Des grillages ont été posés et des fossés creusés, sans guère de succès.
"Il y en a une quinzaine, une vingtaine par semaine" peste Sébastien Corselis, secrétaire local Force Ouvrière au centre pénitentiaire de Sequedin, près de Lille. Les syndicats s'alarment sur le nombre de colis projetés par-dessus les murs d'enceinte de la prison, après un week-end particulièrement chargé.
"Ça fait des années qu'on alerte tout le monde sur ce fléau" qui prend chaque année plus d'ampleur et concerne toutes les prisons françaises. "En 2018, on a compté 1300 colis projetés, contre 621 en 2017."
Qu'y a-t-il dans ces colis ? "De l'alcool, de la drogue, des téléphones, de la nourriture comme des burgers", énumère Sébastien Corselis. "Tout et n'importe quoi, même des bonbons !"
Un couteau céramique saisi dans un colis
Dans ces colis, on trouve aussi parfois du protoxyde d'azote, ces capsules grises (normalement utilisées en cuisine) désormais interdites à la vente dans plusieurs communes du Nord Pas-de-Calais.
"On récupère juste un pourcentage infime" reconnaît le secrétaire FO. "On pense que dans les autres colis, c'est pareil, mais on sait pas du tout". Dans ces conditions, les surveillants craignent le pire : "Le jour où quelqu'un décide de faire une prise d'otage, il peut se faire livrer un couteau."
En octobre 2018, Force Ouvrière faisait l'inventaire, dans un communiqué, des différents objets découverts dans les colis lancés trois week-end d'affilée. Le personnel avait notamment saisi un couteau céramique.
Le phénomène n'est pas nouveau. "En 1999, quand j'ai commencé, on parlait déjà de jets de projectiles à Paris. Et quand Sequedin a ouvert [en 2005], il y avait aussi des lancers de projectiles."
Aujourd'hui, ce "fléau" est "exacerbé par les réseaux sociaux", lorsque les détenus qui ont réussi à se faire livrer un téléphone de cette manière passent commande, par exemple sur Snapchat.
Grillage "gruyère" et fossé franchissable
La direction pénitentiaire en a pris note et tente d'y faire face. "Ils mettent bien des glacis et des fossés", concède Sébastien Corcelis. Mais "le grillage, c'est un gruyère. Et le fossé, ils arrivent à le passer facilement."
Selon lui, "la seule chose qui pourrait marcher, ce serait d'installer des filets au-dessus des zones de promenade, mais ça a un coût énorme". Ou alors faire patrouiller une équipe à l'extérieur, pour intercepter rapidement les lanceurs de projectiles. "Ça va très vite. Quand on appelle la police, ils viennent de Lille. Le temps que les miradors les repèrent, qu'ils donnent les éléments aux policiers, il s'est déjà passé cinq minutes." En somme : "S'il y a pas un équipage à proximité, c'est mort."
Et lorsque les lanceurs sont pris en flagrant délit, "on constate qu'ils sont de plus en plus jeunes." Deux personnes ont été interpellées ces derniers jours, "ils devaient avoir 14 ou 15 ans."