Pas de flux migratoire constaté du coeur de Lille vers la campagne. Mais à la marge, l'envie d'espaces verts et de grands balcons se manifeste. On fait le point sur le marché immobilier qui reprend doucement son activité.
"Dynamique et dense". Voilà comment Pascal Cambier directeur commercial chez Square habitat - 76 agences sur le Nord Pas-de-Calais - décrit le marché immobilier actuellement sur la métropole lilloise. Selon lui, pour un vendeur de bien, il y a actuellement au moins trois, quatre acheteurs. Et le coronavirus n'y a rien changé.
Pas de mise au vert constatée : tous les secteurs fonctionnent bien sur la métropole de Lille. "On s'attendait il est vrai à un effet 'verdure et grand balcon' mais les demandes restent fortes pour toute la métropole comme à Comines, Lille, Halluin, Tourcoing. Peut-être y a-t-il effectivement un peu plus de demande en dehors pour davantage de mises au vert mais l'effet est limité". En revanche, selon Pascal Cambier, les acheteurs ne négocient pas, sinon, vue la pression de la demande, "ça serait au risque de perdre le bien".
"Pas de flux migratoire de la ville à la campagne"
"Si vous voulez faire un article sur l'effet coronavirus, faut aller voir en Ile-de-France", explique Olivier Leplat, d'Abrinor précisant avec l'exemple de son agence de Cysoing qu'il n'y a "pas de flux migratoire du coeur de la ville vers la campagne".
Dans le secteur de Cysoing, "les biens vendus ont été achetés par des clients du secteur". Même analyse concernant l'offre et la demande : une reprise dynamique avec toutefois moins d'offres que de demandes. Les prix se maintiennent avec peu de négociations.
"C'est énorme, on n'a plus rien à vendre"
A Villeneuve d'Ascq, Catherine Montagne, responsable d'agence pour la même entreprise explique : "C'est énorme, on n'a plus rien à vendre. L'équipe a vendu 14 biens ce mois-ci, c'est un record !" Explications ? Les acheteurs auraient "peur de l'avenir", suggère en premier Catherine Montagne et on connaît la valeur refuge que représente la pierre aux yeux des Français. Si on lui parle d'une volonté d'espace et de verdure en ces temps d'après-confinement, la responsable d'agence reconnaît que Villeneuve d'Ascq - le poumon vert de la métropole lilloise - à alors de quoi séduire.
David Lambert est notaire et membre de la Chambre interdépartementale des notaires du Nord Pas-de-Calais. "Le marché a énormément repris, la tendance est à la recherche de maison avec jardin, même pour les primo-accédants". Selon lui, ces derniers cherchent plutôt dans la deuxième couronne lilloise, c'est-à-dire pas les communes limitrophes à Lille, encore assez chères, mais dans la couronne d'après. Pour David Lambert, même si ce n'est qu'un ressenti au sein de son étude et de quelques autres, la dynamique est là.
"On retrouve le haut plateau de la fin 2019"
A la FNAIM du Nord, Fédération Nationale des Agents Immobiliers, Emmanuel Chambat précise que la demande reste forte. "Elle l'était déjà avant le Covid-19... L'année 2019 a été exceptionnelle, en fin d'année on arrivait à un plateau qui s'est poursuivi début 2020 et, après le trou des deux mois de confinement, on retrouve le niveau de ce plateau".
Pour lui s'il y a eu effet coronavirus, il est plutôt marginal, et il compare cet effet à celui des lofts il y a 15-20 ans, ou celui de la colocation qui se manifeste depuis quelques années, ou encore celui des terrasses ou des grands balcons pour ceux qui recherchent un T3-T4. Quant à l'équilibre offre - demande, Emmanuel Chambat explique que les taux d'intérêts - bas depuis au moins deux ans - ont fait rentrer dans le cercle des acheteurs une catégorie de personnes dont les revenus étaient limités.
Des banques davantage frileuses ?
Emmanuel Chambat, président de la FNAIM du Nord, constate que les banques sont davantage pointilleuses sur deux aspects des choses :- Le taux d'endettement : de 33% maximum (le montant des échéances mensuelles de remboursement de crédit ne doit pas excéder 33% des revenus de l'emprunteur)
- L'apport financier : de 15% du prix du logement, plus les frais de notaires