Une centaine de camions appartenant à des grossistes en boissons de la région mènent une vaste opération escargot autour de Lille depuis ce matin, 6 heures. Ils réclament plus d’aides pour survivre face à la crise économique engendrée par le Covid. La circulation est fortement impactée.
Si vous tentez de rejoindre Lille depuis Valenciennes, Saint-Omer, Hazebrouck ou encore Lens ce jeudi 7 janvier dans la matinée… il faudra prendre votre mal en patience. Car depuis 6 heures, les grossistes en boissons mènent une vaste opération escargot sur les routes menant à Lille.
Quatre départs distincts de camion ont eu lieu aux aurores : depuis Petit-Forêt en passant par Saint-Amand, depuis Lens, depuis Saint-Omer en passant par Hazebrouck et depuis Erquinghem-Lys. Des bouchons sont actuellement signalés sur l'A25 depuis Bailleul, l'A23 depuis Petit-Forêt et l'A21 depuis Lens. Ces ralentissements pourraient durer une bonne partie de la matinée.
"On sait que ça embête les citoyens, malheureusement il n’y a pas 50 000 solutions"
La raison de cette action? "Notre survie", explique très clairement Laurent Pecqueur, à la tête de Sodiboissons, une entreprise basée à Saint-Omer qui emploie d’ordinaire 104 salariés. "Nous avons perdu sur 2020 près de la moitié de notre chiffre d’affaires."
[#Perturbations]
— Police Nationale 59 (@PoliceNat59) January 6, 2021
Jeudi 7 janvier dès 6h, #OpérationEscargot aux abords de #Lille sur les axes autoroutiers.
Anticipez ou différez si possible votre trajet.#Prudence sur les routes.#SécuritéRoutière pic.twitter.com/sCwjh9bN0J
Alors cette opération escargot veut marquer les esprits. "On sait que ça embête les citoyens et c’est vraiment pas notre but, malheureusement il n’y a pas 50 000 solutions." Il a donc fédéré 12 grossistes de la région "habituellement concurrents" pour participer à l’opération - soit près de 100 camions et pas moins de 400 personnes - et délivrer un message "mains dans la mains pour parler d’une même voix."
"On demande d’être aligné sur les mêmes aides que nos clients fermés"
Les grossistes en boissons bénéficient du chômage partiel et des prêts garantis par l’État, mais ils considèrent ces aides insuffisantes. "On demande d’être aligné sur les mêmes aides que nos clients fermés", explique Laurent Pecqueur, à savoir intégrer la catégorie S1 - comme les bars, discothèques ou encore restaurants - afin d’obtenir des aides supplémentaires, notamment l’indemnisation de 20% du chiffre d’affaires mensuel réalisé l’année précédente.
"On a eu énormément d’échanges avec les pouvoirs publics au niveau local, régional et national pour expliquer nos problématiques. Les échanges se sont bien passés en novembre et ils nous avaient laissé entendre qu’on allait entrer dans ces aides. Puis ça a été la douche froide."
Car habituellement, la mission des grossistes en boissons consiste à livrer bières, vins, softs, eau et autres spiritueux aux cafés, restaurants, discothèques ou encore lors d’événements culturels. "Les cafés, c’est 65% de mon chiffre d’affaires, les restaurants 20% et les discothèques 10%", résume le directeur de Sodiboissons. Il conclut. "Il y a une urgence au niveau de la situation de nos entreprises, et par effet domino, pour nos fournisseurs, les bars et les restaurants qu’on livre."
Des opérations escargots qui pourraient se répéter
Cette opération - une première de la part de la profession en France - pourrait être amenée à se répéter si rien ne bouge. "Une opération similaire est prévue le 19 janvier dans toute la France, prévient Laurent Pecqueur. Et si malheureusement ça ne suffisait pas, c’est des opérations qu’on pourrait renouveler chaque semaine, et la mobilisation irait crescendo."
La centaine de camions va se réunir sur le champ de mars à Lille, puis 12 poids-lourds - représentant les 12 grossistes - vont gagner via les rues du centre-ville la place de la République, où les différents chefs d’entreprise vont prendre la parole à tour de rôle. Une délégation devrait être reçue en préfecture à 11h30.