Alors que le taux d'incidence a doublé dans le Nord en une semaine, les patients atteints de Covid-19 et hospitalisés au CHU de Lille sont plus jeunes et non-vaccinés. À ce jour, 60,5% des habitants du département ont reçu au moins une dose de vaccin.
Dans le service des maladies infectieuses du CHU de Lille. Depuis une semaine, le rythme s’intensifie avec le retour des patients atteints par le Covid-19.
"Ça fait maintenant 7 jours qu’on enregistre beaucoup plus d’entrées pour motif d’infection au SARS-COV-2, confirme Emmanuel Faure, chef de clinique dans ce service. Ici, on avait un secteur dédié aux patients Covid de 3 lits. On est monté à 5, puis 7, et on s’apprête à ouvrir 10 lits très prochainement. On a doublé notre nombre de patients en une semaine".
"Aujourd’hui, je peux vous dire que je regrette de ne pas m’être fait vacciner"
Parmi eux, Leïla Kacer, admise vendredi 23 juillet suite à une contamination au variant Delta dans le cercle familial détectée trois jours plus tôt. "Tout est allé très vite, on est tous tombés comme des mouches dans ma famille. Je me suis sentie essoufflée d’un coup et j’ai appelé le SAMU qui m’a amené ici". Après avoir eu "très peur de se retrouver en réa", elle récupère doucement et respire grâce à l’oxygène qu’elle reçoit. Ses deux poumons ont été atteints et l’infection est jugée sévère.
Contrairement à son mari, cette infirmière de 40 ans sans aucun antécédent médical n’est pas encore vaccinée. Elle n’y est pas opposée, mais préférait attendre. "Mon conjoint est tombé malade et a eu de la température mais n’a pas eu les complications que j’ai eu. Moi, j’étais vraiment KO. Je ne pouvais pas me lever, je ne pouvais pas m’occuper de mes enfants. Prendre ma douche, c’était un supplice", raconte-t-elle, difficilement. "Aujourd’hui, je peux vous dire que je regrette de ne pas m’être fait vacciner".
La seule protection n’est pas de compter sur sa bonne étoile, de se dire qu’on est jeune et que tout va bien, c’est surtout d’aller se faire vacciner.
Un profil représentatif des patients hospitalisés ces derniers jours : plus jeunes, sans pathologies… et non-vaccinés. "97% de nos malades hospitalisés, peu importe l’âge, peu importe les comorbidités, sont des gens non-vaccinés", explique Emmanuel Faure, chef du service. La moyenne d’âge s’élève ici à 44 ans. "Peu importe son âge, on peut faire une infection grave. Ça se voit, et ça se voit encore plus maintenant puisque le pourcentage de jeunes vaccinés est moins important que le pourcentage de personnes plus âgées vaccinées. La seule protection n’est pas de compter sur sa bonne étoile, de se dire qu’on est jeune et que tout va bien, c’est surtout d’aller se faire vacciner".
Pr M. Lambert, resp. Unités Covid au CHU de Lille est intervenu sur @F3nord sur la hausse des cas en @hautsdefrance et une possible #4emevague
— CHU de Lille (@CHU_Lille) July 28, 2021
? "on peut attraper le #covid19 en ayant fait le vaccin, mais on est à peu près certain de ne pas aller en réa si on a été vaccinés" pic.twitter.com/OxFtdl99F5
"On sait qu’il n’y a pas de patients vaccinés qui arrivent en réanimation"
Même constat dans le service de réanimation voisin. Pour l’heure, le nombre de lits occupés par des patients Covid est stable. Mais le personnel craint une quatrième vague au retour des vacances.
"Le taux d’incidence n’est pas trop élevé dans le Nord mais plutôt dans le Sud, analyse Khadija El-Dahhab, aide-soignante dans le service. Et c’est ça qui nous fait peur : on se dit que les vacanciers vont remonter et on a peur que ça flambe à ce moment-là".
Pour les patients qui s’en sortent, ils nous disent tous qu’ils regrettent de ne pas avoir pris le temps de se faire vacciner.
Pourtant, malgré la fatigue et le stress, Khadija Ed-Dahhab l’assure : elle et ses collègues seront présents pour assurer les soins nécessaires si quatrième vague il y a.
"On n’est ni la pour juger, ni pour blâmer les non-vaccinés, assure Erika Decrucq-Parmentier, médecin réanimateur au CHU de Lille. Mais on sait qu’il n’y a pas de patients vaccinés qui arrivent en réanimation… alors on se dit que c’est évitable. Pour les patients qui s’en sortent, ils nous disent tous qu’ils regrettent de ne pas avoir pris le temps de se faire vacciner".