Simon Guermonprez est mort en juillet, percuté par un camion sur l'autoroute près de Lille en ramassant son téléphone. Il rentrait d'une soirée d'intégration alcoolisée. Son père, Daniel, se bat depuis pour faire en sorte qu'un tel drame n'arrive plus à d'autres familles.
Simon, 20 ans, avait la vie devant lui. Elle s'est brutalement arrêtée durant la nuit du 8 au 9 juillet dernier après une soirée d'intégration. "Il a bu environ 8 grosses doses de seringues alcoolisées, versées directement dans la bouche en moins de 2 heures", s'insurge le père de Simon, qui explique son fils n'aimait pas l'alcool.
Quelques semaines après le drame, Daniel Guermonprez est déterminé à faire du décès de son fils un symbole de lutte contre le bizutage et les soirées étudiantes non sécurisées. Pour ce faire, il a décidé de lancer une pétition. Celle-ci vient d'atteindre les 10.000 signatures en l'espace d'une semaine. Une surprise pour le père endeuillé, qui ne s'attendait pas à un tel élan de soutien. "Au début, je n'étais pas partant pour faire une pétition, je n'en avais jamais fait, avoue-t-il. Je n'y croyais pas trop."
Daniel Guermonprez voulait avant tout toucher les députés, à qui il a envoyé une lettre ouverte. Bien que certains lui aient répondu, la majorité est en congé. Les sessions parlementaires ne reprenant pas en septembre. "Plusieurs personnes m'ont conseillé la pétition, alors je me suis lancé."
Le décès de Simon est devenu un combat contre le bizutage
Le décès de Simon est devenu un combat qui dépasse son propre deuil personnel : les témoignages ont afflué par milliers et de nombreux parents lui ont envoyé des messages, "ils ont des enfants et des questions, s'il faut les envoyer à l'université ou pas, comment éviter ce genre de soirées..." Alors, Daniel Guermonprez les conseille et fait un travail de prévention sur les réseaux sociaux pour éviter qu'un autre drame similaire se produise. Ce qui est arrivé à son fils ne doit plus se reproduire.
Mais ce combat n'est pas une vengeance, loin de là. Le père le répète à plusieurs reprises au bout du fil. "Je ne me venge pas des organisateurs actuels, c'est un message de prévention. Je veux que les organisateurs prennent conscience qu'il y a des lois à respecter". En effet, une charte a été mise en place par le ministère de l'Enseignement supérieur il y a trois ans suite au décès d'un étudiant dans des conditions similaires.
Une check-list et une charte pour assurer des soirées sécurisées
"Ce que je dis aux organisateurs, c'est de prendre connaissance des lois et de la charte de bonne conduite existante, il y a un guide très bien fait de 86 pages. Si je les ai lues, ils peuvent le faire, poursuit-il. Il y a 4 pages à signer avec une check-list. S'ils la remplissent, ils iront vers une sécurisation de la soirée."
Car selon ses observations, si la check-list avait été respectée, rien de tout cela ne se serait passée. "Il y a des documents officiels à envoyer, sinon, ce sont des soirées organisées à la sauvage. Quand je regarde la soirée de Simon et la check-list, le lieu, par exemple, n'était pas connu. Il y avait aussi un petit appartement avec 100 personnes." Il souligne également les rituels alcoolisés, "avec les seringues pleines d'alcool qui ne sont pas permises par la loi".
Daniel Guermonprez attend désormais les réactions des parlementaires à partir de septembre et la suite de l'affaire. "Notre avocat va prendre connaissance du dossier, mais ça risque d'être un long chemin" qu'il est prêt à parcourir pour que le décès de Simon serve au moins de leçon et protège d'autres familles d'une pareille tragédie.