De nombreuses personnes s'interrogent sur ces capsules métalliques grises qu'on trouve de plus en plus à terre, dans les rues de Lille et partout ailleurs. Il s'agit de cartouches de protoxyde d'azote, un gaz utilisé en milieu hospitalier comme en cuisine, de plus en plus consommé comme stupéfiant.
On en voit de plus en plus, par terre dans les rues de Lille et de bien d'autres villes : des petites cartouches métalliques grises (voir photo ci-dessus), qui suscitent la curiosité de nombreux badauds, qui s'interrogent à propos de ces capsules, sur les réseaux sociaux.
Quelqu’un sait ce que sont ces capsules grises métalliques? J’en vois partout sur les trottoirs de mon quartier... pic.twitter.com/blo7Bx4pkd
— Bruno Ranulf (@brunoranulf) 21 juillet 2018
Il s'agit de cartouches de protoxyde d'azote, destinées normalement aux siphons à chantilly et accessibles en vente libre dans les grandes surfaces. Mais l'utilisation de ce produit est depuis de nombreuses années détournée, notamment dans les milieux étudiants, où il est inhalé pour ses effets euphorisants.
Gaz hilarant
Ces capsules de protoxyde d'azote (appelé couramment "proto"), qui provoquent chez leurs jeunes consommateurs des fous rires de quelques instants, est donc consommé comme une drogue, et de plus en plus. En pratique, les utilisateurs vident une cartouche de proto dans un ballon de baudruche, puis hyperventilent dans ce ballon pour obtenir les effets désirés.
Après le cannabis et le Poppers, ce gaz hilarant est le troisième produit psycho-actif le plus consommé chez les étudiants, selon le dernier baromètre santé de la mutuelle SMEREP.
Une consommation répandue qui inquiète le centre de pharmacovigilance du Nord Pas-de-Calais (CRPV), qui vient de signaler le phénomène à l'agence régionale de santé (ARS), en vue de faire remonter cette alerte au niveau central à Paris.
Docteur Sophie Gautier, responsable du CRPV, s'inquiète notamment de la "banalisation" de cette consommation de proto, notamment par une population de plus en plus jeune. "Cela induit un comportement d’expérimentateur, avec la volonté de vouloir rechercher des sensations avec d’autres produits", selon elle. Mme Gautier prévient également des forts risques d'accidentologie, certaines personnes allant jusqu'à consommer ce type de produit en conduisant.
Produit dangereux, voire mortel
La consommation excessive de proto a déjà fait de nombreuses victimes : 17 personnes en seraient mortes en Angleterre entre 2006 et 2012, et deux cas de décès sont connus en France, dans l'Est, depuis 2016. Des décès ayant notamment pour origine une crise cardiaque, résultant d'une surconsommation.Le protoxyde d'azote, très utilisé en milieu hospitalier pour ses propriétés anesthésiantes et analgésiques, devient "dangereux dès lors qu'il se substitue à l'oxygène dans la circulation sanguine", explique Patrick Goldstein, patron des urgences au CHR de Lille.
Ce qui peut être le cas, lorsque les consommateurs de capsules en vident plusieurs dans un ballon, avant de respirer le gaz intensément, allant parfois jusqu'à provoquer de "véritables anesthésies générales pouvant conduire au décès", selon M. Goldstein.
Ce dernier indique par ailleurs que les risques sont démultipliés quand cette inhlation est combinée à la consommation de produits tels que du Poppers, des boissons énergisantes ou pire, de la cocaïne. Jusqu'à présent, aucun cas grave lié à la prise de proto n'a été pris en charge par les services d'urgences du CHR.
Effets indésirables
Néanmoins, le portail Drogues-Info-Service met en garde contre de nombreux effets indésirables du protoxyde d'azote, parmi lesquels des maux de tête, des vomissements ou encore une désorientation et des problèmes d'élocution, entre autres.Pour prévenir la jeunesse de la nocivité de produit "à la mode", le Youtuber Abdel en Live a consacré une vidéo à ce phénomène.
Une cartouche de proto équivaut à 5 litres de gaz.