L’incontinence urinaire, un tabou qui concerne beaucoup de femmes après leurs accouchements. La rééducation manuelle du périnée est la méthode préconisée par les spécialistes pour lutter contre la descente d’organes.

L’incontinence urinaire touche près de 3 millions de femmes en France, selon l'Association française d'urologie, mais près de la moitié des femmes qui en souffrent ne cherchent pas d'avis médical.

Les raisons principales : les grossesses et les accouchements successifs, puis la ménopause et le surpoids. Derrière les fuites urinaires et les gaz, se cache l'affaissement du périnée. Laura, 37 ans, mère de deux enfants, n'est pas à l'aise dans son corps. "J'ai des fuites plusieurs fois par jour malgré mes efforts pour muscler mon périnée avec l'électrostimulation et le sport."

Ce dessin du périnée ci-dessus montre que ce muscle (en rouge) soutient les autres organes importants comme la vessie, l’utérus et le rectum.  Vous comprenez mieux son importance. C’est le plancher de notre corps qu'il convient d'entretenir tout au long de sa vie pour éviter le pire : la descente d'organes. Problème, les femmes sont nombreuses à n'avoir jamais entendu parler du périnée avant leur premier accouchement.

Annie Prieux, sage-femme dans l'Oise, est spécialiste de la rééducation du périnée. Elle explique que l'entretien de ce muscle peut se faire à tout âge :

"Les sports comme le yoga, la méthode Pilates, permettent de travailler la posture. Tout cela est un atout pour aider le périnée, à condition d'avoir conscience de ce muscle. Quand je serre les abdos, je ne serre pas forcément le périnée. Au professeur de vous dire de bien le serrer aussi."

4 techniques pour remuscler son périnée

Après l’accouchement, vous avez le droit à plusieurs séances de rééducation du périnée, remboursées par la sécurité sociale. Elles peuvent être effectuées avec une sage-femme ou un kiné. L’idée est de renforcer le périnée fragilisé durant la grossesse et l’accouchement.

Il existe plusieurs techniques proposées pour muscler le périnée :

  • la rééducation manuelle technique, très utilisée par les sages-femmes libérales en post-partum ;
  • l’électrostimulation, une technique passive pour stimuler le muscle ;
  • le biofeedback, qui consiste à enregistrer le travail des muscles périnéaux grâce à des sondes endovaginales ;
  • le traitement comportemental par le calendrier des habitudes urinaires (vous devez noter les petits accidents journaliers, le spécialiste pourra alors adapter les exercices en fonction).

La rééducation manuelle préconisée

La Haute Autorité de Santé préconise, depuis 2004, le travail manuel par rapport à la stimulation électrique, utile dans un second temps. Spécialiste de cette technique depuis 1988, Annie Prieux explique que la rééducation manuelle exige une grosse concentration de la patiente pour réussir à connecter l'imaginaire au périnée. Par exemple, elle dit à ses patientes de serrer leur périnée autour de son doigt tout en imaginant un papillon - car comme les ailes de l'insecte, le périnée est composé de quatre parties. "Le professionnel doit être bien formé. Il doit comprendre comment le muscle fonctionne de manière anatomique. J'enseigne la pratique aux sages-femmes."

Au début des années 80, les professionnels ne proposaient pas de séance de rééducation après l'accouchement, et la Sécurité sociale ne les prend en charge que depuis 1988 : trop tard pour Brigitte, qui a accouché de ses deux enfants en 1981 et 1983. "Je n'ai pas eu la chance d'avoir de rééducation du périnée à la suite de la naissance de mes enfants, regrette-t-elle. À l'époque, on ne nous en parlait pas. À 60 ans, j'ai dû me faire opérer, car mon périnée s'était complètement affaissé."

Le risque : la descente d'organes

La descente d’organes concerne surtout les femmes après 45 ans et affecte principalement la vessie, l’utérus ou le rectum. Cela concernerait 40 % des femmes entre 45 et 85 ans, d'après les chiffres de l’enquête réalisée par la société internationale de la continence.

Les symptômes de la descente d'organes sont nombreux : l'impression de mal vider sa vessie, une pesanteur au niveau du vagin, des envies régulières d'aller à la selle, une boule au niveau de l’anus. C'est comme si on était enceinte et qu'on avait la tête du bébé appuyant sur notre vessie.

La sage-femme Annie Prieux explique que la rééducation peut permettre d'éviter la chirurgie. Et quand celle-ci devient vraiment nécessaire, quelques séances peuvent suivre : "après les opérations, on croit que l'on est redevenue neuve, que tout est rentré dans l'ordre alors que ce n'est pas vrai. Le tissu est raccommodé, mais reste fragile. Il faut continuer à faire attention à son périnée par la suite."

durée de la vidéo : 00h13mn00s
Haut-féminin sur le périnée ©FTV

Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessus l'émission Hauts féminin présentée consacrée à la rééducation du périnée avec l'interview d'Annie Prieux, sage-femme beauvaisienne, spécialiste de périnée depuis 1988. Et tous les autres épisodes sont à retrouver sur france.tv.

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