Comment la ville de Lille veut être exemplaire en matière de sobriété énergétique

Tout au long de la semaine, nous vous proposons de découvrir des initiatives made in Nord Pas-de-Calais en faveur de la sobriété énergétique. Épisode 3 : la ville de Lille espère diminuer sa consommation d'énergie de 7% en une année. On vous explique comment.

Après nos épisodes sur l'éclairage public dans le Douaisis et la gratuité des transports en commun les soirs de match à Valenciennes, nous vous expliquons comment la ville de Lille veut être exemplaire en matière de sobriété énergétique.

Les premières mesures avaient été annoncées en début de semaine : extinction de la mise en lumière des bâtiments publics excepté ceux installés sur la Grand Place et la place de l’Opéra et arrêt des deux fontaines emblématiques.

Lors d’une conférence de presse organisée à la maison de l’habitat durable, la première adjointe de Martine Aubry a présenté le nouveau plan de sobriété de la ville de Lille pour "aller encore plus loin".

Alors que les objectifs de baisse de 10% d’énergie ont été fixés par la Première ministre à l’horizon 2024, le plan lillois devrait permettre une diminution de l’ordre de près de 7% de l’ensemble des consommations annuelles d’énergie de la ville en un an. Soit une économie de plus de 7 millions de kWh équivalent à 1 million d’euros de non-dépenses.

"Quand on a été vertueux par le passé, c’est plus difficile de tenir le cap mais nous relevons le défi", a ironisé Audrey Linkenheld. La première adjointe, en charge de la transition écologique et du développement soutenable, a par ailleurs rappelé que la municipalité n’avait pas attendu les annonces du gouvernement pour appliquer la sobriété énergétique à la collectivité, prenant notamment en exemple l’ambitieux plan lillois pour le climat adopté en 2021.

Nous n’avons pas commencé à réfléchir à la sobriété cet été.

Audrey Linkenheld, première adjointe à la ville de Lille

Pour preuve, la température des bureaux dans les bâtiments municipaux plafonne déjà à 19°C depuis… 14 ans. Depuis 2004, la consommation d’énergie globale de la ville a baissé de 20% et celle de l’éclairage public de moitié. Autre exemple : le carburant, dont les volumes utilisés par la ville ont baissé de 25% au cours des quatre dernières années.

Réduction des températures dans les musées et les équipements sportifs de la ville, action sur les comportements des agents et élus municipaux mais aussi extinction de certaines lumières ou fermeture totale de sites énergivores… Toutes les mesures, préalablement discutées avec les élus de la ville, ont été décidées avec une idée principale en tête : éviter de rogner sur les services publics et, en filigrane, faire en sorte que ces efforts ne se concentrent pas sur les plus fragiles.

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Audrey Linkenheld, première adjointe de Martine Aubry, présente le plan de sobriété de la ville de Lille. ©FTV

La municipalité a par ailleurs indiqué que celles-ci étaient réversibles et adaptables au regard de leur acceptation par les Lillois, principaux concernés.

Réduire les températures partout où cela est possible

C’est le premier levier pour agir concrètement sur la consommation d’énergie, a indiqué Emmanuel Macron : baisser la climatisation et réduire le chauffage à 19°C. À Lille, c’est le cas dans les bâtiments municipaux depuis 2008. La première adjointe l’a par ailleurs rappelé : la température dans les crèches, les écoles et les Ehpad ne sera pas modifiée pour ne pas nuire aux plus fragiles.

Une mesure concerne toutefois les écoles de la ville. Durant les vacances scolaires, seule l’école la moins énergivore de chaque quartier sera ouverte pour accueillir les centres de loisirs. Cela permettra de réduire de près de 1% l’objectif total des baisses d’énergie, soit plus d’un million de kWh économisés et près de 150 000 euros.

Dans les musées de la ville,  la température va être baissée de 1 à 2°C pour atteindre 18°C avec une attention particulière pour ne pas nuire aux œuvres. Economie estimée : 750 000 kWh.

Contrairement à la décision du groupe Vert marine de fermer les piscines, la municipalité maintient l’ouverture des centres aquatiques de la ville tout en adaptant les températures : baisse de 2°C de l’eau et de l’air pour atteindre respectivement 26°C dans le bassin et 24°C dans la salle.

À noter que l’activité bébé nageurs – qui concerne 40 bébés chaque semaine – est suspendue car l’eau doit spécifiquement être chauffée à 30°C lors de ces séances. Les espaces bien-être – spa, sauna - de la piscine Plein Sud sont temporairement fermés. Economie estimée : 800 000 kWh.

Dans les salles de sport de la ville, où la température est actuellement de 14°C, le chauffage sera progressivement coupé à partir de 20 heures. Economie estimée : 720 000 kWh.

La serre équatoriale, trop énergivore, vouée à disparaître

Lorsqu’il est impossible d’adapter la température, la ville a fait un autre choix : couper totalement le chauffage. C’est ce qui va être progressivement mis en place dans la serre équatoriale de 1 200m2, installée dans le jardin des Plantes.

Inaugurée en 1970, elle abrite plus de 200 espèces de plantes exotiques venues des 5 continents : palmiers, bambous, fougères, cactus, bananiers etc. Pour que celles-ci survivent, le climat se doit d’être chaud et humide, comprendre ainsi que le chauffage tourne à plein régime. Au total, faire tourner ce bâtiment municipal représente 1,14% des consommations globales en énergie de la ville. Des dépenses difficiles à justifier dans le cadre du plan de sobriété.

"À un moment donné, il faut faire des choix, assume Audrey Linkenheld. Nous avons décidé d’étudier le fait de couper le chauffage dans la serre, ce qui suppose de déplacer des plantes. Nous avons déjà pris des contacts avec d’autres jardins botaniques en France". Stopper les chauffages dans la serre permettrait une économie non-négligeable d’1,2 millions de kWh, soit 225 000 euros.

La mairie assure toutefois que le bâtiment de 8 mètres de haut, signé par l’architecte "brutaliste" Jean-Pierre Secq, ne sera pas détruit mais qu’il changera par la suite d’utilité. "On se dit que c’est plus raisonnable d’essayer de ne plus en faire une serre", conclut la première adjointe.

Un symbole parmi tant d’autres des choix auxquels la municipalité est confrontée pour devenir plus sobre. Autre exemple : la patinoire éphémère installée à la gare Saint-Sauveur lors de l’événement Lille neige va être remplacée cette année par d’autres activités "plus sobres".

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