La diffusion du variant Omicron se confirme dans le territoire lillois. Après les rassemblements de la semaine, et avant la rentrée de lundi, beaucoup se sont retrouvés en demande d'un test. Le professeur Amouyel évoque une semaine "charnière" concernant l'épidémie.
Après deux semaines de fêtes pour ceux qui n'ont pas été touchés de près ou de loin par l'épidémie, de nombreux habitants de la région vont reprendre une activité professionnelle plus soutenue, et les enfants vont retourner à l'école, ce lundi 4 janvier.
Et en conséquence, beaucoup sont allés se faire tester ce week-end à Lille en témoignent les longues files d'attente devant les laboratoires. Ceux qui les constituaient affirment notamment faire tester leurs enfants "avant la reprise de la crèche et de l'école", ou "parce que l'établissement ne les laisserait pas rentrer sans un test PCR négatif". "Nous souhaitons commencer l'année sur le bon pied et s'assurer de ne pas transmettre le virus à nos collègues", expliquaient deux jeunes femmes rencontrées devant un laboratoire d'analyse médicale du groupe Biopath dans le quartier de Wazemmes, à Lille.
Ces images sont aussi explicables par le peu de laboratoires ouverts ce week-end. Nicolas Châtelain, biologiste et co-dirigeant de Biopath, indique que ceux de son groupe sont les seuls à être ouverts dans la région lilloise et que ses équipes en subissent le report d'activité : "l'affluence aujourd'hui, c'est un peu de la folie. On s'adapte pour absorber la file d'attente : 10 préleveurs sont présents." Dans le centre de Wazemmes, des personnes normalement dédiées à la vaccination sont venues aider pour réaliser des tests.
Environ 25 000 par jour sont réalisés en ce moment dans les Hauts-de-France par ses laboratoires, 10 000 en ne comptant que la région lilloise. Des chiffres qui le poussent à évoquer "une situation exceptionnelle avec une affluence semblable à celle de la deuxième vague de l'épidémie".
Le taux d'incidence supérieur à 1 000 dans le Nord
Les taux d'incidence (le nombre de cas de Covid pour 100 000 habitants) ont, eux, atteint un niveau jamais recensé depuis le début des mesures dans le Nord Pas-de-Calais. En une semaine, ils sont passés de 553 à plus de 1 000 dans le Nord et de 316 à 657 dans le Pas-de-Calais.
Pour éviter de venir remplir la file d'attente des centres de tests, le professeur lillois de santé publique Philippe Amouyel recommande le maintient des gestes barrières en plus de la vaccination contre le Covid-19 : "le port du masque, le télétravail et l'aération des pièces restent toujours des outils pour se préserver de l'épidémie".
Il concède néanmoins que "la maîtrise de l'épidémie est très difficile car le variant Omicron est extrêmement transmissible". "Avec environ 200 000 contaminations par jour pendant une semaine sur l'ensemble de la France, nous approchons du million de cas positifs. Avec 5 à 10 contacts par personne, ce sont pratiquement 5 à 10 millions de Français cas contact", calcule-t-il.
Devant l'importance de ce chiffre, le professeur lillois rappelle ce qui a été annoncé par le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce dimanche : "le gouvernement a décidé alléger les mesures d'isolement".
Désormais si vous êtes cas contact et vacciné, il n'est plus nécessaire de s'isoler automatiquement. Il faut en revanche faire trois tests : après le contact, à J+2 et J+4. Si un de celui-ci est positif un isolement de 5 jours est requis. Pour les non-vaccinés cas contact, il est obligatoire de rester chez soi pendant sept jours.
Dernière vague et quatrième dose
Si Omicron a bien été identifié comme très contagieux, en revanche, son impact sur l'hôpital serait moins important : "il provoque moins d'hospitalisation que Delta et pour ceux qui ont un schéma vaccinal à 3 doses, la protection contre une forme grave de Covid est large".
Ce même constat a fait dire à Olivier Véran que la vague de ce variant "est peut-être la dernière" dans une interview publiée dans le JDD. Philippe Amouyel préfère regarder à plus court terme : "la semaine qui s'annonce va être charnière : si nous arrivons à baisser de 20% nos contacts, nous éviterons probablement une surcharge de l'hôpital".
Et pour éviter la saturation de l'hôpital faudra-t-il aussi, à l'avenir, s'injecter une quatrième dose de vaccin ? "Pour l'instant, nous voyons que l'immunité diminuerait au bout d'une dizaine de semaines après la troisième dose. Mais nous ne sommes pas absolument certains de la nécessité d'une quatrième dose. Israël, qui devait la faire, l'a finalement limitée aux immunodéprimé", conclut le professeur.