Au CHU de Lille, un essai clinique "révolutionnaire" pour lutter contre la maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson, qui touche 22 000 personnes dans les Hauts-de-France, reste encore très difficile à maîtriser et traiter. Les équipes du CHU de Lille mènent actuellement un essai clinique inédit, à base d'injections de dopamine dans le cerveau.

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"Quand on pense à Parkinson, on s'attache beaucoup au constat clinique : les tremblements, les dyskinésies... On oublie une chose : Parkinson, c'est l'envie de vivre qui quitte petit à petit le patient, car c'est la dopamine qui nous tient. Et là, quel effort il faut faire quand il faut négocier, vendre, prendre l'ascendant sur quelqu'un... ça devient fatigant." Ce témoignage, c'est celui d'Eric Feurtet, diagnostiqué de la maladie de Parkinson en 2011. Neuro-dégénérative, Parkison s'attaque au cerveau et détruit une population bien précise de neurones, ceux dits "à dopamine", qui interviennent notamment dans le contrôle des mouvements mais aussi la gestion des émotions. Environ 200 000 personnes en sont atteintes en France, dont 22 000 dans les Hauts-de-France. 

Parkinson, un compagnon incontrôlable 

Jusqu'à présent, les traitements pour soulager les malades sont limités. Une intervention chirurgicale est possible, sous certaines conditions, avec l'implantation d'électrodes dans le cerveau. C'est une opération extrêmement lourde, qui ne fait que freiner la progression de la maladie, et qui doit souvent être tout de même accompagnée d'un traitement médicamenteux. Ce traitement repose actuellement sur la prise orale de Levodopa, en augmentant les doses à mesure que la maladie évolue.

"Celui-ci a une durée d’action limitée et entraîne des complications motrices très invalidantes chez 50 % des patients après 5 ans et chez 80 % des patients après 10 ans. Les patients fluctuent alors sans cesse entre des périodes de surdosage caractérisées notamment par des mouvements incontrôlés, des périodes de bon contrôle et des périodes de sous dosages avec la résurgence des signes de la maladie", détaille le CHU de Lille. L'hôpital vient justement de procéder à des essais cliniques pour développer une nouvelle méthode de traitement, qu'elle qualifie de "révolutionnaire". 

En collaboration avec la startup InBrain Pharma, l'université de Lille et le laboratoire de neurosciences de l'Inserm Lille, le CHU développe et teste un équipement et une méthode qui permettraient "d'injecter directement dans le cerveau la dopamine manquante chez les malades"

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Eric Feurtet, atteint de la maladie de Parkison, fait partie de l'essai clinique du CHU de Lille. ©Martin Vanlaton / France Télévisions

"D'excellents résultats" pour la nouvelle méthode du CHU 

David Devos, co-fondateur d'InBrain Pharma, docteur en neurosciences et professeur en médecine au CHU, détaille le processus dans un communiqué. "Les malades manquant de dopamine, le traitement idéal serait d’apporter directement celle-ci jusqu’à leur cerveau. Cependant, la dopamine est une molécule fragile, qui s’oxyde et se dégrade très vite à l’air libre. Aussi, nous avons eu l’idée de développer son administration [sans oxygène] et en intracérébral, aux patients atteints de la maladie de Parkinson au stade de complications du traitement oral." Appelé DIVE, le traitement a été développé "sur le modèle de l'administration en continu d’insuline chez les patients diabétiques."

L'essai clinique est toujours en cours, et devra encore passer par une deuxième phase de plus grande envergure avant l'autorisation de mise sur le marché. Mais les premiers résultats sont jugés prometteurs par les équipes du CHU, avec une réduction de moitié des effets du surdosage médicamenteux, au moins. "Notre essai clinique a démontré d’excellents résultats pour nos patients sur la faisabilité, la sécurité et l’effet clinique sur le contrôle du handicap", se félicite la Pr Caroline Moreau du CHU de Lille, co-fondatrice de InBrain Pharma. 

Eric Feurtet a été opéré en janvier, et porte désormais une pompe chargée de lui envoyer de la dopamine dans le cerveau tout au long de la journée. "Petit à petit, je baissais mes doses orales, mais que je ressentais un bien-être que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps. J'ai senti que je reprenais le contrôle de tout mon corps, et de mon élocution. (...) Mes proches m'ont revu pour la première fois depuis 7 mois, on a fait le gâteau pascal ensemble ce dimanche, et ils ont pleuré à nouveau. Mais de joie."

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