Braderie de Lille 2017 : la renaissance en demi-teinte d'une fête "plus ciblée"

"Moins de vie" pour les uns, une fête qui retrouve "son âme" pour d'autres : si nombre d'habitués de la Grande braderie de Lille étaient un peu moroses samedi, un an après l'annulation de l'édition 2016, les visiteurs étaient au rendez-vous malgré la menace terroriste.

Deux ans sans cette immense fête populaire, Lille attendait avec impatience la renaissance de ce plus grand marché aux puces d'Europe, après l'annulation de la braderie 2016 consécutive à l'attentat jihadiste du 14 juillet à Nice. La joie n'en est que plus grande pour beaucoup.

"C'est la tradition! Je viens à la braderie depuis toujours, c'est une parenthèse entre les vacances et la rentrée", confie Nathalie, psychologue de 56 ans, venue rue de Béthune, grande artère commerçante, profiter des prix bas avec son fils Arthur. "Je suis très fière de ma ville" qui renoue avec la fête, ajoute-t-elle. "Même si, on ne va pas se mentir, on est tous parasités par cette menace d'attentat".



Avec le préfet du Nord, la Ville de Lille et son maire Martine Aubry (PS) ont mis "tous les moyens" pour faire revenir la braderie. Le format est plus resserré et sécurisé que les éditions précédentes, qui avaient attiré jusqu'à 2,5 millions de visiteurs: périmètre réduit de 10%, création de points d'entrée avec contrôles aléatoires, pose d'un millier de blocs de béton pour prévenir le risque de voiture-bélier, mobilisation de 3.600 policiers, gendarmes et douaniers...



La crainte d'une braderie moins folle, plus aseptisée, se confirmait chez certains. "Il y a beaucoup moins de monde, normalement à cette heure-ci on commence à avoir du mal à circuler", témoigne Antoine, architecte de 28 ans, en finissant d'installer des jeans d'occasion sur son stand, près de la Grand-Place. "Et puis il n'y a plus les food-trucks (camions-restaurants), par exemple cette énorme crêperie, là à l'angle, qui mettait l'ambiance", poursuit-il. "Il n'y a pas tellement de bradeux!", s'exclame un passant au coeur du Vieux-Lille. "C'est vrai que d'habitude il n'y a plus de place sur le trottoir", se souvient Vanina, dentiste de 42 ans qui tient un stand un peu isolé.


Plus lilloise et conviviale


Du côté de l'esplanade, l'un des secteurs les plus prisés, les brocanteurs faisaient grise mine. "Il manque un truc, jamais je n'avais vu des trous entre les stands!", s'exclame Régis, après avoir cédé pour 10 euros deux vieilles machines à écrire à des adolescents bricoleurs. "La braderie est morte. Martine Aubry ose dire que le périmètre n'est réduit que de 10% mais c'est beaucoup plus", tempête Philippe, chineur devant l'éternel et Lillois pur jus. "D'habitude boulevard de la Liberté il y a quatre rangées d'étals, là plus que deux. Les étrangers qui voient ça, je comprendrais qu'ils ne reviennent pas".

Pour autant, après un début poussif, à partir de 11h la magie commençait à opérer : jeunes et vieux, en bande ou en couple, Français et Néerlandais, Belges et Anglais se mêlaient en un joyeux brassage dont la braderie s'est fait une spécialité. "C'est quand même incroyable, toutes ces nationalités, toutes ces affaires à faire", savoure Antoine, juriste de 29 ans, arrivé de Paris avec sa famille.

Comme lui, de nombreux chalands soulignent le bon équilibre trouvé par les forces de l'ordre, à la fois rassurantes et discrètes. L'interdiction des vendeurs ambulants a aussi fait du bien : "La braderie était devenue tout et n'importe quoi, on voyait trop de profiteurs venus vendre leur camelote", se félicite Valérie Senave, 51 ans, patronne de la boutique "Nostalgie" dans le Vieux-Lille. "Le fait d'avoir fait une braderie plus ciblée lui a rendu son âme". "C'est grandiose, et bien organisé", s'émerveillent Christine et Yves, 60 et 70 ans, venus de Vendée pour la première fois, avant de farfouiller avec avidité dans les cartons de livres disposés dans la cour de la magnifique Vieille-Bourse datant du XVIIe siècle. Vanina profite : "Il y a moins de monde mais cette nouvelle formule est plus lilloise et conviviale".


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