Le président de la MEL Damien Castelain, pris dans la polémique après les révélations de Médiacités concernant ses frais de représentation, s'exprime enfin. Il minimise ces dépenses et assure qu'elles sont en lien avec sa fonction.
Le président de la MEL a attendu 15 jours avant de s'exprimer. 15 jours de silence, après les révélations de Médiacités concernant ses frais de représentation au sein de la MEL; frais qui recouvreraient en réalité des dépenses personnelles.
Ce jeudi matin, Damien Castelain a répondu aux dépenses mises en avant par le site d'investigation, qu'il décrit comme "une polémique sur les frais des élus". "Chacun regarde les textes, chacun attaque, j'ai vu encore aujourd'hui des dépôts de plainte, il y a aura des explications, des justifications. Il ne faut jamais mélanger ce qui est légal et moral", a indiqué Damien Castelain.
Pour lui, il s'agit d'une "chasse à l'homme" et toutes ses dépenses sont justifiées. "Mes déplacements à Paris ? Quatre. Quatre en 50 mois de présidence. Vous le savez, je suis le LOSC, je suis allé voir le PSG-Lille", avance Damien Castelain. "On me parle de week-ends ? C'est le mardi, c'est le vendredi, et c'est le dimanche soir, pour aller à l'inauguration de l'U Arena, lorsque l'on a switché la Coupe Davis et France - Japon. Tout est expliqué, tout est légal."
Pourtant, sur le match du LOSC en particulier, il ne s'agissait pas d'un déplacement professionnel selon Médiacités. "Il ne fait que minimiser les faits, comme lorsqu'il dit qu'il est supporter du LOSC et que ça justifie qu'il passe une nuit d'hôtel à 680 euros la nuit, avec une autre personne dans la chambre", répond Jacques Trenteseaux, cofondateur du site d'investigation.
Il explique avoir tardé à répondre car il a pris "quelques jours de congés" et souligne le fait qu'il est "président 17 heures par jour dans mon bureau".
"Il minimise les faits"
Pourtant, ces réponses sont bien loin d'être suffisantes pour Jacques Trenteseaux. "Il y a 15 jours on parlait de pseudo-journalisme, de haine... Là on change de ton. Mais il n'avait pas d'autre solution que de s'exprimer, tout le monde le poussait à la faire. Alors il le fait en minimisant les faits", a répondu le journaliste, faisant référence au ton vindicatif du président de la MEL en ouverture de séance, vendredi.
Damien Castelain est d'ailleurs revenu sur cette intervention, sans retirer ses critiques envers l'enquête du site d'investigation. "J'ai eu une réaction de colère d'un papa qui a été outré que sa fille soit appelée. J'ai eu une réaction subite, peut-être forte, peut-être dans un moment de pression, parce qu'à chaque fois ça tombe le jour d'un conseil de communauté", a précisé le président de la MEL.
"J'ai peut-être été violent, je m'en excuse auprès de votre profession. Mais certainement pas auprès d'eux qui ont été jusqu'à appeler ma fille, me harceler, faire une chasse à l'homme."
Suites judiciaires
Entre temps, Eric Darques, ancien élu connu dans la métropole lilloise pour son combat anti-corruption a porté plainte pour "détournement de fonds publics", et l'association Anticor, spécialisée dans la promotion de l'éthique en politique et la lutte contre la corruption et la fraude fiscale, nous a annoncé son intention de faire un signalement au Procureur de la république de Lille.
Des événements qui ont sans doute quelque peu précipité la prise de parole de Damien Castelain, qui justifie ces dépenses comme étant liées à son statut. "En réalité il pointe une question de fond : le flou généralisé sur les frais de représentation. Mais ce qu'il dit est faux", poursuit Jacques Trenteseaux. "Il est extrêmement rare que des élus se fassent payer des costumes complets...", argue le journaliste, s'appuyant sur un entretien réalisé avec Jacques Ferstenbert, avocat spécialiste en droit public.
Désormais, la polémique se poursuivra sur le plan juridique, sachant que Damien Castelain est déjà inquiété par la justice et mis en examen pour "corruption" et "favoritisme" dans l'affaire dite du Grand Stade. "On ne peut pas préjuger de ses deux mises en examen, mais cela donne quand même des indices qui laissent à penser qu'il a du mal à distinguer sa vie professionnelle de sa vie privée. Ça, c'est un vrai problème pour la démocratie locale", conclut Jacques Trenteseaux.