Thierry Mabille, 55 ans, a été infecté par le variant sud-africain du Covid-19. Une expérience difficile pour lui qu'il a décidé de relater pour inciter ses concitoyens à prendre au sérieux la pandémie et aller se faire vacciner. Témoignage.
Thierry, 55 ans, habitant de La Madeleine (Nord) a eu le Covid-19 et aurait pu mourir. Heureux miraculé, il a voulu partager son histoire pour sensibiliser le plus grand nombre à la gravité de la pandémie et l'importance de la vaccination. "J'ai attrapé le Covid en déplacement, fin mars. J'étais fatigué, j'ai fait un test PCR et on m'avait dit que j'avais le variant sud-africain." Il s'isole alors chez lui pendant dix jours, pensant que la maladie va passer, mais il se sent faiblir "tous les jours".
Finalement, il doit être hospitalisé. "A l'hôpital, les infirmiers me disent que j'ai 40 degrés de température et que j'avais une montée du Covid en direct", se rappelle-t-il. Il se retrouve alors en soins d'urgence. Tout d'un coup, il devient le centre de l'attention des soignants. "Ils ont dit à leurs collègues qu'il y avait une urgence dans la pièce, tout le monde est arrivé, ils m'ont mis de l'oxygène, un appareil pour détecter l'oxygénation et un scanner car j'avais un risque d'embolie des poumons."
Ils ont dit à leurs collègues qu'il y avait une urgence dans la pièce, tout le monde est arrivé, ils m'ont mis de l'oxygène, un appareil pour détecter l'oxygénation et un scanner car j'avais un risque d'embolie des poumons.
Le Nordiste n'est malheureusement pas le seul dans ce cas. Fin mars, la troisième vague frappe de plein fouet la France, et les Hauts-de-France n'y échappent pas. Entre le 20 et le 31 mars 2021, près de 400 personnes décèdent du Covid-19 dans la région, qui entrent à la même période dans un confinement dû à la flambée épidémique. Près de 3500 personnes sont hospitalisées, dont 600 en réanimation au 28 mars, par exemple, selon les données de l'Agence régionale de santé des Hauts-de-France.
Début avril, le président la République, Emmanuel Macron, annonce un nouveau confinement, alors que les chiffres d'hospitalisation et de décès atteignent des records, jamais dépassés lors des deux premières vagues dans la région.
"J'étais très proche d'une situation critique"
Thierry Mabille ne s'y attend pas. Son état s'est dégradé. Pourtant, depuis le début de la pandémie, il a toujours fait attention à respecter les gestes barrières et la distanciation sociale. Il n'était pas une personne à risque et mise à part un léger surpoids, ne présentait pas de comorbidité. "Au bout de deux heures, ils m'ont dit que ça avait l'air d'être stable. J'étais dans une chambre, épuisé."
Mais le plus marquant, c'est qu'il a failli atteindre un stade encore plus critique. "Le pneumologue m'a dit que j'étais infecté à 40%. A 50%, c'est difficile pour le corps médical de contrôler l'oxygène dans le sang. Le coeur s'emballe, et on peut finir sur un AVC ou une crise cardiaque. J'étais très proche d'une situation critique. J'aurais pu y passer. "
Le pneumologue m'a dit que j'étais infecté à 40%. A 50%, c'est difficile pour le corps médical de contrôler l'oxygène dans le sang. Le coeur s'emballe, et on peut finir sur un AVC ou une crise cardiaque. J'étais très proche d'une situation critique. J'aurais pu y passer.
Thierry est également frappé par le nombre de personnes qui décèdent autour de lui. Sa chambre est située face à la salle de pause des infirmiers. Il se retrouve, malgré lui, aux premières loges de la pandémie. "J'entendais tout. Ils disaient régulièrement qu'il y avait un avis de décès à telle chambre. C'était un moment difficile pour moi."
Il apprend par la même occasion qu'il a causé la contamination de plusieurs personnes. "J'avais fait un cluster de 7 personnes, dont 4 d'entre elles étaient à l'hôpital. Donc là, j'étais pas bien du tout. La nuit, je faisais des cauchemars où j'allais à l'enterrement des gens que j'avais contaminés." Il se sent coupable, alors qu'ils étaient "en déjeuner à six, mais on était distancé et on faisait difficile."
La nuit, je faisais des cauchemars où j'allais à l'enterrement des gens que j'avais contaminés.
"Se vacciner pour se protéger et protéger ses proches"
Pendant trois jours, il est "un peu inconscient" puis doucement, "au bout de 5-6 jours, on m'a enlevé l'oxygène. Au bout de 8 jours, j'ai pu quitter l'hôpital." En tout, il restera 18 jours malade, dont une bonne partie hospitalisé. Son état de santé lui ouvre les yeux sur la pandémie et la situaton vaccinale.
"Il y a un enjeu très important avec la vaccination, ça nous évite de nous contaminer. Ce serait triste d'être responsable de la mort de gens de sa famille, de ses amis ou de ses collègues au bureau", poursuit-il. Même si la vaccination ne permet pas à 100% d'être protégé, il espère au maximum que les Français se vaccinent "pour se protéger ses proches. Là, actuellement, il y a des personnes sur les réseaux sociaux et internet qui sont contre le vaccin mais qui ne se rendent pas compte. C'est pour ça que je témoigne."
Là, actuellement, il y a des personnes sur les réseaux sociaux et internet qui sont contre le vaccin mais qui ne se rendent pas compte. C'est pour ça que je témoigne.
Depuis le début de la campagne vaccinale, 2.813.165 ont été complètement vaccinées et 3.395.696 ont reçu au moins une dose dans les Hauts-de-France. Alors qu'elle était balbutiante au départ, elle a connu une hausse à partir du mois de mars 2021. Insuffisant pour Emmanuel Macron. Dans le contexte du variant delta qui se propage à une vitesse fulgurante, de nouvelles mesures ont été prises. Parmi elles, la mise en place d'un pass sanitaire obligatoire pour accéder à certains lieux accueillant du public. Une décision décriée à l'occasion de plusieurs manifestations, certains y voyant une future loi "liberticide". Les autorités, elles, espèrent qu'elle sera en mesure de freiner la flambée épidémique actuelle. Thierry Mabille, de son côté, attend avec impatience le mois de septembre pour pouvoir se faire vacciner.