Après de longues négociations, un accord a finalement été trouvé pour diffuser la prochaine saison de Ligue 1 de football. Une décision qui ne satisfait pas Joseph Oughourlian, propriétaire du RC Lens, qui a décidé de partager ses inquiétudes dans un long texte publié en ligne.
"Je suis un président inquiet pour ses supporters cherchant à voir les matchs de leur club de cœur". Sur son profil Linkedin, Joseph Oughourlian, président du RC Lens, s'est livré sur les inquiétudes qui le traversent suite à l'attribution des droits TV de la Ligue 1 aux chaînes DAZN et BeIN Sports.
Dimanche 14 juillet, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a pris la décision d'attribuer huit rencontres par journée de Ligue 1 à DAZN pour 400 millions d'euros, et l'affiche de chaque journée à BeIN Sports pour 100 millions d'euros.
Un football devenu inaccessible ?
Ce qui pose problème pour le dirigeant des Sang et Or : la somme que devront débourser les supporters pour voir un match sur petit écran. "Il faudra désormais cumuler un abonnement DAZN (...) dont le prix avoisinera les 35 euros et un abonnement beIN (...) à 15 euros par mois. 50 euros mensuellement, entre 500 et 600 euros annuellement" calcule-t-il.
A titre de comparaison, payer l'offre TV cette saison sera plus onéreux que l'abonnement le plus cher à Bollaert.
Joseph OughourlianPrésident du Racing Club de Lens
Si l'on compare ces tarifs, à ceux des abonnements proposés par les anciens diffuseurs (Canal + et Amazon Prime), le constat est sans appel. L'augmentation avoisine les 15 euros supplémentaires chaque mois. "Comment peut-on penser qu’une inflation du coût d’abonnement avec un accès à des catalogues moins généralistes pourra soutenir une croissance des téléspectateurs du football français ?" fustige-t-il. Lui qui rappelle ô combien le football est un sport "populaire."
Il poursuit : "À titre de comparaison, payer l'offre TV cette saison sera plus onéreux que l'abonnement le plus cher à Bollaert."
Sur les pages de supporters lensois, la déception est similaire. "Malheureusement notre passion devient beaucoup trop chère pour nous et le spectacle pas toujours au rendez-vous" réagit l'un d'entre eux sous une publication de Lens 100% Passion, page réunissant 56 000 supporters Sang et Or. "Regarder les matchs à la télévision va devenir un luxe" ajoute un autre.
Pour contourner cette hausse des prix, certains préfèrent se rapprocher de leur transistor pour écouter les matchs "à la radio comme au beau vieux temps", d'autres envisagent déjà d'avoir recours au piratage pour visionner gratuitement les rencontres. Pour rappel, les supporters qui prendraient la décision de regarder les matchs via des canaux illégaux s'exposent à des sanctions.
De maigres recettes pour les clubs français
Cette attribution des droits TV porte aussi un coup à la santé financière des clubs français. "Jamais les clubs de L1 n'ont touché aussi peu au titre des droits TV" se désole le dirigeant du RC Lens, qui touchera 9 millions d'euros si l'accord conclu en reste là.
"Je suis un membre du CA de la LFP inquiet. Alors que la contrainte d'absence de diffuseur devait nous amener à saisir l'opportunité d'un pilotage de notre propre offre TV, lisible, plurielle et abordable, cet entêtement à penser montants fixes me renvoie aux mirages du passé" ajoute-t-il.
Et Joseph Oughourlian n'est pas le seul dirigeant à taper du poing sur la table. Des présidents de clubs ont lancé un audit mardi 16 juillet auprès de la LFP, suite à ce choix de diffuseurs qui annoncent des "résultats [qui] ne sont pas au niveau des investissements consentis." Le feuilleton de l'attribution des droits TV de la saison 2024-2025 de la ligue 1 de football n'est donc pas encore fini.