Covid-19 : un vaccin de deuxième génération est nécessaire pour le Professeur Philippe Froguel de Lille

Alors que le nombre de cas continue d’augmenter en France, Philippe Froguel, médecin, enseignant-chercheur au CHU de Lille et professeur à l’Impérial College de Londres nous livre ses réflexions sur l’épidémie et son évolution dans les prochains mois.

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Pic ou pas pic, où en est l’épidémie en France ? 

Moi je pense que ça va continuer à augmenter ou à stagner autour de 500 000 cas.

À Paris, on est aujourd’hui au pic de l’épidémie chez les jeunes et ça commence même à baisser. Mais Omicron va diffuser dans les autres tranches d’âge.

Paris a 15 jours de retard par rapport à Londres sur l’épidémie. Mais la capitale, ce n’est pas l’ensemble de la France. En province, on a plutôt trois à quatre semaines de retard par rapport à nos amis Anglais. La situation ressemblerait plutôt à ce qui se passe en Allemagne, avec de très fortes disparités régionales. 

Quand Santé Publique France dit qu’il y a 90 % de variant Omicron dans toutes les régions, je n’y crois pas. D’ailleurs je n’ai jamais pu obtenir les proportions de Delta et d’Omicron dans les hôpitaux de la région.

Quelles perspectives dans les mois qui viennent ?

Le tiers ou la moitié de l’Europe va être infecté par Omicron. Mais comme beaucoup d’Européens sont vaccinés, on va s’en sortir, sauf si un nouveau variant encore plus dangereux émerge. En février, le nombre de cas va baisser. Et tout le monde aura oublié la pandémie au mois de mars.

Mais pour le conseil scientifique anglais, Omicron n’a peut-être pas dit son dernier mot. Il pourrait revenir à la fin du printemps, parce que les anticorps produits par les vaccins de première génération contre le variant Omicron risquent d’avoir une courte durée de vie. Et on ne sait toujours pas si les gens immunisés par Omicron ne peuvent pas l’attraper à nouveau quelques mois après. Pour les Anglais, c’est possible. Si c’était le cas, la situation serait moins grave de toute façon, parce qu’on vivra surtout dehors.

Quatrième dose, vaccin de deuxième génération, que faut-il attendre dans les prochains mois ?

La vraie question aujourd’hui, c’est celle de l’immunité cellulaire. Une étude, publiée par l’Imperial Collège de Londres, vient de montrer que lorsqu’on a attrapé un rhume, un cold en anglais, avec un autre coronavirus, on est protégé contre le Covid. Une protection qui n’est pas liée aux lymphocytes T qui reconnaissent la protéine Spike du Covid, mais qui concerne le reste de la molécule Covid. Les vaccins actuels ne sont pas efficaces à long terme, il n’y a pas d’immunité cellulaire de longue durée. Il faut arrêter ces vaccins-là et produire des vaccins de deuxième génération. Avec un spectre plus large. 

On parle d’un vaccin de l’armée américaine qui ferait ce genre de choses. On prétend que Pfizer travaille sur deux vaccins. L’un serait une réédition du premier vaccin, relooké Omicron, qui me semble déjà totalement inutile, parce qu’il va arriver au moment où on n’en aura plus besoin. On a besoin d’un vaccin beaucoup plus large qui entraîne une protection à long terme.

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