Quelque 300 étudiants ont assisté mardi midi à la faculté de droit à Lille-Moulins à une cérémonie de remise de diplômes "d'agitateurs professionnels", une représentation théâtrale visant à dénoncer ironiquement les propos d'Emmanuel Macron , a constaté un journaliste de l'AFP.
"Macron, go home you're drunk" ("Macron, rentre chez toi, tu es ivre"), "La grève, c'est plus fort en chocolat" et d'autres pancartes déroulées sur les escaliers du parvis ont donné le ton de la mi-journée. Le "prêtre de la fac de droit(e)", le "Pap'40" ou encore "le Cardinal Triple A" ont ensuite joué une représentation pour dénoncer la réforme des universités, sous les applaudissements des centaines d'étudiants présents.
Arrivée du Pap’40 de l’Église de la très sainte consommation à la fac de #lille2 pour la remise des « diplômes en chocolat » aux « agitateurs professionnels » chers à @EmmanuelMacron pic.twitter.com/yE7QcGxv8H
— Sébastien Bergès (@Hessebez) 17 avril 2018
"Je suis contre la sélection, il faut plus de moyens pour la fac" car "la sélection sociale est déjà là", a critiqué auprès de l'AFP Amina, 21 ans, qui soutient la mobilisation. "Macron a pris la voie libérale pour adapter les conditions humaines aux conditions financières alors qu'il faudrait l'inverse", a renchéri Asma, 20 ans. "Il y a ici 1.500 étudiants pour un personnel encadrant la scolarité", a souligné Thomas Aram, maître de conférences en sciences politiques. "Il nous manque 75 postes d'enseignant-chercheur". Mais ce qui pour lui a été "la goutte d'eau", c'est "l'intervention des CRS dans l'université lundi dernier - matraquage, gazage, flashball - ce qui est malheureux pour le respect des droits", a-t-il encore expliqué.
Homélie en hommage à la police présidée par sa sainteté le Pap’40. Grande ferveur sur le parvis de #lille2 pic.twitter.com/KMrauRypBV
— Sébastien Bergès (@Hessebez) 17 avril 2018
"Une minorité contre une majorité"
Début avril, des étudiants opposés à la loi Vidal avaient bloqué l'accès au campus de Moulins, et occupé un amphithéâtre d'un autre campus, jusqu'à ce que les forces de l'ordre interviennent le lendemain soir. Alexis, 26 ans, élève-avocat dont l'école est située dans les locaux de la faculté de droit, a fustigé quant à lui un mouvement "illégal" : "La sélection doit s'opérer, soit elle se fera dès l'entrée, soit par la suite", a-t-il jugé. "Là c'est une minorité de personnes qui veut perturber les études, contre une majorité".Le 9 avril, les examens sur le campus de Moulins de l'université de Lille, autour de laquelle étaient déployés des policiers, se sont déroulés normalement malgré un appel à la grève d'enseignants-chercheurs opposés à la réforme de l'accès au supérieur.