Aisne, Dominique Villa, prévoit de l'appliquer à l'ensemble des personnes âgées qu'il accompagne. Et ce, qu'elles soient malades ou non.

"Ça permet de faire redescendre la pression"

"Certains Ehpad ont adopté une partie des principes de la méthode Montessori avec des personnes en situation de maladie d'Alzheimer ou apparentés. Les patients ont des troubles beaucoup moins sévères. Souvent, les personnes deviennent très agressives en fin de maladie et là, ça permet de faire redescendre la pression. Ça donne beaucoup plus de facilité à accompagner ces personnes", explique le directeur d'Aid'Aisne.

Cette capacité à faire "redescendre la pression", Dominique Villa aimerait que tous ces patients en profitent. "On n'accompagne pas sur les handicaps et les difficultés de la personne, mais sur ce qui lui reste de beau et de potentiel".

Pour le porteur de projet, l'objectif est de donner un maximum d'autonomie à ces bénéficiaires et de "les responsabiliser pour les rendre plus acteurs de leur quotidien et pouvoir les accompagner dans leurs envies et leurs besoins'. 

Un démarrage début septembre 

La formation des trois premières équipes devrait démarrer début septembre. "Ce ne sont pas des équipes tests, mais des équipes pilotes qui nous permettront d'adapter la méthode à notre réalité", assure Dominique Villa. 

"Je ne sais pas si ça va marcher, mais on expérimente. Le principe d'Aid'Aisne, c'est d'innover, de réfléchir", rassure-t-il avant d'ajouter que "le mantra d'Aid'Aisne depuis le début d'année, c'est : échoue, échoue mieux, échoue encore et Montessori, ça va avec ça".

Un projet collectif 

C'est Montessori Life Style qui formera, à terme, tout le personnel de l'association : soignant comme administratif. "Tout le monde va être formé parce que c'est vraiment la réponse : une sensibilisation forte pour accompagner différemment une population fragilisée. Ça redonne de la crédibilité à ce métier", détaille le directeur de la structure.

Malgré une volonté d'appliquer complètement la méthode Montessori, contrairement aux Ehpad ou aux hôpitaux de jours, il se garde la possibilité de l'adapter pour l'ajuster à la réalité des bénéficiaires et des soignants. "On a des idées, mais elles vont être partagées avec les personnes que l'on accompagne", affirme Dominique Villa. 

Un projet voué à se développer

Parmi les activités que propose Aid'Aisne, certaines, sont collectives. La structure organise par exemple des bals ou des voyages à la mer lors desquels les bénéficiaires sont accompagnées de leurs aides à domiciles. Malgré la bonne volonté de l'association, un seul frein semble persister.

Les heures travaillées par des aides à domiciles sont en partie financées par une aide de l'État (APA), et Dominique Villa aimerait pouvoir mutualiser une partie de celles-ci afin de réaliser davantage de projets collectifs. "Ce projet, c'est parvenir à un espoir parce que les lois et les décrets, voire les organisations des financeurs tels que les départements sont très éloignés de ça".

Malgré tout, le fondateur de l'association est confiant. Il souhaite d’ores et déjà diffuser sa méthode. "On en a déjà discuté avec ceux qui nous accompagnent. On va créer une sorte de labellisation qui va permettre à d'autres structures d'aide à domicile de pouvoir se lancer."

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