Dans une vidéo, le Père Arthur, très investi pour l'intégration des populations roms, lance un appel au secours au président de la République. Il lui demande d'intervenir auprès du Préfet du Nord pour qu'il cesse ses "agissements inhumains".
"Je pleure parce que les enfants ne sont pas respectés", lance le Père Arthur d'une voix tremblante. Dans une vidéo largement relayée sur Facebook, le prêtre lance un appel au secours au président de la République afin qu'il condamne les "agissements inhumains" dont sont victime les familles roms dans la métropole lilloise."Je m'adresse à vous puisque vous êtes allé voir le pape François. Je vous demande d'ouvrir vos yeux d'Homme responsable", poursuit-il. En pleine canicule, environ neuf familles Roms ont quitté leur camp à Lille, rue Bavet, ce jeudi avant l'intervention des forces de l'odre. Parmi eux, de très nombreux enfants qui vivent aujourd'hui dans des conditions insalubres, sans accès à l'eau.
Claude Vonin
Voilà un petit compte rendu pour M Macron !
Installés provisoirement à Ronchin, sur le terrain de la rue Louis-Braille, ils sont de nouveau menacés d'expulsion. "J'utilise mon crédit pour lancer un appel à la raison du coeur, nous explique le Père Arthur, engagé de longue date pour l'insertion de ces populations. Je ne peux pas me taire devant cette ignominie".
La préfecture du Nord explique dans un communiqué de presse que les enfants, ayant échappé à la vigilance de leurs parents "à plusieurs reprises", avaient déjà traversé les voies ferrées, notamment la nuit.
Le prêtre se rend sur les camps de Roms de la métropole lilloise tous les jours pour leur apporter des vivres. A Ronchin, il emmène des couches et des bouteilles d'eau à ces familles qui vivent près de la voie ferrée.
Recours en justice
Le Père Arthur demande à Emmanuel Macron d'intervenir auprès du Préfet de Lille afin qu'il "cesse ses activités inhumaines". De son côté, l'Intercollectif Roms 59/62 dénonce des expulsions irrégulières.
"Aucune proposition de relocalisation et de relogement n’a été faite aux familles concernées, aucune concertation n’a été menée avec elles, ni avec les associations et collectifs qui les accompagnent", détaille l'association dans un communiqué.
Une affirmation démentie par le préfet du Nord qui affirme que "des personnes se croyant bien intentionnées ont incité les occupants à refuser le propositions [de relogement] et à rejoindre un autre site".
L'Intercollectif Roms 59/62 a déposé un recours en justice et va contester ces expulsions devant le Tribunal administratif de Lille, ce mercredi.
Trois bidonvilles démantelés
L'association regrette également que les familles aient fait l'objet de "menaces d'expulsion". Plusieurs personnes auraient quitté le camp avant l'intervention des forces de l'ordre suite à ces menaces, selon Pierre Tourbier, membre du collectif.
Le bidonville lillois n'est pas le seul a avoir fait l'objet d'expulsions ces derniers jours. "Vingt-sept personnes ont été expulsées de leur squat de la rue du Curoir à Roubaix. Ce mercredi, quelque trente personnes ont été délogées du terrain où elles habitaient depuis plus d’un an, rue de la Recherche à Villeneuve d’Ascq", dénonce à nouveau l'association.
De son côté, Michel Lalande, préfet du Nord, confirme sa volonté de "poursuivre une politique équilibrée reposant sur la résorption de campements illicites (...) accompagnée d'une stratégie active d'insertion et d'intégration au bénéfice de toutes les familles qui le souhaitent".