Baccalauréat 2024. "J'ai appliqué la méthode voyou", les trucs des élèves qui ont affronté l'épreuve de philo

Plus de 45 000 candidats ont planché sur l'épreuve de philosophie du baccalauréat ce mardi 18 juin 2024 dans les Hauts-de-France, dont environ 250 au lycée Kernanec de Marcq-en-Baroeul. Impossible pour eux d'estimer leurs copies, "tout dépendra du correcteur". Citations, références insolites, méthode voyou, découvrez les réactions des élèves à la sortie de l'examen.

"La philosophie, c'est vraiment essentiel pour notre vie future !", lance Léonard, 17 ans, déclenchant l'hilarité de ses camarades. Ils sont des dizaines d'élèves devant la grille du lycée Kernanec de Marcq-en-Baroeul ce mardi 18 juin 2024, sortis au bout de trois heures d'épreuve de philosophie, à comparer leurs idées et leurs brouillons. Comme plus de 45 000 candidats des Hauts-de-France, ils ont dû plancher sur l'un des trois sujets imposés, appliquant parfois ce qu'ils appellent la "méthode voyou".

Maxence s'est dépêché de conclure que l'État nous apportait beaucoup mais que non, il ne nous devait rien. "On n'a pas le droit de sortir pendant la dernière demi-heure d'épreuve, sourit-il, du coup je me suis speedé pour sortir à 11h30. Mais ça va, je pense m'en être bien tiré. J'ai cité Emmanuel Kant, Thomas Hobbes, et François Fillon fait partie de ma copie."

Et d'expliquer - plus ou moins clairement : "Karl Marx dit que l'État est au service de la bourgeoisie, et la justice avantage les riches... Dans l'affaire Penelope Fillon, la justice de l'État n'a pas été impartiale." Éclats de rire autour de lui, interrompus par l'arrivée triomphale de Benjamin : "J'ai fait sept pages les gars, je suis choqué !"

Pour certains d'entre eux, le nombre de pages rendues est en effet un critère de réussite. Pas moins de trois, mais pas trois copies doubles non plus. Comme Benjamin, ils sont nombreux à avoir choisi la première thématique : "La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?" Léonard a cité Descartes et son fameux : "Je pense, donc je suis.". Tom raconte à ses amis sceptiques qu'il a fait un premier paragraphe sur les mathématiques, un deuxième sur la physique et un troisième sur les SVT.

Louise, qui rêvait d'un sujet sur le bonheur, a décidé d'en parler quand même et Clément a appliqué ce qu'il appelle la méthode voyou. "Le principe, détaille-t-il, c'est d'apprendre plusieurs références philosophiques aléatoires et variées, des théories, des citations, des exemples... Le but ensuite c'est, peu importe le sujet, de trouver un lien. J'avais appris douze notions, j'en ai placé six. Je suis content de moi."

Pour cette bande d'amis, l'épreuve de philosophie n'est pas celle qui compte le plus. "Je fais des sciences à côté, raconte Alexandre, des maths et de la physique. La philo, je m'en fiche un peu. C'est coefficient 8 alors que les spécialités, c'est coeff 16." Et Léonard de renchérir : "Il n'y a que les gens qui font spécialité philo que ça intéresse..."

Justement, Gabrielle enchaîne ce mercredi 19 juin, avec une nouvelle épreuve de philosophie, cette fois coefficient 16. Elle espère un thème autour de la sensibilité ou de l'éducation. Pour aujourd'hui, elle s'avoue déçue. "J'avais prié pour que ça ne tombe pas sur la science ni sur l'État... Perdu. Je suis déçue parce qu'on nous conseille toujours de prendre la dissertation, c'est mieux vu mais là, je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre le commentaire de texte sur la condition ouvrière."

"Heureusement, se rassure-t-elle, j'avais regardé une vidéo sur la méthodologie sur internet. Notre prof ne nous avait pas enseigné la méthode, il voulait absolument qu'on fasse une dissertation..." Même son de cloche du côté de Sarah qui, elle, a répondu à la question "L'État nous doit-il quelque chose ?" et qui est plutôt sereine. "Déjà, je marque des points en ayant pris la dissertation. Ça montre qu'on a des connaissances."

"J'ai parlé des régimes totalitaires, précise-t-elle, de 1984 et du film d'horreur American Nightmare. C'est important pour moi de citer des musiques de rap, des films, et de ne pas se référer uniquement aux classiques. Après, c'est un risque à prendre, parce que ça dépend sur quel correcteur on va tomber."

C'est de la philosophie, donc c'est impossible d'estimer nos notes, ça dépendra du correcteur.

Léa

Elève de Terminale au lycée Kernanec

Pour ça, ils sont unanimes. Impossible pour eux d'évaluer leurs copies et de se prononcer sur une fourchette de notes. Agathe espère que le correcteur ne verra pas un hors sujet dans sa dissertation sur l'État. "J'avais plus révisé la justice, alors j'ai décalé la problématique pour pouvoir parler de ce que je connaissais. J'ai choisi mon sujet, quoi. Maintenant, ça dépendra si le correcteur est gentil ou pas..."

Léa est bien d'accord, tout dépendra du relecteur. "C'est de la philosophie, donc ne peut vraiment pas savoir. Au premier bac blanc, j'avais eu 9 et au suivant, 17." Les élèves ont tout de même déjà commencé à consulter les corrections-type, qui fleurissent déjà sur internet.

En tout cas, leur professeur, lui, pense qu'ils avaient les clés pour réussir et fait le service après-vente sur l'ENT : "SAV : vous pouviez avoir 20/20 avec le cours.", écrit-il, en ajoutant une correction au premier sujet sur la science. Résultats le 8 juillet. En attendant, les lycéens révisent pour leurs épreuves de spécialité.

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